Lundi 04 Mars 2019

Une consultation m’a donné l’occasion d’évoquer la question des assises de notre santé mentale, à l’occasion d’une période de transition amenant le sujet à revoir l’ensemble de ses assises en termes de sécurité, de perspectives et d’épanouissement. Cette réflexion s’inscrit dans le prolongement du thème sur les « crises existentielles ».

Quand une personne d’âge intermédiaire effectue une démarche pour une dépendance acquise à l’alcool, il est rare que les changements à opérer se limitent au choix de la non-consommation d’alcool. Tout va mal ou presque, le couple et les relations affectives, la profession, l’état des finances, sans parler parfois de la santé physique ou des relations avec ses propres parents. Les assises vacillent ou s’effondrent. Tout ou presque est à reconstruire.

Quel plan de travail adopter ?

Sans vouloir établir la hiérarchie figurée par la pyramide de Maslow, sur nos besoins fondamentaux, une progression peut être esquissée. Il convient tout d’abord de se persuader que la mise hors-circuit de l’alcool est la condition indispensable à tout progrès. S’il survient un « accident » d’alcoolisation, peu importe : « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ». Chaque jour est un commencement il ne s’agit pas de se décourager. La sécurité territoriale et financière est la première à considérer. Elle seule permet d’envisager un projet de vie quel qu’il soit. Il n’est certes pas facile, de nos jours, de bénéficier d’un emploi qui apporte sécurité et épanouissement. La patience et la ténacité sont requises, le pragmatisme l’est tout autant. Quand il s’agit de choisir une position sociale, il convient, à la fois, de mettre de côté ce que les psychanalystes appellent le Surmoi et l’Idéal du moi. Le Surmoi - qu’il vienne d’un parent ou de la Société - a l’inconvénient de nous culpabiliser, l’Idéal du moi a celui de nous dévaloriser.

Dans ces périodes difficiles à vivre, le sentiment de solitude est particulièrement pénible. C’est pourtant notre lot. Dans ces périodes d’incertitude, il est tentant mais illusoire de chercher une âme sœur. Mieux vaut cultiver des amitiés simples, égalitaires, et ne pas demander aux autres plus que ce qu’ils peuvent donner. Plusieurs activités, sources de mieux-être, ne dépendent que de nous : un sport qui nous plait comme acteur ou spectateur, des livres, des films ou une activité créatrice qui correspondent à nos capacités. Un autre élément mérite d’être pris en considération, dans cette ambiance culturelle très matérialiste, égoïste et addictogène :  la place donnée à la spiritualité.

Nos désirs ne peuvent trouver de réponse rapide. Nous devons pouvoir composer avec nos limites et nos contraintes sans pour autant verser dans la dépression et retrouver, en cas de dépendance alcoolique acquise, la bonne vieille solution qui efface les soucis avant de les aggraver encore.

Avez-vous conscience de vos assises de sécurité ?

Avez-vous appris à les mettre en œuvre ?