19-05-2025
Nous poursuivons la réflexion sur des questions rattachées à la problématique alcoolique avec « la force du déni », qui aurait pu donner son titre à un (autre) opéra de Verdi.
Une partie de la « mauvaise réputation » des personnes affectées par une des nombreuses formes d’alcoolisme est le déni, cette incapacité à avoir conscience d’une réalité dérangeante : une relation à l’alcool préjudiciable et cependant persistante. La force du déni est d’autant plus évidente que les conséquences sont manifestes, répétées et, assez souvent, désastreuses.
La variante atténuée du déni est la dénégation (« pas tant que çà », « moins que mon voisin », « lui oui, bien sûr », « je m’arrête quand je veux »), avec une énergie appréciable dépensée à contrôler la consommation ou à reporter à plus tard la décision d’arrêt : « Je ne suis pas prêt », « d’abord retrouver un travail »...
Des raisons très diverses interviennent dans le déni du réel alcoolique, sans qu’elles lui soient imputables. Nous pouvons relever la force des usages et des normes opposables au choix de ne pas consommer de l’alcool, usages, aux normes qui expriment le déni d’une pathologie, du droit à la différence et de la liberté de chacun à disposer de lui-même.
La difficulté à dire non intervient pour ne pas signifier différence et choix. Il peut exister un déficit de mise en mots, d’habileté langagière, pour adapter le refus à l’interlocuteur.
Cela étant, la force du déni en alcoologie ne cède en rien à la banalité du déni dans les fonctionnements collectifs, au-delà même des effets de l’ignorance, de la désinformation, de la manipulation ou des conditionnements idéologiques.
À l’exemple de l’inversion du sens de l’observation à l’origine du livre « Ce que nous apprennent les addictions », la séance portera sur des dénis hors addictions portés par des proches, des ensembles familiaux, professionnels, sociétaux et culturels, mais plus précisément du système médical, éducatif et médiatique, qui participent activement à la négation des réalités dérangeantes.
Quels dénis vous posent le plus problème, aujourd’hui ?