17-11-2025
De temps à autre, la Consultation confronte à des situations cliniques qui évoquent fortement l’autodestruction. Freud, en son temps, avait opposé la pulsion de mort (ou Thanatos) à la pulsion de vie.
Il rapprochait la pulsion de mort de la compulsion de répétition, particulièrement à l’œuvre dans les conduites addictives. La compulsion de répétition, en raison de son caractère archaïque, s’impose alors à la raison, malgré les déboires. Nous sommes confrontés alors à une dissociation entre des besoins socialement valorisés et une conduite qui ne peut les satisfaire.
Une autre interprétation des conduites d’autodestruction objective se situe dans le refus de souffrir encore, dans le refus de la personne de se confronter davantage à des jugements dévalorisants qu’elle a fait siens. L’autodestruction peut alors prendre l'apparence d'un repli ou même d'une phobie sociale, permettant l’évitement de tout regard extérieur ravivant le regard dévalorisant incorporé. L’autodestruction traduit alors, fondamentalement, une souffrance narcissique.
Une autre hypothèse peut se concevoir. Le sujet peut vivre une sorte de dissociation entre son mental et son corps. Il punit son corps de l’avoir trahi.
L’autodestruction se décline également à l’échelle collective. Comme il se dit souvent, la somme des intérêts particuliers ne distingue de l’intérêt général. Â une époque marquée par l’individualisme, le Collectif, quel qu’il soit (famille, entreprise, institution, société), peut se trouver négligé ou attaqué injustement, alors qu’il est la condition de la prise en compte des intérêts individuels. Bien des personnes acceptent de vivre en profiteurs d’un système qui les protège, sans la moindre conscience de lui être redevable. Ils acceptent de faire et de refaire n’importe quoi et ils persistent dans cette attitude dans la mesure où leur inconduite même leur ouvre des droits. Une expression populaire énonce qu’il est possible de scier la branche sur laquelle on est assis.
Nous pouvons nous trouver dans un système qui nous détruit. Dans ce cas, notre déni, notre inaction, nos bavardages ou notre silence, notre paresse intellectuelle, notre égoïsme ou notre lâcheté peuvent correspondre à une forme d’autodestruction objective., à un suicide assisté inconscient.
Qu’en est-il de notre rapport à l’autodestruction ?