22-01-2024

 

Il n’y a pas si longtemps, un patient justifiait son retrait de l’accompagnement par son désaccord avec la tonalité politique de la plupart de nos séances de groupe. Il avait, par chance, rencontré un collègue psychiatre qui lui convenait. Je m’en suis réjouis pour lui. Sa réflexion m’a semblée intéressante à discuter.

Je ne partage évidemment pas la croyance en la neutralité intellectuelle et relationnelle d’un praticien ou d’un dispositif de soin. Je serais tenté, au contraire de reprendre une des convictions du mouvement de mai 68 : Tout est politique, en alcoologie.

Pour comprendre ce terme, il est nécessaire d’écarter les étiquettes utilisées pour évoquer des personnages, des partis ou des idées politiques. Le livre bleu ne met en cause aucun individu ou organisation en les cataloguant. En revanche, il dédie plusieurs lignes au « bonheur d’être réac ». Personnellement, j’ai pris les étiquettes « Gauche », « Droite » et autres « Re » en détestation. Notre préoccupation est d’essayer d’analyser les phénomènes psychosociaux et de les comprendre.

Les personnes souffrant d’addiction seraient bien avisées de se soucier de la nature des soins qui leur sont proposés. Elles devraient également se demander pourquoi elles rencontrent de moins en moins de praticiens et d’équipes aptes à répondre à leurs problèmes. Elles seraient bieni inspirées de cesser de se comporter en consommateurs insatisfaits pour comprendre comment un pays encore développé peut se satisfaire d’une évidente dégradation de l’offre d’accompagnement. Il s’agit là de questions purement politiques qui exigent la présence consciente et active de citoyens. Peut-on penser, par exemple, que l’existence d’une association de réflexion et d’entraide et que la participation d’aidants bénévoles relève de la génération spontanée ?

Toute personne concernée par un comportement addictif, et particulièrement quand l’addiction concerne un produit aussi présent que le vin ou les alcools doit une grande partie de son évolution au développement d’une conscience critique donc politique. Autrement, elle n’ira pas plus loin qu’une vie sans alcool, plus ou moins subie.

Qu’est-ce que retrouver la « seigneurie de soi-même » (Goethe) sinon un acte politique refondateur ?

Être de nouveau maître chez soi et être en situation de définir ses priorités n’est-il pas un acte politique ? En est-il autrement du tri entre ses amis, des relations utiles et les personnes à éviter autant que possible ? N’avons-nous pas à être notre chef de gouvernement en veillant au bon fonctionnement de nos différents ministères ?

La conscience politique est ainsi à l’exact opposé de ce qui nous est proposé en termes de politique. Nous avons constamment à apprendre les uns des autres, en évitant d’être dupes de la machine à décerveler et de nos illusions.

Pas de politique politicienne à l’AREA donc, mais, autant que possible une vie guidée par une conscience politique qu’il appartient à chacun d’approfondir et de décliner concrètement.

Que pensez -vous de cette option de politique générale au sein de l’AREA ?