07 novembre 2016
Georges m’a souvent parlé de cette thématique des « refusants », qui a donné lieu à un ouvrage au titre éponyme par un professeur de journalisme, Philippe Breton. Ayant refusé que la situation que nous avions choisie perdure par le fait même de l’évolution du contexte, c’est avec plaisir que je propose cette notion à l’examen du groupe.
Au sens propre, un refusant est un exécuteur qui refuse de l’être.
L’auteur rattache ce néologisme à une attitude qu’il va spécifiquement préciser lors des génocides de masse. En forçant à peine le trait, nous pourrions estimer que nous restons sur un terrain familier car les personnes mises constamment au contact d’objets addictifs, avec la pression sociale ou publicitaire qui leur est rattachée, participent en toute innocence à un génocide de masse.
« Le refusant ne s’entoure d’aucune argumentation. Il ne prétend convaincre personne.
(Il pose un) acte sans commentaire, qui n’en pas moins cependant une parole, au sens fort du terme.
Le refusant puisqu’il faut le définit précisément est quelqu’un du système qui refuse ce que le système lui demande de faire. Nous imaginons toutes sortes de nuance dans le phénomène d’adhésion plus ou moins active ou de refus plus ou moins sélectif. Une des principales caractéristiques de la « refusance » − autre néologisme – est son extrême discrétion.
Comme dit Philippe Breton, du point de vue de la victime, la différence est mince entre l’exécuteur et celui qui fait un pas de côté, sans s’opposer pour autant à l’exécution. Un formule à retenir : « ce qui convainc l’exécuteur de tuer, ne convainc pas le refusant. Le refusant, toujours pour l’auteur, est quelqu’un qui se trouve embrigadé, par sa position professionnelle ou une autre caractéristique dans un crime de masse, qui refuse de participer personnellement au massacre, sans pour autant faire acte de prosélytisme, qui serait la marque essentielle du résistant.
L’étude menée par l’auteur concerne les génocides et les crimes de guerre. Dans la même optique d’Hannah Arendt, il cible les gens ordinaires. L’exemple du lieutenant-gendarme nazi Buchman, cité dans l’ouvrage-référence de Christopher Browning est connu. Appelé à exécuter les femmes, les enfants et les personnes âgés d’un village polonais, il demandé à être affecté à une autre mission, ce qu’il obtient sans difficulté. D’autres cas de refusants allèrent jusqu’à se tuer plutôt que de participer à de telles actions. Plus près de nous, le massacre en quelques jours de 800000 tutsis par la quasi-totalité des Hutus au Rwanda, en 1994, a produit quelques refusants. Au passage une troisième ethnie, les Twa, correspondant à des pygmées a été presque totalement éliminée, sans que l’opinion en soit informée. Des massacres analogues ont eu lieu au Vietnam, en 1968 notamment, par les soldats US et de l’ONU, toute personne asiatique en mouvement pouvant être désigné comme « combattants ennemis ». Et ainsi de suite, y compris, de part et d’autre, pendant la guerre d’Algérie. Une anecdote est passée à l’Histoire, lors du massacre de My Lay. Ce jour-là le lieutenant Thompson posé son hélicoptère entre les soldats US et les habitants du village en train de se faire massacrer. Il mit fin à la tuerie et ramena les blessés asiatiques vers un hôpital de campagne. Pendant la guerre d’Algérie, un certain Quemeneur a recensé 12000 « réfractaires » qui se répartissent entre une majorité d’ « insoumis » qui ne se sont pas présentés à l’appel sous les drapeaux, une petite minorité de « déserteurs » parmi les soldats mobilisés et un groupe encore plus restreints d’ « objecteurs de conscience ».
L’auteur mentionne ensuite l’histoire d’allemands réfractaires et des actes tels que ceux rapportés par un philologue Klemperer : en voyant son étoile jaune, des inconnus traversaient la rue pour lui serrer la main.
