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13-10-2025

Les chiffres, les codes et… la dette occupent de plus en plus de place dans notre quotidien et le débat public.

Ainsi, la rétribution doit se prévoir à l’avance lors d’une réservation dans un restaurant ou un hôtel. Il est indispensable d’envoyer ses codes, d’accepter un prélèvement en cas de désistement.

Dans les lieux de travail collectif, à la Banque, pour nos téléphones portables, les identifiants, les codes d’accès, parfois limités à un bref intervalle, se diversifient, changent, s’exigent. Tout individu devient une somme de codes.

L’identité des individus est remplacée par des chiffres. La traçabilité des actes à la CPAM, par exemple, devient impossible dès qu’un tiers-payant intervient pour un praticien. Notre hypermodernité valide curieusement le recours à des rouleaux de papier. L’organisme-payeur se dispense d’indiquer pour quel patient et à quelle consultation, il verse à une date aléatoire une rétribution, avantage laissé à un patient capable de consulter son site Améli.

Il devient très compliqué de rencontrer un fonctionnaire pour lui exposer un problème. Interpeller un élu est une façon de rencontrer l’absence, l’ignorance ou l’indifférence. Faire remonter une proposition jusqu’aux instances décisionnaires relève de la mission impossible.

La dette accumulée par l’Etat providence est devenue abyssale, depuis des années, en dépit des signalements de la Cour des Comptes, sans que des responsables politiques en fassent une analyse structurale et en tire des décisions politiques. En revanche, elle reste un moyen pour faire taire, pour culpabiliser et obtenir la soumission. Nous avons tout en mémoire le sort fait à la Grèce en 2011. Elle a cessé d’être l’objet d’une surveillance rapprochée de la Commission européenne en 2022. Curieusement, à notre connaissance, il manque d’ouvrages expliquant sur le fond et dans ses composantes les raisons structurelles de la Dette accumulée.

Dans ce contexte, l’alcoologie clinique ne peut que rester marginale et précaire. Son efficacité s’en trouve diminuée, en dépit de la pertinence de sa méthode et du cadre qu’elle fait vivre.

Se pose, ici, la question de l’alliance thérapeutique et de la protection de la qualité des prestations. Les rares subventions ont été divisées par deux (CPAM) ou réduite à une aide symbolique (CD). Notre volonté de ne pas pénaliser les plus pauvres a été de maintenir depuis le début une adhésion à 80€. Nous avons été contraints de demander aux patients qui bénéficiaient du tiers-payant de faire l’avance de la consultation pour éviter que le travail clinique et que l’effort de réflexion et d’élaboration soit préservé. Ces deux conditions sont constitutives de l’alliance indispensable à la survie active.

Une consultation en alcoologie clinique prend ¾ d’heure à 1h, parfois plus. Les compétences mobilisées sont d’une autre portée qu’un suivi psychologique. Cette consultation est remboursée. La payer sans barguigner est une marque de respect et de lucidité minimale. Une alliance fonctionne sur le principe de la réciprocité. L’accompagnement n’est pas une façon de consommer autrement.

À relever que les lieux de réflexion active sont devenus rarissimes.

Quelles dispositions concrètes avez-vous adoptées pour surmonter les défis de notre hypermodernité ?