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Les fiches livres

Urgence pour l’école républicaine - Exigence Équité Transmission

Camille Dejardin

 

Tracts Gallimard

 

3€90 / n°42 / 51 pages

 

camilledejardin

Camille Dejardin est docteur en sciences politiques et professeur agrégé de philosophie. Elle a récemment publié chez Gallimard.

Voici ce qu’elle nous dit : « Chaque année, plus de 90% de nos lycéens décrochent le Bac. Pourtant, près de 60% des inscrits à l’université échouent à terminer une licence. Notre système scolaire, inefficace et pourvoyeur d’illusions, est contre-productif à l’égard de ses fins essentielles en démocratie : former l’individu autonome et le citoyen éclairé. Comment accepter que douze à quinze ans d’« éducation nationale » maintiennent nos jeunes dans l’ignorance et les mènent à l’échec ou au ressentiment ? » Premier commentaire : L’objectif de constituer des citoyens éclairés est-il d’actualité ? Le but réel de l’Education nationale n’est-il pas de produire une masse « d’abrutis » - excusez la violence du mot – dépourvus de sens critique et d’éthique ? La masse n’est-elle pas vouée à gober ce qui lui est proposé sur le marché pour en faire des consommateurs manipulables ? Comment ne pas comprendre que, pour les élites dirigeantes, la démocratie a vécu ? Leurs enfants bénéficient de circuits qui, tôt ou tard, à l’exception d’un résidu négligeable, les amèneront aux postes de commande, aux fonctions bien rémunérées, aux plaisirs « classants » qui en résultent, quoiqu’il en coûte au plus grand nombre et à la Société tout entière.

L’auteur nous apprend qu’il existe une Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) et un Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA). Au terme de la scolarité primaire, 60% ne maîtrisent pas correctement la lecture, 20% sont en situation d’illettrisme de fait, à 15 ans. Lorsqu’on évalue l’aptitude des élèves à donner du sens à ce qu’ils lisent et a fortiori à ce qu’ils écrivent, l’effroi saisit. Ce qui est essentiellement en péril, c’est « la capacité de former puis de formuler ses idées : ce que les Grecs appelaient le logos », cet ensemble d’outils du langage nécessaire au raisonnement, à l’expression de sa sensibilité et à la compréhension d’autrui. » Il s’agit de dépasser ses ressentis immédiats, de se décentrer de l’ego, de stimuler ses capacités d’imagination et d’empathie. Une hypothèse de l’auteure est que l’on propose un enseignement pour « sous doués », alors que chacun gagnerait à être confronté à un niveau d’exigence plus grand.

Nous retrouvons, plus loin, une idée répandue dans les milieux enseignants : celle des petits effectifs. Il y a quelques générations, une classe comportait 40 élèves et en fin de primaire chacun savait lire, écrire et compter, y compris ceux que l’on destinait au Certificat d’Etudes pour des carrières d’ouvriers et de techniciens.

Il est beaucoup question d’évaluation dans ce tract, au détail que l’ensemble des dispositions ajoutées au fil des réformes a pour principal objectif d’enlever toute signification aux examens du secondaire : le Brevet et au Bac. 

Une curiosité de la dernière réforme, celle du Ministre Blanquer : le

« Grand Oral », exercice de rhétorique de 5 minutes où l’élève va disserter d’un sujet qu’il ne connaît pas devant un jury d’ignorants.  

L’assurance langagière est une façon comme une autre d’imiter la vraie vie où chacun peut avoir des certitudes sur tout et participer à un dialogue de sourds. En réalité, toute personne qui a pris le temps d’acquérir des connaissances sait combien il est difficile de les transmettre avec clarté et combien il est utile de maîtriser sensiblement la relation pour que les propos soient entendus et compris par les intéressés. 

Pour les élèves une course s’engage afin d’être bien placés dans le « Parcours sup », comme si les goûts, les aptitudes et les talents se dégageaient dès la post-adolescence. « À mesure que les diplômes scolaires se dévaluent, les certificats parallèles prolifèrent ». La sélection par les appartenances sociales reprend tous ses droits. C’est un lieu commun de dire que « l’ascenseur social est en dérangement ».

Il serait souhaitable pour l’auteure que « les élèves soient à leur place dans leur classe ». Reste qu’un enfant de 11 ans a sans doute du mal à cohabiter, sans dommage, avec un élève de 15 ou 16 ans.

Il n’est pas question dans cet opuscule des violences, de tout ordre, sur les plus faibles et pas davantage des effets de la culture addictive, transgressive, et festive pour l’alcool.

