14-04-2025
Un grand aidant de l’AREA, aujourd’hui disparu, avait relevé que le groupe discutait de toutes sortes de questions a priori étrangères à ses préoccupations premières – l’alcool et la dépendance – par la conjonction de coordination : et. « Problématique alcoolique et » avec un intitulé qui lui était, a priori, étranger. À cette époque, nous n’avions pas encore clairement conscience de la force des analogies. Nous avons gagné en expérience et en agilité. La période que nous vivons, riche en bruits et fureurs, en menaces de différents ordres, se prête à confronter nos regards sur la problématique alcoolique et sur la géopolitique, afin d’en retirer de possibles leçons pour nos vies.
Il reviendra à chaque membre du groupe de trouver une analogie éclairante. Mais, pourquoi la géopolitique ?
Peut-être, parce que la géopolitique incite à une vision à la fois large et documentée pour ne pas répéter, à la façon des perroquets, ce qui se dit dans les médias ou dans des cercles plus restreints. L’alcoologie nécessite aussi une vision large et documentée, mobilisant différentes sources de savoirs.
La géopolitique nous incite à consulter la mémoire des peuples et des civilisations. L’alcoologie nous invite à nous intéresser à l’histoire du sujet, à ses liens familiaux, et d’où il vient, quelle est sa culture.
La géopolitique nous permet de comprendre que ce nous observons localement n’est, bien souvent, que l’aspect local (ou individuel) d’un phénomène général. Ainsi, un journaliste m’interroge sur la progression spectaculaire, en quelques années, des addictions aux paris sportifs chez les moins de 18 ans. Le phénomène s’inscrit pleinement dans la religion néolibérale (argent et consommation), mais également dans le refus ou l’incapacité à trouver un travail sensé. Il interroge l’absence d’éthique informationnelle des médias mais plus encore l’ambiance sociétale qui se développe sous l’impulsion d’une logique financière qui ne veut plus d’une liberté d’opinion réfléchie. Il entend anesthésier et soumettre, en discréditant, écartant et, si besoin, en éliminant, en changeant les règles, tout ce qui peut lui résister.
Nous sommes aujourd’hui conviés, plus que jamais, à manier en permanence les trois grossissements du microscope pour comprendre le réel : le local et ponctuel, le général et les champs intermédiaires.
Dans Ce que nous apprennent les addictions, un court paragraphe résume la position de neutralité pragmatique pour le petit pays que nous sommes devenus, pour ne pas disparaître dans l’indifférenciation néo-libérale. Nous n’avons pas les moyens d’avoir de faux amis ni d’ennemis déclarés. Nous pouvons nous limiter, sans tapage, à faire ce qui doit être fait. De même, en alcoologie, il ne s’agit pas de se tromper d’adversaire : le vin n’est pas l’ennemi et pas davantage les viticulteurs. Le problème a des racines ailleurs.
À l’exemple de la personne alcoolique devenue sobre, nous avons à nous éloigner des entités nuisibles et à nous rapprocher, à bonne distance, des entités capables d’une coopération équilibrée et- équitable, ce qui exige, de notre côté, d’avoir quelque chose de bon et d’utile à proposer.
Partant de votre position particulière, quelle « géopolitique » pratiquez-vous ?... d’un point de vue relationnel et… géopolitique.