Breton rapporte la célèbre expérience de Milgram, étalée quand même sur trois ans, utilisant des volontaires pour électrocuter de façon progressive sur ordre un compère du laboratoire de recherche simulant les décharges corporelles. Que les complices continuent à bien se porter est une chose mais qu’en est-il de ces personnes recrutées contre rétribution pour être les instruments actifs de cette expérience distribuant progressivement des chocs électriques de plus en plus forts. Les 2/3 des personnes recrutées allèrent jusqu’à bout de l’épreuve, non sans vivre une extrême tension intérieure. Les travaux de Milgram ont suscité d’innombrables commentaires sur les « bourreaux » et aussi sur ceux qui avaient eu l’initiative de telles expériences, mais rien sur ceux qui ont refusé le rôle assigné de « cobayes torturant ».
Il semble établi qu’il y a une relation inversement proportionnelle entre le nombre de refusants et l’intensité ou à la forme de la pression subie. Il est possible également de distinguer des refusants précoces, à peine de l’ordre de 2%, et les refusants tardifs, jamais au-delà de 20%.
Peut-on qualifier de « refusant » ceux qui arrêtent de tuer sur ordre par dégout du sang ? Pourquoi pas, mais alors de quoi parle-t-on ? Les résistants forment aussi un groupe très hétérogène. Il y a les résistants de la première heure et les résistants de la veille de la « victoire ». Certains refusants étaient d’accord avec la politique d’extermination mais ils ne supportaient pas d’en être directement les auteurs. Himmler, paraît-il, ne supportaient pas le spectacle de ce qu’il organisait. Aurait-il été refusant s’il avait appartenu à un groupe de gendarmes exterminateurs ?
Si le refusant échappe à la catégorisation de héros doit-il être considéré comme un « embusqué », selon une analyse de Charles Ridel (cité par l’auteur) comme quelqu’un adoptant une « conduite de préservation individuelle ou de survie pendant la guerre » ?
Philippe Breton donne trois explications à la méconnaissance de la réalité des « refusants » :
− Leur absence dans l’imaginaire collectif à côté des criminels, des résistants et des victimes.
− La fascination par le Mal.
− La discrétion des refusants, même si leur silence vaut une parole forte, en contraste avec le verbiage médiatique.
La démonstration de l’auteur ne manque pas de « sel ». Pour un bourreau, le refusant aggrave encore son cas car son existence signifie que lui-même aurait pu faire un autre choix que celui d’être un exécuteur. Pour une victime, le refusant fait partie du camp des bourreaux. Pour les résistants, dont les mains sont couvertes de sang, un refusant est un faible et un lâche. Voire même un traître, traître à une cause injuste mais traître quand même et surtout !
Il cite Rault Hildberg, auteur d’un livre accablant et donc occulté sur le rôle de la machinerie administrative allemande comme composante de la Solution finale. Aurons-nous un jour à faire le recensement de la nuisance de la nôtre?
L’auteur évoque les effets nocifs du dualisme « Bien/Mal » et du pessimisme issu de l’horreur de la Shoa. Heidegger a fait une sorte d’équivalence entre le mal et la société « industrielle » produisant pour produire et pour générer des dividendes.
Le refusant se situe dans le camp des exécuteurs – ceux qui obéissent à un ordre, eux qui se chargent d’exécuter. Un résistant peut ne pas appartenir du tout au camp des exécuteurs ni d’ailleurs à celui des victimes. Il se détermine par rapport à une éthique. S’il appartenait – qu’elles qu’en soient les raisons – au camp des exécuteurs, il passe par une phase de traitrise volontaire et consciente. Le refusant reste « apolitique », tout comme le « sauveteur » dont il se distingue, car ce dernier agit, alors que lui refuse d’agir. Le refusant est un « non-criminel ». Encore faut-il qu’il prenne conscience du « crime », ce qui n’est pas l’appellation dont l’acte prescrit est désigné. Le refusant reste habituellement dans le système. Il s’écarte cependant de la pratique prescrite par son milieu d’appartenance. Il peut quelque fois évoluer en résistant.
