Lundi 1er avril 2019

 

Les conflits sont malheureusement une règle relationnelle. Je dis « malheureusement » car, comme beaucoup d’autres, je n’aime pas les conflits. Pour autant, comme beaucoup d’autres, j’ai mes propres opinions sur un certain nombre de questions. Je les ai élaborées dans la réalité des confrontations. J’ai pris le temps de les construire. J’en admets le caractère imparfait et évolutif. J’aimerais, en retour, que mes interlocuteurs partagent le même état d’esprit. Il m’est par conséquent pénible de devoir supporter des attitudes d’intolérance, d’indifférence ou d’incompréhension.

Sans doute, ne faut-il pas rêver à des relations toujours harmonieuses mais tout de même. Si je ne me contrôlais pas, je serais très souvent en conflit. Je dois faire taire mon esprit critique pour ne pas susciter en retour une agressivité que je ne souhaite pas. Il faut cependant admettre la faiblesse du niveau de tolérance de la plupart de nos interlocuteurs. Nous devrions obligatoirement penser comme eux ou du moins éviter de les contredire. Cette situation aboutie à un vécu de censure et à un sentiment de solitude particulièrement lourd. Quelle marge de manœuvre est-il laissé à un non violent, spontanément disposé à entendre d’autre point de vue que les siens, tout en étant décider à faire valoir ses arguments ?

Une première attitude, d’ordre général, consiste à sélectionner les personnes aptes à un dialogue authentique, si possible fondé sur l’expérience. Comment se déterminer face au large cercle de ceux qui ne répondent pas aux conditions d’une relation sereine ? Nous avons le choix entre l’évitement pur et simple, entre une attention distraite, de convenance. L’absence de réponse peut  prendre la forme d’une diversion, d’un hors sujet, qui manifeste notre refus d’engager la conversation sur des bases déplaisantes. Le recul pris, surtout en cas de bavardage en groupe, permet parfois des répliques qui font tourner court une conversation insupportable. Nous pouvons également nous retirer visiblement de la relation, sans aller jusqu’à la muflerie d’un Francis Blanche expliquant à son hôtesse que s’il baillait ce n’est pas pour cause de sommeil mais seulement parce qu’il s’ennuyait.

Le dépassement d’un conflit suppose un minimum d’honnêteté intellectuelle et de calme. Si la mauvaise foi et les arrières pensées dominent, le choix est entre la dénonciation argumentée ou le mépris.

Il n’est pas nécessaire, sauf caractère vital, de perdre du temps et de l’énergie dans un conflit reposant sur de telles bases.

La notion de conflit est associée à celle d’arbitrage. L’expérience montre qu’un point de vue minoritaire reçoit rarement le secours d’un jugement équitable. Aussi, la méfiance envers les arbitrages est-elle légitime.

Le positionnement ci-dessus présenté est celui de l’évitement. Peut-être est-il entaché d’une forme de lâcheté ? Je précise que mon évitement face au conflit ne correspond pas à un sentiment d’infériorité. Il reflète du lâcher-prise, de l’incompréhension face à l’intolérance et à la bêtise, de la tristesse, devant l’impossibilité de se faire entendre et, parfois, un discret mépris.

Avez-vous l’expérience de résolutions de conflit satisfaisantes ?