08-12-2025

Allez savoir pourquoi, le thème s’est dégagé d’une récente consultation.

Pourtant, la patiente pourrait être la fille de la célèbre humoriste satirique, Claire Bretécher, auteur (c’était avant la révolution de la grammaire française, d’où le masculin neutre) de la bande dessinée « Les frustrés ». Cette BD a accompagné une période d’illusion collective de 1973 à 1981. Elle décrivait avec une délicate cruauté les « conformistes de l’anticonformisme », les ancêtres des bobos des villes et des champs d’aujourd’hui.

J’achève, d’autre part, la lecture d’un des innombrables livres de Michel Onfray sur les décombres de la civilisation occidentale : « Déambulation dans les ruines » (Albin Michel). J’y ai appris que Cicéron, le romain qui persécuta tant d’élèves en latin, était un personnage pour le moins clivé, prenant soin de ne pas appliquer les leçons qu’il faisait aux autres. Il critiquait vertement les philosophes grecs. Une formule suggère la frustration : « Tout fout-le-camp ». Nous savons, cependant, qu’il n’est pas bon d’éprouver du ressentiment, de l’amertume ou de la colère. Nous devons louer nos seigneurs, pour reprendre une formule de Régis Debray. Il se trouve des seigneurs dans les différents camps ou clans qui assurent la paralysie d’une réflexion critique rassembleuse.

Qu’est-ce donc que la frustration ? Une envie contrariée. Par qui ? Pour quoi ? Comment en faire un bon usage ?

Comment naît une frustration ? Existe-t-il un profil de « frustré(e). En quoi une frustration est-elle fondée ? En quoi ne l’est-elle pas ?

Comment peut évoluer une frustration ? Par la satisfaction ? Au-delà, par les regrets, la désillusion ?

Comment conjuguer frustration et addictions ?

Comment prévenir la frustration ? Par la sobriété ? Par l’anticipation critique, quant aux résultats de la satisfaction ? En évitant les mirages ? En créant des alternatives aux envies, aux désirs à l’origine de la frustration ?

Peut-on distinguer entre frustrations légitimes et frustrations inutiles ?

Plus généralement, quelle place accordons-nous à nos désirs ? Quel est le critère qui commande de les écarter ou de les satisfaire ?

Beaucoup de questions et peu de temps pour les réponses ?