18-09-2023

 

La honte est une thématique récurrente au sein de notre groupe. Il n’est pas inutile de réexaminer cette notion, alors que nous accueillons une équipe de stagiaires.

La honte se rattache au regard social. Elle est une émotion et plus encore un sentiment réactionnel au regard qui juge, en fonction des stéréotypes de conformité et de morale. Nous avons longtemps adhéré à l’idée que les pervers n’éprouvaient pas de sentiment de culpabilité. Ils ressentaient de la honte quand leurs actions étaient identifiées et dénoncées. Aujourd’hui, ce sont eux qui essaient de faire honte. Ils énoncent la norme.

Quand le poison de la honte s’installe dans un esprit, tout peut devenir source de honte : la pauvreté, l’absence de relation sociale, la situation professionnelle et familiale, les caractéristiques physiques et intellectuelles, l’âge et les échecs rencontrés. La personne touchée par la honte doit supporter, en supplément une avalanches de conseils. Une illustration de cette attitude se retrouve dans un ouvrage récent promettant d’arrêter de boire en cinq étapes. Le lecteur est confronté à une avalanche de conseils, souvent pertinents mais déprimants par leur nombre. À se demander si le livre n’est pas un produit de l’intelligence artificielle.

Faire honte est une arme de dévalorisation de l’autre. Elle peut laisser des traces indélébiles quand elle s’adresse à un individu trop jeune et trop isolé pour résister. Les réseaux sociaux n’ont fait qu’amplifier cette habitude de cours d’école et de famille narcissique.

La honte est portée par l’idéologie dominante. Elle peut obscurcir et entraver toute velléité d’esprit critique et de bon sens. Elle suppose l’absence d’empathie et un contentement agressif de soi. Un titre d’ouvrage comme celui de madame Despentes, Cher connard, célébré par les minorités actives et la Bibliothèque Nationale de France, laisse songeur.

Quoi qu’il en soit, apaiser le sentiment de honte, lui substituer l’esprit critique et la bienveillance font partie des objectifs thérapeutiques prioritaires face à toute les problématiques concernées par la dévalorisation sous toute ses formes.

Êtes-vous aujourd’hui concerné(e) par la honte ?

Pour quelles raisons ?