Parmi les caractéristiques non déterminantes évoquées chez les refusants, sont relevées :
− une éducation « civilisée », refusant la violente gratuite, soucieuse de justice
− une socialisation correcte,
− une faible sensibilité à la propagande,
Harald Welzer – toujours cité – insiste sur le fait qu’un meurtre de masse est toujours justifié par une « morale » : « Il est bon… Il est préférable… Il faut se résoudre… ». Le refusant n’adhère pas à la morale qui autorise le crime de masse.
L’auteur avance plusieurs arguments pour expliquer la sauvagerie meurtrière. Les bourreaux ont donné une clé : il n’aurait pas été possible d’exécuter froidement des masses de gens. Il fallait créer un climat émotionnel adapté. Ils soulignent ainsi le caractère « fonctionnel » de la sauvagerie. Il avance une autre notion plus sociétale : la socialisation par la violence. L’individu anomique devient ‘‘quelqu’un’’ en devenant un « exécuteur ». Une éducation, violente facilite l’acceptation de comportements violents par la suite.
La supériorité admise du Collectif face aux positionnements individuels explique aussi cette docilité aux ordres de la hiérarchie représentative du Collectif. Les Sociétés évoluent et le niveau de violence culturellement admise aussi.
Les exécuteurs ont pu rétrospectivement témoigner de leur clivage pour réaliser leurs actes. A ce clivage, le refusant répond par une autre défense : l’évitement.
Face à un acte ou au refus d’un acte, il y a quatre possibilités :
− l’auteur sait pourquoi il a agi ainsi et il le dit,
− l’auteur sait pourquoi il a agi ainsi mais il ne peut le dire ou il choisit de se taire,
− l’auteur ne sait pas pourquoi il a agit ainsi mais il donne une explication qui n’est pas la bonne, qui lui est suggérée,
− l’auteur ne sait pas pourquoi il a agi ainsi et il ne peut donc donner d’explication.
Quelles sont les « raisons » de commettre un acte « inhumain » ?
Première explication : la soumission à l’autorité et le conformisme de groupe,
Seconde explication : les croyances.
On retrouve deux axes : l’axe vertical, est celui de la hiérarchie, l’axe horizontal, celui des semblables. Serait-ce la ligne de partage entre exécuteurs et refusants ? Serions-nous des refusants qui s’ignorent ?
Le degré de contraintes induirait le taux de refusants. Plus la contrainte s’accentue, plus le % de refusants diminuerait. Effectivement quand le refus d’obéir détermine sa propre exécution… Cependant l’expérience de Milgram apporte un démenti à cette logique mais aussi des témoignages d’exécuteurs. Ils disposaient d’une certaine liberté pour dire oui ou non. Cependant, dans une imaginaire simplifié, exécuter un ordre est un acte « viril », le refuser est un acte « lâche ».
Une explication à la maltraitance : elle est nécessaire pour persuader les exécuteurs qu’ils ont affaire à des êtres inférieurs.
Un autre fait : la continuité dans le procédé d’extermination de masse. Le régime hitlérien a commencé par exécuter les opposants politiques et syndicaux, des handicapés – dans le programme dit T4 − et les criminels ont été éliminés ensuite, sans oublier l’exécution des SA par les SS. Dans ces trois cas de figure, les juifs n’étaient pas en cause et les exécuteurs ont été des SA, dans le second des policiers, des infirmières et des médecins, et dans le troisième, des SS. Les personnels à l’œuvre dans le programme T4 ont été orientés ensuite pour encadrer les camps d’extermination des juifs. Le principe directeur de cette politique est l’absence de considération pour la vie humaine.
Une culture de la mort, sur fond l’idéal de virilité, s’est développée avec la volonté d’une revanche contre l’ennemi extérieur et d’une vengeance contre les ennemis extérieurs…
Philippe Breton souligne également la continuité entre la violence instaurée dans l’après-guerre en Allemagne. Toute manifestation à caractère politique se caractérisait par des débordements violents et des meurtres à l’époque de la République de Weimar, constituée après la défaite allemande, acceptant les conditions du traité de Versailles, et rapidement gouvernée par des socio-démocrates, jusqu’à l’arrivée d’Hitler au pouvoir.
