Pessimisme de la raison, optimisme du désir, aide de la volonté.

Lundi 22 Juillet 2019

Romain Rolland, l’auteur de Jean-Christophe, fut un pacifiste et un européen convaincu. Comme Zweig ou Giraudoux, il ne voulait pas d’un nouvel affrontement entre la France et l’Allemagne, après la boucherie de 14-18. Une de ses formules, passée dans la mémoire collective, était : « Pessimisme de la raison, optimisme de la volonté ».

Il y a la raison du plus fort et des raisons contradictoires.

L’optimisme de la volonté peut conduire au volontarisme et aux illusions.

Je revisiterai cette formule de la sorte :

« Pessimisme de la raison, optimisme du désir, aide de la volonté. »

À notre époque, comme dans toutes les périodes troublées, la Raison a une tonalité pessimiste. Notons, cependant, que les périodes troublées sont rarement très favorables à la raison critique. Ce sont plutôt des périodes qui favorisent des attitudes de repli, des manifestations passionnelles, l’emprise de la communication et de la désinformation.

Certains préconisent de privilégier la pensée dite positive. En quoi celle-ci reflète-t-elle la raison critique ? Elle serait plutôt du côté du sens commun du genre « Cela pourrait être pire ». En quoi ce genre de platitude aide-t-il ?

Si la raison peut être pessimiste pour ce sur quoi nous n’avons pas de prise, elle nous aide en revanche à voir ce qui peut être changé. Elle est un guide pour l’action. En un sens, plus elle est pessimiste, plus elle arme le désir du refus ou d’autre chose que ce qui est proposé.

La volonté nous aide à mettre en œuvre ce qui est nécessaire. Elle a plusieurs facettes : la persévérance, la capacité de remettre en question les situations difficiles, une aptitude à endurer quand c’est utile.

L’essentiel est de disposer d’un désir clarifié par les données de la raison critique. La question du désir est décisive en alcoologie. Parfois, il faut accepter qu’il soit précédé par la sobriété qui rend la raison.

Que pensez-vous de l’articulation de ces trois termes appliqués à la problématique alcoolique ?