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Les fiches livres

Techno-féodalisme

 

Critique de l’économie numérique

Cédric Durand

La découverte

12€50, 238 pages

technofeodalimse

Le terme de techno-féodalisme est nouveau. Rapprocher l’âge féodal de l’emprise technocratique développée par les géants du numérique peut déconcerter. Cédric Durand est économiste à l’université de Genève. Ses recherches portent sur les mutations du capitalisme à l’heure de la mondialisation, de la financiarisation et des dictatures intellectuelles. L’auteur a ses arguments pour défendre ce terme en référence aux quelques grands groupes qui se partagent ce marché créant un lien de dépendance discrétionnaire entre eux et ses utilisateurs.

J’aime autant dire, d’emblée, sans avoir totalement lu ou parcouru cet ouvrage de lecture peu aisée, ce que je peux penser moi-même de la pertinence de cette expression de techno-féodalisme.

Il est évident que l’ère numérique impacte la planète entière, les us et coutumes de la presque totalité de ses habitants. Elle transforme aussi bien les rapports sociaux que le fonctionnement des Etats et des ensembles économiques. Elle domine les individus, les contrôle, les influence et, au final, les isole, en leur donnant une illusion de liberté, de gain de temps (!)

Les systèmes de production et d’échanges en sont profondément bouleversés. Les Big DATA instrumentalisent le capitalisme productif en imposant de plus en plus la commercialisation virtuelle par le biais des plateformes du type Amazon.

En clair, il s’est créé un nouveau stade du capitalisme mondial, encore plus liberticide et anti-écologique que les autres. Il suffit de savoir comment s’opère l’extraction des terres et des métaux rares en Chine et ailleurs. Le Capitalisme industriel mettait peu ou prou en présence patrons et ouvriers. Il permettait l’expression d’une certaine conflictualité et, par réalisme, une recherche de compromis. Par le pouvoir des grands groupes, les PME fonctionnent comme des équivalents-ouvriers. (Voir le splendide film Un autre monde). La mondialisation disperse et éloigne les agents productifs des lieux de décision et de conception. L’ingénieur qui conçoit le programme numérique ne verra jamais l’ouvrier qui assemble l’outil. Les banques centrales opèrent, protégées par des institutions supranationales, inaccessibles aux citoyens. Elles participent à la mise en coupe réglée des économies nationales. Les Etats ont la charge, dans ce décor de rêve, de fournir les policiers, les soldats et …les juges. Ils deviennent techniquement dépendants, pour la moindre de leur activité, des BIG DATA.

Je voudrais témoigner de la pertinence de ce terme dans le champ de la Santé et plus concrètement dans le fonctionnement de la Sécurité sociale. Mes patients savent que j’ai subi, du jour au lendemain, un changement de la Société qui régit les actes médicaux (Société Orisha à la place de Sephira). J’ai dû deviner que le lecteur de carte vitale devait être changé. J’ai dû me débrouiller moi-même, sans assistance technique, pour rendre fonctionnel ce nouveau lecteur. Ce modèle multiplie le nombre d’opérations nécessaires pour valider l’enregistrement et conforte la sujétion. Il est indispensable de se couper de la relation avec le patient pour mener à bien, sans faire d’erreur, l’enregistrement du mode de paiement. J’enregistre l’acte sur le mode compulsif., comme le rat qui appuie sur la pédale de l’électrode. Il faut être capable de remédier ponctuellement à certains dysfonctionnements aléatoires. La Sécurité sociale, qui a délégué la fonction des paiements à ce type de sociétés, a été incapable de traiter les feuilles de maladie-papier que j’avais dû remplir et faire remplir pendant les semaines de carence aux patients. Plusieurs milliers d’euros ne sont pas réglés car les feuilles de maladie remises dans la boite aux lettres de la CPAM sont introuvables ! L’usage de l’ALD s’est retourné contre moi !

Je suis aussi démuni qu’un serf face à un Seigneur omnipotent. Ainsi, l’informatisation a également cette caractéristique de transformer les Administrations en forteresses inexpugnables.