Autres facilitations des actes : le glissement du propos sur la technicité au détriment du sens. Est valorisé ce qui techniquement est « parfait ». Interviennent aussi l’euphémisation des actes, la langue de bois, le silence prescrit au nom de l’efficacité.
Dans le domaine de la langue de bois, si répandue de nos jours, Adolf Eichmann, selon Hannah Arendt est une forme de perfection dans son usage d’un langage administratif, « le seul qu’il ait connu parce qu’il était incapable de prononcer une seule phrase qui ne fut pas un cliché ».
La vengeance comme moteur de l’histoire
Les psychopathes mis de côté, quelles sont les raisons qui poussent des hommes banals à devenir des exécuteurs ?
Nous avons déjà évoqué le clivage. Ce clivage s’organise techniquement. Dans les Camps, le « travail » d’extermination était réalisé, par l’effet de sa division en tâches séparées, en dehors de l’encadrement par les victimes elles-mêmes. Pour Primo Levi, c’est ce qu’il y a eu de pire dans la méthode des nazis.
L’argument de la vengeance intervient ici : l’exécuteur se présente comme une victime vertueuse, un réparateur de torts. Il trouve une justification à ses actes les plus horribles au nom de la nécessité de protéger les siens. Il réalise « douloureusement » un acte de prévention ! L’alternative à la vengeance est la judiciarisation des conflits, encore faut-il préciser qu’elle doit éviter d’être systématique et qu’elle doit être équilibrée ! Le dialogue est d’ordinaire une voie plus agréable et constructive.
Il saut souligner le caractère archaïque, souvent absurde et parfois délirant, de la vengeance. Dans La Guerre des boutons, les enfants des deux villages voisins s’affrontent dont des raisons dont ils ignorent l’origine.
La culture de la violence
Breton souligne le rôle de la culture vindicative dans l’éducation et les mœurs.
Le débat contradictoire n’a pas lieu d’être. L’approche non violente, notamment chrétienne, est combattue. La nouvelle religion fait l’apologie de la violence auquelle elle donne une dimension de prévention. L’adversaire doit être exterminé jusqu’au dernier pour éviter que ses descendants ne prennent, à leur tour, les armes de la vengeance.
Les agresseurs se transforment en victimes revendicatives.
La délation peut prendre ce masque ou se manifester directement.
La manipulation violente utilise des artifices efficaces : faux-témoignages, création de « preuves » par des actes violents orchestrés contre son propre camp et attribués à ceux que l’on entend dénoncer et abattre, de façon à susciter une escalade dans la violence. Les terroristes sont mués en martyrs, exaltant la haine revancharde et justifiant la « riposte » violente, débordant la volonté de règlement pacifique des conflits.
L’escalade de la violence s’intègre dans une vision du monde où la violence devient le moyen d’action à privilégier.
Selon Lonnie Athens (cité), la brutalisation autrefois subie, réelle ou romancée, justifie le passage à la belligérance conçue comme une réponse justifiée. Vient ensuite le temps de la brutalisation systématique couronnée par l’appel à la violence et à la mobilisation violente, la plus aveugle possible, qui n’exclut pas l’organisation .
La culture vindicative se nourrit d’un sentiment d’infériorité ou des humiliations antérieures qui s’inversent en affirmation de sa supériorité et dans des comportements agressifs visant à rabaisser l’ennemie désigné.
Pour des personnes sans repères, il se constitue une véritable socialisation par la violence. La violence devient source d’identité. Elle est le signe de la supériorité du groupe d’appartenance et, du fait de l’appartenance, le signe de sa propre supériorité.
L’éducation intervient. Dans la culture allemande de l’entre-deux guerres celle-ci reposait sur la discipline, l’ordre, la ponctualité, la propreté. La violence exemplaire devait être réfléchie, froide, méthodique. Elle devait prendre le pas sur la « sensiblerie ». L’auteur souligne au passage le rôle dévastateur de la camaraderie et de l’esprit de groupe dans l’acceptation du comportement violent.
« La solidarité avec les plus violents se présente donc comme une nécessité, souvent associée à la survie même » (p229).
