24-07-2023

Le sens du collectif peut être considéré comme un thème majeur dans le champs des addictions, plus particulièrement à notre époque de modernité tardive. Jamais le lien social n’aura été à ce point malmené. Les mesures rattachées au confinement ont été le plus récent avatar du délitement des relations sociales. Un nouveau terme est apparu pour désigner un mode de communication virtuelle, celui d’allocutaire. Les allocutaires « sont censés entendre, comprendre, sans pour autant parler en retour » (Voir La parole Toxique, de Monique Atlan et Roger-Pol Droit). Récemment, nous avons eu l’occasion d’échanger de la sorte avec la représentante du Conseil de Région pour associer cette collectivité à notre souci de transmission. Je me suis surpris à ne pas la regarder, pas plus qu’elle ne me regardait pendant notre échange. Son propos ne répondait pas à mes questions. Elle ne manquait pas de relever elle-même cette anomalie, tout en continuant d’expliquer ce que faisait la Région, indépendamment de la problématique des addictions. J’ai eu ainsi la démonstration de la position d’allocutaire.

Mon statut d’adhérent-supporter du Stade toulousain prête à sourire. Pourtant, comme je le mentionne dans « ce que nous apprennent les addictions », j’explique les raisons bienfaisantes de ce qui s’apparente à une croyance identitaire. L’analogie avec notre pratique en alcoologie est parfaite. Une équipe a besoin d’un entraîneur et d’un collectif d’organisation. Les joueurs, en raison de leurs différences, constituent une équipe opérationnelle. L’état d’esprit est essentiel. Le collectif permet à chaque individualité de s’exprimer et, réciproquement, chaque individualité assure la force du collectif. Le plaisir partagé est une des raisons d’être du groupe. La solidarité et l’absence de jugement ne manquent pas de se manifester lorsqu’un des joueurs commet une erreur, attitude qui peut avoir pour effet de le transcender. Les supporters sont à l’image de l’équipe. Il en est des gros, des petits, des jeunes, des moins jeunes et des vieux. Un point commun : ils payent leur cotisation !

Le sens du collectif n’efface pas les difficultés individuelles. Il les tempère et les soulage. Le sens du collectif est représentatif de l’intérêt général. Il se distingue de façon caricaturale avec les valeurs de la société néolibérale et, plus généralement, de toute « méga-machine » comme l’illustre si bien les bureaucraties « Mammouth ». Que celles-ci soient devenues inaccessibles par l’effet de la distanciation numérique renforce le sentiment d’impuissance et de solitude des individus. Nous pouvons trouver dans cette réalité des raisons de faire vivre le sens du collectif à notre échelle relationnelle.

Il va de soi que le sens du collectif n’a rien à voir avec les partis-pris catégoriels, qu’il s’agisse de famille, de profession, de groupe religieux, politiques, identitaires ou pseudo-identitaires comme par exemple les « jeunes » ou les « anciens ». Le sens du collectif se distingue des cloisonnements et des murs. Il est à la fois limite et trait d’union.

 

Quelles sont pour vous les applications possibles du sens du collectif rapporté à votre problématique addictive ?