Pour couronner le tout, grâce à l’Intelligence Artificielle, la moindre anomalie d’une feuille de maladie adressée par un patient suscite le renvoi de la feuille au médecin et, de façon dissociée, la menace d’un prélèvement de la somme payée par la Sécurité sociale sur les sommes qu’elle doit au médecin au titre des tiers-payants. Nous devons identifier, sans même connaître le nom, l’erreur, dans le « lot » des consultations expédiées ce jour-là ! Le médecin est ainsi transformé en « idiot objectif ». Le transfert de charges bureaucratiques peut se complète ainsi d’un non-paiement des prestations et de sanctions financières ! Nous sommes ainsi, revenus, grâce à la numérisation des services, au temps du féodalisme. Cette expression que l’on pouvait juger approximative se révèle exacte, non seulement à l’échelle des DATA, des banques, des institutions supranationales, mais également des différents fiefs bureaucratiques d’un pays.

Le numérique devient ainsi une arme dirigée contre la relation humaine qu’il dénature. Il s’attaque au dialogue intérieur qu’il hystérise. Il traque ou folklorise tout acte alternatif. Il multiplie les Léviathan en donnant tous les pouvoirs aux bureaucraties qui régissent nos vies. Il facilite les incitations permanentes à la haine. Le monde hyperconnecté qu’il a créé génère des solitudes insupportables. Il encourage les addictions les plus misérables. Il participe à l’abêtissement de masse.

Dans son introduction, l’auteur choisit d’évoquer une perquisition dans une société texane spécialisée dans la production de jeux de rôle numériques en 1990. Un livre est, notamment, saisi : « Gurps Cyberpunk ». Son auteur, Lyod Blankenship, dit en substance que « lorsque le monde devient plus rude, les grandes entreprises s’entendent pour former des quasi-monopoles. Comme le féodalisme, c’est une réaction à un environnement chaotique, une promesse de service en échange d’une garantie de soutien » (p10).

La démocratie s’épuise, le contrôle s’accroît, pendant que l’imposition des grandes sociétés s’amenuise passant de 35% à moins de 25% en moins de trente ans.

Misère de l’idéologie californienne

La Silicon Valley se situe au sud de la baie de San Francisco. Elle a été également nommée la porn Valley pour sa concentration en production pornographique. Elle concentre un grand nombre de milliardaires nord-américains et de firmes comme Alphabet, Face Book, Hewlett Packard, Netflix… « Ce lieu particulier est le paradis des start-up. Fortune à ceux qui trouveront la formule magique : la bonne idée, au bon moment, susceptible de se répandre comme une traînée de poudre ». Elles constituent « un imaginaire conquérant fait d’audace, d’ouverture d’esprit et d’opportunités ». Leur création comporte un risque d’échec, 9 fois sur 10 « pour un retour sur investissement potentiellement gigantesque ». Est-ce cela que voulait dire Monsieur Macron, fraichement élu, en 2017, quand il énonçait en anglais « I want France to be a start-up nation » ? Le consensus keynésien de l’après-seconde guerre mondiale misait sur l’action de l’Etat. Le consensus de Washington, à la fin du 20me siècle, sous le double patronage de la Banque Mondiale et du FMI, choisissait, au contraire, de libérer le libéralisme. Le consensus de la Silicon Valley privilégie l’innovation et l’entreprenariat dans le domaine de la connaissance, centrés sur le profit financier, cela va sans dire.

« A la fin du XXème siècle, l’avènement d’Internet crée un nouvel espace social à la croisée de l’informatique, des télécommunications et des médias. L’idéologie californienne est le « produit de l’hybridation de la contre-culture hippie des années 60 et de l’adhésion enthousiaste des nouveaux entrepreneurs au principe du libre marché » (p21). Les rêves du « village global » ont abouti à donner force à un univers orwellien.