Sebastian Haffner insiste que l’euphorie de la camaraderie existante dans les stages de formation idéologique. (Les nazis) « ont submergé les Allemands de cet alcool de la camaraderie et les y ont noyé jusqu’au delirium tremens ». L’alcool de la camaraderie s’appuie sur la camaraderie de l’alcool.
La virilité est un autre facteur de neutralisation de l’esprit critique et du bon sens.
La conclusion approche : Si nous croisons maintenant les trois paramètres : une société qui admet la vengeance comme norme sociale, une socialisation par la violence de groupe, une situation d’agression interprétée comme une raison nécessaire d’user de la violence, une convergence se fait en faveur dans basculement dans la violence jusqu’aux exécutions de masse. C’est dans le cadre que se constituent les deux profils de l’exécuteur et du refusant.
Se retrouve comme facteurs déterminants : l’histoire de vie, les normes sociales, des circonstances extraordinaires.
Le refusant écarte la culture de la violence. De façon passive ou réfléchie, il l’écarte. Ses meilleures armes sont le bon sens, le sens du relatif, l’humour, une capacité à l’autocritique constructive. Il parvient ainsi à prendre la mesure et à maitriser ses potentialités vindicatives, à les maintenir dans le strict cadre des besoins de survie. Il opte le plus souvent et longtemps possible pour « le pas de côté ».
« L’absence de ressources de violence » est une réalité chez lui. Il fait partie des « doux » de l’Evangile, sans effort particulier.
Une autre composante est mise en valeur : « Le refus de se voir dicter sa conduite ». Le refusant est un individualiste. Il reste indifférent sinon hostile à toute tentative de le soumettre à des normes dont il ne voit pas la nécessité. Il n’a pas l’instinct grégaire. Même rattaché à un groupe, il garde son autonomie de pensée. Il est peu sensible au regard du groupe. Son individualisme l’ouvre au respect de l’autre dans sa différence. Son identité repose sur la singularité de son regard et de ses choix et non sur l’imitation des caractéristiques de ses groupes d’appartenance. Disposant d’un esprit critique aiguisé, sa capacité d’anticipation lui évite des emballements orchestrés par la pression du groupe, des medias ou de la propagande d’où qu’elle vienne.
L’irruption de la réalité rend compte d’un contingent de refusants. A défaut de capacité d’anticipation, ces derniers finissent par ouvrir les yeux quand la réalité dépasse la fiction des idées reçues. Ils refusent la réalité des actes qui sont attendus d’eux. Ce sont des refusants passifs. Ils ne deviendront pas des résistants. Leur attitude fait cependant signe.
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Si je me suis donné la peine de cette présentation longuement résumée et si je vous la fait parvenir à l’avance, pour vous dispenser de la lecture immédiate de ce livre qui écarte toute réflexion sur la situation actuelle et, évidemment, plus encore sur les réalités que nous vivons à notre petite échelle associative, c’est bien de progresser dans la réflexion critique que la période que nous vivons réclame.
L’alternative au fonctionnement compulsif et aux comportements grégaires préjudiciables est l’esprit critique. Cet ouvrage nous donne plusieurs éléments d’explication de l’aveuglement progressif qui peut s’emparer de personnes que rien ne permet de qualifier comme psychopathes. Il permet aussi de dégager un espace de réflexion et d’action entre résignation et volontarisme aveugle.
De mon point de vue, nous n’avons pas à nous situer dans une catégorie déterminée. Selon les contextes, nous pouvons être des citoyens paisiblement épicuriens, des refusants par bon sens et esprit d’anticipation ou, à l’extrême, des résistants ou des « renonçants » (puisque la mode est aux néologismes).
La position face à l’alcool et aux offres d’alcool est celle de refusant : « Non, merci ». Elle peut se charger d’une composante de résistance par la recherche et l’organisation d’un environnement favorable, sans exclure des actions d’autre nature, dénonçant des attitudes inacceptables. Si, cependant, rien n’est possible en dehors d’un positionnement individuel, l’épicurisme pragmatique peut choisir le « pas de côté » du refusant. Qu’en pensez-vous ?