21-08-2023

La famille suscite des opinions contrastées. Elle est portée aux nues par les uns (« la Sainte famille »), vouée aux gémonies par d’autres (André Gide). On distingue la famille d’origine, la famille constituée, avec la variable des familles recomposées. Se rajoutent les familles d’appartenance, avec les cousinades. Nous ajoutons, pour notre part, la famille invisible (dernier paragraphe du chapitre 5 de Ce que nous apprennent les addictions).

À l’exception de cette dernière, l’entretien d’histoire permet de caractériser à grands traits les configurations familiales. Les psychothérapies individuelles permettent de clarifier les relations individuelles, avec leurs impacts et leurs vécus. Si besoin, le génogramme permet de partir à la recherche de ses ascendants.

Au moment de la démarche de soin et par la suite, il importe d’évaluer l’état des relations familiales présentes. Ces familles peuvent briller par leur absence. Elles ont pu s’éloigner, individuellement ou collectivement. De même, le sujet peut avoir choisi de s’en éloigner pour limiter les effets préjudiciables de tout ou partie des relations familiales.

La problématique alcoolique favorise différentes configurations familiales avec leur lot de souffrances, de secrets et de souvenirs. La question décisive est d’évaluer l’évolution réciproque du sujet et de ses proches à la période du sans alcool, des retours de l’alcool et du hors alcool. Dans ces périodes de durée indéterminée, les groupes de paroles et l’association qui en assure la pérennité peuvent créer des liens de dialogue et d’authenticité qui permettent de mieux vivre les évolutions favorisées par la mise à l’écart de l’alcool.

Reste la question centrale et déterminante de la famille « invisible ». Celle-ci peut comprendre des personnes bienveillantes, soignantes ou non, amicales, par exemple. De façon plus décisive, le sujet peut préserver son équilibre intérieur en ayant incorporé des figures invisibles par le fait de sa culture (livres, cinéma) complétant des activités à caractère physique ou mental.

Le schéma général souhaitable est de s’éloigner des familles mais également des modes de fonctionnement générateurs de souffrance et d’établir un choix lucide entre les relations qui font du bien et soutiennent plutôt que de subir des groupes, fussent-ils familiaux, sources de déboire.

Les situations ou une personne occupe une position sacrificielle : la mère ou le parent d’un enfant gravement handicapé, les Cendrillon utilisables et dévalorisables à souhait incitent à éviter toute généralisation.

Récemment, nous avons pu découvrir trois films japonais qui contribuent à dessiner les configurations familiales de ce pays, juxtaposant modernité et traditions : La famille Asaka, L’été de Kikujiro, La bête élégante. Cela élargit l’horizon, après I wish, centrée sur l’enfance de deux garçons aux parents séparés. Parmi nos livres d’été à venir : « Séparation conflictuelle des parents » : quel mode de garde pour l’enfant ? » de Maurice Berger.

Qu’en est-il pour vous des relations avec vos familles ?