Il est fait mention, en revanche, d’une « désintoxication numérique ». « Le ravage cognitif, affectif et social de (l’emprise numérique) plaide pour que l’école en soit protégée ». À quand l’interdiction des portables dans les transports en commun, au même titre que le tabac ? « Il s’agirait d’endiguer le lavage des cerveaux que les élèves s’infligent à chaque pause intercours où ils replongent dans leurs jeux et réseaux ».

La réhabilitation de 20% des salaires (comme pour d’autres professions d’utilité sociale évidente) n’est qu’un aspect de la question. Les enseignants ne peuvent être abandonnés à la « vindicte des usagers » et au surtravail. 

« Entre conscience professionnelle malmenée et conditions de travail éprouvantes, humiliantes, voire clairement risquées, les démissions se multiplient, parfois à la veille de la retraite. » Les ‘‘départs volontaires’’ sans indemnisation sont en progression constante.

Le désarroi de l’auteure est perceptible et suscite une question : à quoi sert de proposer des solutions sur des thèmes maintes fois discutés, quand ce qui crée des problèmes – la société politique qui s’est mise en place – est occulté ? 

Je terminerai sur des conclusions que je fais miennes, même si elles sont inégalement abordées par Camille Dejardin.

Chaque parent, quelle que soit son origine et son appartenance sociale, devrait avoir pour obsession d’apprendre à ses enfants à lire, écrire et compter dès l’école primaire. Les parents doivent se battre pour que les classes soient plus homogènes. Accueillir des autistes, des psychotiques et des caractériels dans des classes non spécifiques est un acte de malveillance pour tous les élèves. Ils ont à exiger que les examens sanctionnent le niveau véritable des élèves, sans démagogie, quitte à demander et à obtenir des cours de rattrapage quand leurs enfants connaissent des difficultés. 

La loi de neutralité républicaine et vestimentaire devrait s’appliquer sans ménagement dans un objectif de neutralité. La même tenue devrait attester de l’appartenance à un établissement pour effacer les distinctions selon les fortunes et les croyances parentales. L’autorité des enseignants devrait être respectée et protégée par les Directions. Leur recrutement ne saurait souffrir de l’abaissement de niveau lié pour partie aux salaires, aux contenus des programmes, au discrédit en termes d’autorité, et à la dévaluation des notes. Le développement de l’esprit critique devrait devenir une discipline à part entière associant les grilles de lecture historiques, sociologiques, philosophiques et politiques. Des intervenants issus de la société civile devraient pouvoir exprimer leur expérience et permettre des dialogues avec les élèves à chaque étape de leur cursus. 

Il va de soi que ce qui se passe à l’école n’est pas séparable ce qui se vit dans la société. Une école de rêve n’est pas imaginable dans une société de cauchemar, laxiste, violente, inculte, matérialiste, à courte vue. Tout commence là, cependant.

Préalable à une réflexion sur l’écologie

Vous allez me dire : pourquoi proposer une telle réflexion au groupe orchestre et aux adhérents de l’AREA ? La réponse coule de source. Le hors-sujet fait partie de notre façon de travailler. La problématique alcoolique incite à vivre sans œillères. Compter les verres ou concentrer les échanges sur le boire et le non-boire est le niveau le plus bas dans la façon de procéder. Nous essayons, par les temps qui courent, de privilégier l’esprit critique, plus que jamais malmené. Nul ne peut écarter la préoccupation écologique de sa vie, à moins d’être dénaturé. Nul doute que l’écologie soit une question politique. Raison de plus pour y réfléchir posément et sans passion. J’ai essayé, ces dernières années, de prendre connaissance de quelques ouvrages qui m’avaient été recommandés ou signalés. Je ne crois pas en avoir trouvé un qui suscite une pleine adhésion et m’ouvre l’esprit. Je suppose que cela tient à une divergence d’approche. Hannah Arendt fait une distinction fondamentale entre l’esprit de système et l’esprit systématique. L’esprit de système donne la même réponse à tout, à la façon du buveur qui boit aussi bien quand il est content, désespéré ou qu’il s’ennuie. L’esprit systématique examine le problème sous les angles permis par les différents types de connaissances. Au sein du même champ de connaissances, il existe de nombreuses approches qui s’articulent entre elles selon une hiérarchie qui va du plus décisif au moins déterminant.

Pour une question aussi compliquée que l’avenir de la planète, il me semble que la priorité est d’accorder une place fondamentale à ce que les sciences ont permis de distinguer.

J’ai cru comprendre que le moindre changement d’axe de gravité de la terre autour du soleil pouvait compromettre ou supprimer la vie, dans le sens de la glaciation que la terre a déjà connu ou du réchauffement. Je serais curieux de savoir si les scientifiques peuvent nous renseigner sur ce point. Le réchauffement de la planète est-il concerné par ce type de changement, à l’échelle des derniers siècles ? Si oui, cela signifie que nous ne sommes guère plus maîtres du jeu que les dinosaures qui la peuplèrent.