  1. L’idéologie de la start-up

Les sympathiques start-up ont pour destin de disparaître, d’être absorbées ou de grossir pour devenir des techno-féodalités. « La start-up n’a rien à voir avec la petite entreprise pouvant prospérer modestement et durablement en servant un marché local et en assurant des revenus raisonnables à ceux qui y travaillent. » (p43)

  1. La préférence pour le contrôle : le paradoxe du nouvel esprit du capitalisme.

« Le siège de Google nous vend du rêve avec ses séances de yoga, ses restaurants gratuits et ses salles de gym ouvertes 24h sur 24. Il met ainsi en scène le monde innocent et ouvert que l’entreprise se propose de faire advenir » (p53).

« Le préparateur de commande d’Amazon exécute pas à pas les instructions transmises par voie numérique via son casque, qui répond aux questions par : « Répétez, ce mot n’est pas compris ».

L’ouvrage comporte de nombreuses références utiles à ceux qui voudraient approfondir encore le degré et les formes d’aliénations induites.

  1. Naufrage du numérique européen

« Les dirigeants européens ambitionnaient en l’an 2000 de mettre l’économie de la connaissance » au premier plan. Or, nous sommes les clients des USA. L’Europe n’est présente que deux fois, en 2023, sur les 50 sites les plus populaires : deux sites pornographiques contrôlés par une société polonaise dont les propriétaires sont des citoyens français (p73)

Il va de soi que ce qui est dit des dirigeants européens s’appliquent à nos politiciens français obsédés par leurs calculs électoraux.

Dès les années 2000, « L’Europe mène à marché forcée ses programmes de dérèglementation et de libéralisation » qui font affaiblir les industries nationales, pendant que la Chine ou la Corée du Sud parvenaient à devenir des leaders mondiaux à partir des investissements publics et des mesures de protection adéquates. (p75).

« L’espace du débat critico-rationnel est étouffé par les deux sources de contrôles que sont l’argent et le pouvoir administratif (p85)

L’idéologie en actes « tend à produire des subjectivités atomisées, cantonnées à un rôle de consommation, obnubilées par les performances individuelles (p85).

De la domination numérique

  1. La dernière frontière

La conquête de l’espace numérique ressemble à la conquête de l’Ouest, pour Indy Johar : « La nature des Seigneurs qui prélèvent les tributs est la même. (p87)

« Le cœur de l’activité d’Amazon est une transformation cognitive de l’accès aux marchandises » (p88).

« Le cyberspace est la dernière des frontières américaines… nous entrons dans de nouveaux territoires où il n’y a encore aucune règle – de même qu’il n’y avait pas de règle sur les territoires du nord-ouest en 1787. (Esther Dyson, p90).

  1. Algorithmes et capitalisme de la surveillance

Une petite phrase résume la situation : « Big Other veille sur un monde d’où on ne s’échappe pas »

Hayek et Keynes que tout oppose s’accordaient sur le fait que l’économie est une source ( ??? oui/non ? ) d’information et de connaissance.

Amazon s’est fait le champion de la recommandation. Google occupe le rôle d’un moteur de recherche incontournable. Il met en valeur, de son point de vue, ce qui est important et de côté ce qui ne l’est pas. Les premiers moteurs de recherche fonctionnaient à partir de mots-clés. Le ciblage est devenu plus éclectique et plus précis. Il est facile de tout savoir sur la cybersécurité, sur la maison intelligente et, plus largement, sur nos besoins commercialisables.  (p105)

Facebook repère et mémorise nos traces, via les applications mobiles.

Pour Judith Duportail : Constamment collée à mon téléphone, ma vie virtuelle a pleinement fusionné avec ma vie réelle. Il n’y a plus de différence. (p117).

La Chine est en pointe dans son élaboration d’un système de surveillance à des fins de pilotage en partie automatique du social (p 141). Le fantasme de l’Etat cybernétique vise à automatiser l’administration. Le petit exemple personnel que j’ai décrit plus haut à propos des relations avec les organismes de paiement et de contrôle de la Sécurité sociale nous donne une idée de ce monde enchanteur.

