Lundi  15 Octobre

 Je viens de découvrir un film dont j’aurais grand plaisir à faire une fiche. Il s’agit de « Mademoiselle de Joncquières », actuellement à l’affiche, film que je vous recommande vivement d’aller voir, sans plus tarder.  Un marquis réputé libertin (au sens de l’époque) s’applique pendant des mois à séduire une jeune veuve. Quand son objectif est atteint, alors que la belle s’est attachée à lui, il ne tarde pas à donner des signes d’ennui. La veuve amoureuse, devenue officiellement une simple amie, l’analyse. Il est attiré par ce qui lui résiste. Quand la victoire lui est acquise, il court vers d’autres conquêtes.

Cette histoire tirée de « Jacques le fataliste » de Denis Diderot est un excellent préambule au thème de l’ennui dans le couple. Il ne s’agira pas pour la séance de se confondre en généralités mais de livrer, si possible, son expérience de l’ennui dans le couple. Loin de moi l’intention de fournir un lot d’explications et recettes. Je me risque cependant à donner quelques pistes.

La première est que nous avons toutes les chances de nous ennuyer à mourir dans un couple si par notre personnalité, par notre absence de centres d’intérêt véritable, d’incapacité à nous passionner durablement, nous nous ennuyons lorsque nous sommes seuls. Rien n’est plus pénible au fond qu’une personne qu’il faut constamment distraire de l’ennui, qui est dans l’attente passive de distractions ou qui se donne à voir comme si elle était le centre du monde. La tolérance à l’ennui est une aptitude. Certain s’accommodent de rêver ou de ne rien faire. D’autre sont incapables de rester inactifs, à moins d’être épuisés. Ce second comportement peut s’expliquer diversement par la diversité des désirs et des objectifs qui se rattachent à ceux-ci ou, plus fondamentalement, pour effacer notre sentiment d’incomplétude, avec l’anxiété et la dépressivité qui s’y rattache.

On peut se demander ce que recherche un séducteur ou une séductrice par leurs comportements stéréotypés. Cherchent-ils à se rassurer ? Leur appétit de changement n’exprime t­’il pas un positionnement narcissique les rendant inaptes à donner à l’autre le statut d’une personne ? Répugne-t-il à se placer en situation de dépendance affective du fait de l’attachement qui se constitue ? Ou encore – hypothèse la plus sympathique –  n’ont-ils pas encore trouvé l’âme-sœur ?

Il semble recommander, si on veut éviter l’ennui, dans le couple, seul, ou dans la société, de respecter quelques règles. La première est certainement de ne pas subir des activités ou des personnes pour lesquelles nous n’avons pas d’affinités. Le reste est probablement une question d’équilibre. La fusion ou l’emprise est un cauchemar pour un esprit indépendant. Les séparations permettent les retrouvailles. Elles entretiennent le désir par la crainte de la perte. Personne ne peut prétendre satisfaire tous les besoins d’un autre. Il semble indispensable d’associer diversement des centres d’intérêt commun, pratique qui a l’avantage de permettre des partages véritables et des évolutions communes.

Avez-vous l’expérience de l’ennui dans le couple ? L’alcool a-t-il été une solution pour apaiser l’ennui ? Si vous êtes à présent sobre, à quoi attribuez-vous l’ennui qui pourrait altérer l’ambiance dans votre couple ?