Lundi 7 septembre 2015

Nous poursuivons sur un mode libre la thématique proposée jeudi dernier par Wiam. Il était question de faux-self, c’est-à-dire de personnalité d’emprunt.

Nous avons pu apprendre que pour Winnicott le faux-self était inhérent à la nature humaine puisque le plus adapté et spontané des sujets avait intégré pour sa vie relationnelle des habiletés sociales, telles que la politesse, la réserve de bon aloi ou l’art de ne pas contredire celui qui de, toute façon, n’entend rien.

Nous avons eu la confirmation que de nombreuses personnes adoptaient une présentation qui constituait une sorte de masque de protection – une pseudo-identité − mais qu’elles pouvant, quand le contexte relationnel s’y prêtait et qu’elles se sentaient en confiance, être elles-mêmes, dire des choses les concernant, aussi bien des choses douloureuses que des choses banales ou joyeuses. C’est un des intérêts de la relation d’aide, en groupe ou en consultation.

Il est des cas assez fréquents, en alcoologie aussi, où la personne est clivée, double. Elle n’est pas seulement ambivalente, prise entre deux désirs contradictoires. Elle est successivement une personne puis une autre. Le cas extrême, c’est Anthony Perkins, dans Psychose : c’est un gentil garçon, sauf quand il éprouve du désir pour une femme car, à ce moment-là, c’est la mère castratrice qu’il a mis dans sa tête, qui a le pouvoir et qui détruit l’objet du désir. Le cas du Dr Henry Jekyll est aussi à considérer : Jekyll cache Hyde.

La problématique narcissique alimente le faux-self puisqu’il faut assurer côté, faux-self centré sur son image, ou faux-self centré sur la profession – surtout si elle correspond à une position d’autorité – ou encore faux-self fondé sur le groupe d’appartenance ou la mode.

Il existe des métiers où le faux-self est une nécessité, ainsi les comédiens qui doivent épouser des rôles mais cette caractérise déborde partout, avec la domination des medias. Il se fait un rapport inversé entre l’importance du faux-self et l’exiguïté du vrai-self.

Le faux self se retrouve de façon très banale chez des tas de gens, sous la forme du prêt-à-penser, chacun se pensant être personnel alors qu’il ne fait que reproduire les lieux communs. Les habitudes sociales et les idées reçues en matière de consommation de vin en particulier sont trop nombreuses pour les citer. Le prêt-à penser se complète par le prêt-à-agir. Ainsi les fêtes, les sorties.

L’inconvénient des personnes installées dans un faux-self est qu’elles finissent par devenir très, très ennuyeuses, et à rater la plupart de leurs objectifs, parce qu’on ne peut vivre tout le temps dans les apparences. Je ne suis pas certain qu’il soit possible d’être bien dans sa peau, en étant dans le faux-self, du soir au matin.

Comment développer son faux-self ? En prenant conscience de son faux-self, en cultivant son esprit critique, en faisant l’effort de se connaître et de mettre en accord ce que l’on fait et avec on est avec ce que l’on est. Mais toutes les suggestions complémentaires sont bonnes à prendre.

Sans trop vous prendre la tête avec ce concept, êtes-vous conscient de votre faux-self ? Pouvez-vous le caractériser ? Quel est votre vrai self ?