Lundi 29 avril 2019

Depuis au moins « L’Homme neuronal » de Jean-Pierre Changeux (1983), la notion de système de récompense est tombée, en quelque sorte, dans le domaine public.

Avant cet ouvrage, deux expériences sur les rats – ces pauvres bêtes de laboratoire – avaient établi deux faits très importants pour la compréhension des addictions. La première était l’inégalité face à l’alcool. Deux populations génétiquement différentes de rats étaient soumises à une alimentation liquide comportant exclusivement du vin pendant un certain temps (avant la cirrhose ou l’atteinte cérébrale, certainement) puis l’eau était de nouveau proposée, avec maintenance de l’offre de vin. Une espèce de rats revenait à la consommation d’eau, l’autre persistait dans celle de vin.

Une seconde expérience, du début des années 50, a consisté à implanter une électrode dans le nucléus accumbens, une zone très riche en cellules capables de donner un plaisir intense, en envoyant une décharge par le biais d’une pédale reliée à l’électrode. Le rat pouvait ainsi par simple pression sur la pédale « s’envoyer en l’air ». Il en oubliait le boire et le manger jusqu’au point de mourir.

Les rats sont réputés intelligents. Pourtant, leur intelligence (ou leur volonté !) est prise en défaut dans ces deux situations. Il y a donc des rats sensibles et des rats pas sensibles. D’autre part, nous savons qu’à force de chercher du plaisir de façon répétée et identique nous pouvons modifier notre « système de récompense » de façon exclusive et simpliste, au mépris des préjudices induits et des autres sources de plaisir.

Comme les rats, nous disposons d’un cerveau primitif ou cerveau reptilien qui assure les fonctions vitales, y compris de survie (ex : le lézard qui abandonne sa queue pour fuir un danger). Après plusieurs psychothérapies élaborées et inefficaces, c’est parfois ce réflexe de survie, appelé « déclic », qui permet de suspendre l’addiction.

L’homo sapiens a cependant un cerveau plus élaboré que celui d’un rat. Pour reprendre une distinction d’Hannah Arendt, la notion de système est réductrice alors que l’esprit systématique permet de mieux cerner les réalités, en faisant jouer des grilles de lecture différentes.

Fonctionnez-vous à la récompense ?

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