Nous vérifions de la même manière combien la multiplication des dispositifs de surveillance et de dépistages de la moindre infraction dans nos agglomérations, les rappels aux normes et l’incitation à la méfiance envahissent l’espace public au détriment du respect mutuel au sein de la population. La conduite déviante justifie la surveillance mais d’où vient la conduite déviante ? Comment l’éviter si, réellement, elle doit être modifiée ou empêchée ?

Nous laisserons à des esprits plus affutés que le nôtre le soin de décrypter le chapitre sur les rentiers de l’intangible, même si, intuitivement ou par observation, nous mesurons l’importance, dans nos sociétés, des imposteurs et des détourneurs de savoirs.

L’hypothèse techno-féodale

« Aux IXème et Xème siècle, l’Occident médiéval est une société abruptement hiérarchisée, où un petit groupe de « puissants » domine la masse des « rustres ». Selon Georges Duby (2014), le principal effet de l’organisation féodale est de drainer les surplus collectés vers le tout petit monde des chefs et de leurs parasites pour satisfaire goût du luxe et besoin de « grandeur ». L’Eglise s’inscrit dans cette logique. Elle possède le 1/3 ou le ¼ des terres. Le vassal a une sorte de délégation de pouvoir de son Seigneur et maître. Les serfs sont à la merci de leur Seigneur. Ce modèle a fonctionné pendant 6 siècles.

L’esclavagisme a pris le relais en plusieurs parties du Monde, jusqu’à l’avènement de la civilisation industrielle, en Europe. Celle-ci – nous l’avons déjà dit – a donné lieu à l’expression de la conflictualité entre les propriétaires de moyens de production et d’échange tant que la proximité physique le permettait. Cette conflictualité et la démocratie qu’elle faisait vivre ont été mises à mal par la mondialisation. La numérisation du Monde achève, en quelque sorte, le « travail », au sein de blocs rivaux, en redistribuant la domination de minorités sur des majorités hétérogènes. La domination se nourrit de « persuasion », de manipulation, de contrôle, d’anesthésie et d’abrutissement, de coercition et d’oppositions internes à la masse des dominés. Les addictions participent activement à ce processus. Une limite de ce système de domination est qu’il règne de plus en plus sur une masse de personnes capables de consommer mais non de se gouverner mentalement et, au final, de participer à la bonne marche du Collectif. Il développe une logique de prédation qui fait des émules dans la population.

« L’individu, dans son travail, puis dans toutes les phases de sa vie, se trouve tendanciellement exproprié de sa propre existence. » Comme le souligne le philosophe Etienne Balibar, l’évolution implique une perte totale d’individualité, dans le sens d’une identité et d’une autonomie personnelle ». Cependant, « face aux tentatives de le vider de sa substance, le sujet s’enfuit » (p201).

« Par la négation de l’autonomie autonome créatrice, les subjectivités individuelles et collectives sont disloquées. Les individus ne sont plus rien. Les épidémies contemporaines de souffrance professionnelle procèdent en partie une telle dynamique de désaffection. Avec la poussée techno-féodale, la logique de l’écrasement avance au grand galop. » (p221)

La vie semble « appartenir à la main invisible des algorithmes »

Quelles sont les alternatives à ce monde toujours plus sous contrôle ?

Que faut-il pour que nos élites et sous-élites prennent conscience des conséquences destructrices de leurs choix ?

Quand arriverons-nous à un usage raisonné et humanisé du numérique ?

A partir de quand, les populations sauront-elles dire non ?

Le cygne noir

La puissance de l’imprévisible

suivi de

Force et fragilité

Nassim Nicholas Taleb

Les belles lettres

15€90 602 pages

 

lecygnenoir

Il existe sans doute de nombreuses façons d’être un auteur et/ou un éditeur cruel. Face à un ouvrage de 600 pages, la réaction physiologique du lecteur moyen est d’éprouver une fatigue anticipée à la perspective de devoir venir à bout de l’ouvrage, d’autant que d’ordinaire, le dit-lecteur doit faire face à ses obligations. Le bénéfice du doute revient à l’auteur. Il doit certainement avoir à expliquer des choses intéressantes et, sans doute, a-t-il intégré que la pédagogie exige que l’on se répète, même s’il peut être plaisant et judicieux de se contredire, étant donné le caractère contradictoire de la plupart des vérités.

