Lundi 19 Octobre 2020

Il existe une ambigüité de sens en anglais au sujet du mot sobriété. Sobriety signifie aussi bien l’abstinence que l’état mental qui peut lui correspondre. C’est cette seconde signification que nous nous proposons de discuter ensemble.

Il est possible d’être abstinent d’alcool et de tout autre produit psychoactif sans être mentalement sobre. Il se rencontre souvent et longtemps chez la personne alcoolo-dépendante une contradiction entre le fait de ne pas boire et celui de vivre ses émotions et de raisonner sans dysfonctionnements. Ainsi, il n’est pas sobre, après avoir fait le constat de sa dépendance à l’alcool ou de son incapacité à consommer modérément, de continuer à parler de « fête alcoolisée » comme s’il s’agissait véritablement d’un épanouissement de l’esprit, du corps et de la relation.

Sans doute, dans le passé, l’alcool a pu servir cette recherche de plaisir, mais les illusions ont été dissipées par les faits. À moins de revenir dans le déni, il n’est plus possible d’adhérer à des croyances illusoires et préjudiciables. La sobriété déborde largement ce qui est relatif à l’usage de substances psychoactives. La sobriété fait contraste avec certaine disposition de pensée. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous pouvons discuter de celles qui nous viennent à l’esprit. Il en est ainsi de l’apitoiement ou de la victimisation. Ce positionnement écarte, à la fois, l’auto-critique, l’esprit critique et la capacité d’agir ou la décision de ne pas agir face à un contexte problématique.

Si une personne se révèle incompatible avec notre bien-être, plutôt que se lamenter sur notre triste sort mieux vaut réfléchir aux meilleures solutions pour se dégager d’une forme d’impasse relationnelle. La sobriété consiste à ne pas se payer de mots face à une situation compliquée. Elle fait réfléchir aux actes utiles et elle permet de les poser, en espérant modifier ainsi la situation critique.

La sobriété se confond avec l’usage immodéré du discernement.

Elle incite à ne pas adopter une attitude de soumission ou, à l’inverse, faire n’importe quoi, n’importe comment, pour manifester sa souffrance ou son désaccord. Se suicider ou renoncer donne raison à l’adversaire.

Il n’en reste pas moins que la sobriété est un art difficile et qu’elle a besoin, pour s’exercer, de dialogues et d’un minimum de chaleur humaine. C’est à ce niveau que l’on retrouve la neutralité bienveillante et l’empathie, l’amitié et l’amour, l’exercice physique, la créativité, le spirituel et la philosophie.

Avez-vous fait des progrès en sobriété depuis l’arrêt de la consommation ?

Qu’est ce qui vous pose le plus de problème pour disposer de cet état d’esprit ?