04-03-2024

 

Un patient suivi en ambulatoire propose que nous abordions la question de la maturité. De fait, ce thème n’a jamais été abordé en tant que tel. Il est stimulant d’y réfléchir.

Il est habituellement admis que la maturité s’acquiert avec l’expérience. Il est acquis qu’un enfant devrait disposer des conditions de sécurité et d’apprentissage nécessaires à son évolution. Il a besoin d’amour, de règles comprises, validées par l’exemple, des figures d’autorité dont il dispose. La théorie est une chose... Nous constatons que l’exposition précoce à des expériences non maîtrisées peut déterminer des dérives durables, aux conséquences lourdes. Les offres addictives précoces, alors même que les bases du bon sens, de la raison critique et de la prudence n’ont pas été intégrées, ont pour effet de court-circuiter le processus de maturation. Ce phénomène se constitue progressivement au contact des réalités, par l’acquisition concomitante des connaissances et des principes éthiques qui devraient gouverner nos vies.

Les difficultés du réel, les événements de vie peuvent contribuer à accroitre notre expérience en même temps qu’ils peuvent renforcer nos capacités de résistance et d’adaptation, quand ils ne prennent pas la force de traumas.

Une expression s’est imposée, celle d’adulescent. Elle décrit un comportement qui reste celui d’un adolescent tout au long de la vie. Vieillir est insupportable. Il faut garder les apparences de la jeunesse jusqu’à l’EPAHD.

En définitive, qu’est-ce que la maturité ? Serait-ce d’être revenu de tout, sans être allé nulle-part ? À y réfléchir, est-ce une notion pertinente ? La plupart des enfants sont capables, très tôt de capacités d’observation et d’esprit critique. L’influence des adultes leur fait perdre souvent ces dispositions naturelles. Ils apprennent à penser faux au sein de leurs milieux d’appartenance, qu’il s’agisse des jeunes de leur âge, d’adultes plus ou moins perturbés et souvent immatures, en tout cas peu soucieux de leur transmettre les moyens du discernement nécessaire à une vie maîtrisée. Qu’on le veuille ou non, il existe un lien fort entre la maturité, l’observation, la réflexion, l’acquisition des connaissances critiques et les expérience de vie. Les individus excessivement protégés ou conditionnés ont toutes les chances de rester immatures.

La maturité ne s’obtient pas par un enfermement dans un univers idéologique, quel qu’il soit. Cependant les croyances, religieuses ou profanes, peuvent évoluer tout en apportant une source d’identité, de sécurité et de repères utiles.

Notre société consumériste a besoin d’immatures. Ils sont malléables et manipulables à souhait.

La caractéristique habituelle d’un humain n’est-il pas la dissociation entre une part mature et une part immature de sa personnalité ?

Une autre façon d’aborder cette question serait de tenter de définir l’esprit d’enfance. Que faut-il entendre par esprit d’enfance ? Ne peut-il pas faire bon ménage avec la maturité ?

Pouvons-nous distinguer des traits caractéristiques de l’immaturité ?

Les addictions ont-elles été pour vous un facteur d’empêchement pour gagner en maturité et conserver l’esprit d’enfance ?