Autre sujet en débat, sommes-nous oui ou non entrés dans l’anthropocène et pour quelles raisons ? J’ai compris ce que l’on entendait par cette expression : la prolifération humaine et le bond prodigieux des technologies et des consommations constituent des facteurs déterminants du changement climatique. Si oui, cela pose question en premier lieu pour les technologies et en second lieu quant à la densité géographique des populations. Est-il possible de savoir avec précision quels sont les effets sur le climat des technologies dominantes ? Quels sont les choix à privilégier parmi ces différentes technologies ? La prolifération humaine pose plusieurs questions très compliquées. Plus les technologies gagnent du terrain, moins c’est bon pour le climat ; faudrait-il donc les réserver à ceux qui en usent et en abusent ? Plus les gens vivent vieux, plus longtemps ils consomment. Dès lors, quelles sont les raisons du principe de précaution pour les pandémies, des traitements coûteux pour prolonger des vies végétatives ? Pourquoi préférer les drones aux soldats lors des conflits entretenus dans les différents coins de la planète ? Ne faut-il pas voir dans ces choix apparemment moraux des motivations moins nobles : liberticides, économiques et politiques ? 

Les actions écologiques sérieuses et organisées sont mal connues ou ignorées. Pourquoi ne pas en faire des supports d’incitation, plutôt que privilégier les petites phrases des réseaux sociaux et les faits de vie dans les journaux ? A quoi sert de montrer la pollution des plages, les cadavres de poissons ou d’oiseaux, l’amoncellement des emballages plastiques dans des recoins d’océan, si le gouvernement ne donne pas l’élan et le cadre nécessaire à des alternatives ? Que fait-on dès maintenant pour protéger les rivages côtiers de la montée des eaux donnée comme inexorable ? Pourquoi ne pas favoriser visiblement les inventions et les industries qui pourraient changer la donne ?

Nul ne conteste la nécessité de rapprocher les experts des différents pays, notamment les plus pollueurs, pour décider des politiques susceptibles d’enrayer le réchauffement climatique. Quelle est la portée de ces rassemblements médiatisés ? Peut-on imposer aux pays en voie de développement, les restrictions que les pays favorisés refusent avec la dernière énergie ? 

A l’échelle individuelle, peut-on prêcher la vertu aux pauvres alors que les élites ne se refusent aucun déplacement, aucun moyen sophistiqué pour jouir de ce qu’ils décident comme enviables ? 

La question écologique semble l’objet en France d’une triple dilution à l’échelle mondiale, européenne et locale. 

Il n’est pas question de s’opposer à la dilution opérée par le mondialisme financier, aux mouvements de population engendrés par les conflits locaux souvent entretenus par les grandes puissances rivales et par le réchauffement climatique. 

Il est confortable de mettre en avant la législation européenne pour s’interdire d’avoir une politique écologique appropriée, sachant que celleci couvre l’ensemble des champs de la connaissance : politique de l’eau, de l’urbanisme, de l’agriculture et de l’industrie, de la démographie, de la santé, de l’éducation… Les normes opposables devraient servir à combattre l’envahissement du marché intérieur par des produits de mauvaise qualité. Que deviennent l’obsolescence programmée et la politique de récupération des métaux et des terres rares utilisés par la technologie numérique ? 

A-t-on mesuré les effets sur la vie humaine - relationnelle et mentale - des nouvelles avancées technologiques ?

Les initiatives locales ou personnalisées, reprises de la « stratégie du colibri » occupent, tout en infligeant des contraintes supplémentaires peu compatibles avec le sentiment de vivre libres. Le simple bon sens et un minimum d’éducation dispensent de polluer la voie publique. Nous ne sommes pas opposés au tri communal sous réserve qu’il soit efficace et qu’il ne consomme pas du temps. 

Un aspect déplaisant de l’écologie politicienne est de se confondre avec une idéologie urbaine, volontiers interdictrice, pseudo-naturaliste, défendue par une partie de la population des villes. L’homme est un omnivore mais libre à chacun de s’en tenir à une alimentation végétale sans considérer comme des monstres les pêcheurs à la ligne, les chasseurs de sangliers ou les amateurs de fromages. Un dédain des questions écologiques politiques se manifeste dans leur extrême attention à ce qui importe le moins et à une belle indulgence pour les consommations qu’ils s’autorisent ; à moins qu’ils choisissent de se donner en exemples de frugalité plus ou moins masochiste, ce qui ne change rien aux problèmes de fond.

Voilà quelques banalités qui attestent de mon ignorance. Je serai tenté naïvement de croire qu’un consensus pourrait se constituer autour des impératifs écologiques. Je ne demande qu’à être rassuré.

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