En l’occurrence, le thème de l’ouvrage ne devrait pas prêter à de violentes disputes. Ainsi, les cygnes sont blancs mais il s’en est trouvé de noirs, en Australie. En cela, les cygnes sont à l’image des humains et qu’importe le plumage ! C’est l’étonnement qui est étonnant.

Le parcours de l’auteur est atypique. Il est d’origine libanaise. Il a appartenu à une éminente famille de responsables politiques. Son pays a connu un temps où les différentes communautés s’entendaient bien. Ce temps est révolu. Nassim Taleb est devenu citoyen nord-américain, trader, philosophe et enseignant.

Il en veut beaucoup aux vérités statistiques et à la courbe de Gauss. Lorsque l’alcoologue que j’essaie d’être se trouve face à un nouveau patient, il ne se dépêche pas de le situer sur une courbe de Gauss qui fixerait la probabilité de « s’en sortir » et il se moque des statistiques. Cependant, il ne faut pas décourager la pratique des schémas pour donner une idée grossière de la réalité. Dans La personne alcoolique, j’avais donné le schéma d’une courbe de Gauss pour dire que les chances de chacun étaient inégales et imprévisibles, l’idée de base étant que les chances se répartissaient autour d’une moyenne. La plupart des statistiques véhiculent des biais qui en réduisent la portée. Elles aboutissent à obscurcir le réel plus qu’à l’éclairer. Un chiffre fondé sur l’expérience donne un ordre de probabilité dont il est raisonnable de ne pas tenir excessivement compte. Un schéma peut être le reflet d’un ensemble et il aide à éviter de donner au particulier la valeur d’une vérité générale. La Clinique et d’une façon plus large la Connaissance procèdent par sauts qualitatifs et démentis successifs. C’est ce qui fait dire ironiquement à Socrate : « Je sais que je ne sais rien ».

Taleb rappelle l’exemple de la dinde prévue pour Noël. Jusqu’à J-1, tout va bien pour elle. Les humains ne sont pas habituellement plus malins que les dindes. Ils ne s’émeuvent pas des signes avant-coureurs d’un danger imminent ou s’ils s’en inquiètent, c’est pour n’en retirer aucune décision pertinente.

Nous sommes également d’accord avec lui pour reconnaître la « puissance de l’imprévisible », sous-titre du texte principal. Il n’en résulte pas qu’il ne faille pas prévoir mais, dans ce domaine précis, la part de ce sur quoi nous avons réellement prise est souvent ténue. Nous savons bien, par exemple, que les discours sur la prévention sont les ornements de politiques qui créent en réalité les problèmes dont elles s’alarment.

Taleb évoque, entre autres, les biais de confirmation. Nous sélectionnons de préférence ce qui alimentent nos préjugés.

Je vais conclure cet essai raté de lecture critique. La rédaction d’un tel ouvrage suggère une disponibilité dont le lecteur ordinaire est dépourvu : disponibilité de l’auteur au niveau de l’érudition et du temps d’écriture. La simple table des matières est constituée de dix pages. Les références bibliographiques vont de la page 429 à la page 478, auquel s’ajoute un index de la page 479 à la page 487. Un essai d’une centaine de pages termine ce pavé d’écriture fine : Force et fragilité.

Nous conserverons sans doute quelques intitulés, de parties, de chapitres ou sous-chapitres, pour y réfléchir, en faisant l’économie du temps passé à la découverte de cet auteur prolifique, particulièrement brouillon. Nous sommes ouverts à découvrir toute réflexion personnelle tirée de la lecture du « Cygne noir »

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