AREA 31 AREA 31 AREA 31
  • Accueil
    • Actualités
  • Association
    • Qu’est-ce que l’AREA ?
    • De l'AREA au C3A
    • Pourquoi adhérer ?
    • Etudiants
  • Méthode de soin
    • L'offre de soin et le sevrage
    • L'aide aux familles
    • Les psychothérapies individuelles
    • L’hospitalisation brève
  • Réunions et ateliers
    • Thèmes du Lundi
    • Les groupes de parole
    • L'atelier cinéma
    • L'atelier de relations interpersonnelles
    • Recherche en alcoologie
    • Conférences
  • Librairie et cinéma
    • La librairie
    • Les fiches cinéma
    • Les fiches livres
  • Videos
  • Contact
    • Formulaire de contact
    • Plan d'accès AREA et C3A
  • Partenaires

Les fiches livres

Le cygne noir

La puissance de l’imprévisible

suivi de

Force et fragilité

Nassim Nicholas Taleb

Les belles lettres

15€90 602 pages

 

lecygnenoir

Il existe sans doute de nombreuses façons d’être un auteur et/ou un éditeur cruel. Face à un ouvrage de 600 pages, la réaction physiologique du lecteur moyen est d’éprouver une fatigue anticipée à la perspective de devoir venir à bout de l’ouvrage, d’autant que d’ordinaire, le dit-lecteur doit faire face à ses obligations. Le bénéfice du doute revient à l’auteur. Il doit certainement avoir à expliquer des choses intéressantes et, sans doute, a-t-il intégré que la pédagogie exige que l’on se répète, même s’il peut être plaisant et judicieux de se contredire, étant donné le caractère contradictoire de la plupart des vérités.

En l’occurrence, le thème de l’ouvrage ne devrait pas prêter à de violentes disputes. Ainsi, les cygnes sont blancs mais il s’en est trouvé de noirs, en Australie. En cela, les cygnes sont à l’image des humains et qu’importe le plumage ! C’est l’étonnement qui est étonnant.

Le parcours de l’auteur est atypique. Il est d’origine libanaise. Il a appartenu à une éminente famille de responsables politiques. Son pays a connu un temps où les différentes communautés s’entendaient bien. Ce temps est révolu. Nassim Taleb est devenu citoyen nord-américain, trader, philosophe et enseignant.

Il en veut beaucoup aux vérités statistiques et à la courbe de Gauss. Lorsque l’alcoologue que j’essaie d’être se trouve face à un nouveau patient, il ne se dépêche pas de le situer sur une courbe de Gauss qui fixerait la probabilité de « s’en sortir » et il se moque des statistiques. Cependant, il ne faut pas décourager la pratique des schémas pour donner une idée grossière de la réalité. Dans La personne alcoolique, j’avais donné le schéma d’une courbe de Gauss pour dire que les chances de chacun étaient inégales et imprévisibles, l’idée de base étant que les chances se répartissaient autour d’une moyenne. La plupart des statistiques véhiculent des biais qui en réduisent la portée. Elles aboutissent à obscurcir le réel plus qu’à l’éclairer. Un chiffre fondé sur l’expérience donne un ordre de probabilité dont il est raisonnable de ne pas tenir excessivement compte. Un schéma peut être le reflet d’un ensemble et il aide à éviter de donner au particulier la valeur d’une vérité générale. La Clinique et d’une façon plus large la Connaissance procèdent par sauts qualitatifs et démentis successifs. C’est ce qui fait dire ironiquement à Socrate : « Je sais que je ne sais rien ».

Taleb rappelle l’exemple de la dinde prévue pour Noël. Jusqu’à J-1, tout va bien pour elle. Les humains ne sont pas habituellement plus malins que les dindes. Ils ne s’émeuvent pas des signes avant-coureurs d’un danger imminent ou s’ils s’en inquiètent, c’est pour n’en retirer aucune décision pertinente.

Nous sommes également d’accord avec lui pour reconnaître la « puissance de l’imprévisible », sous-titre du texte principal. Il n’en résulte pas qu’il ne faille pas prévoir mais, dans ce domaine précis, la part de ce sur quoi nous avons réellement prise est souvent ténue. Nous savons bien, par exemple, que les discours sur la prévention sont les ornements de politiques qui créent en réalité les problèmes dont elles s’alarment.

Taleb évoque, entre autres, les biais de confirmation. Nous sélectionnons de préférence ce qui alimentent nos préjugés.

Je vais conclure cet essai raté de lecture critique. La rédaction d’un tel ouvrage suggère une disponibilité dont le lecteur ordinaire est dépourvu : disponibilité de l’auteur au niveau de l’érudition et du temps d’écriture. La simple table des matières est constituée de dix pages. Les références bibliographiques vont de la page 429 à la page 478, auquel s’ajoute un index de la page 479 à la page 487. Un essai d’une centaine de pages termine ce pavé d’écriture fine : Force et fragilité.

Nous conserverons sans doute quelques intitulés, de parties, de chapitres ou sous-chapitres, pour y réfléchir, en faisant l’économie du temps passé à la découverte de cet auteur prolifique, particulièrement brouillon. Nous sommes ouverts à découvrir toute réflexion personnelle tirée de la lecture du « Cygne noir »

Vie d’Ésope

Corinne Jouanno

 

 

Les belles lettres - 2006

257 pages

 viedesope

Voici un ouvrage de taille raisonnable qui réjouit l’esprit. La vie plus ou moins légendaire d’Ésope, - référence du genre populaire que constituaient les fables, au IVème siècle avant notre ère - , a donné lieu à trois récits successifs, trois sources, trois transpositions ou recensions dont les deux dernières découlent de la première, tout en la complétant sur quelque points et en la censurant sur d’autres. La plus ancienne et complète est la recension G (trouvé dans le monastère de Grottaferrata), La suivante est la recension W (première lettre d’un éditeur allemand nommé Westermann. La dernière, ou Accursiana, la plus récente, date du XVième siècle. Elle est certainement l’œuvre d’un moine byzantin, nommé Planude qui a revu les propos irrévérencieux et parfois paillards, attribuées à Ésope, pour les rendre compatibles avec la bienséance de son époque. Nous pouvons être reconnaissants à ceux qui ont pu sauvegarder les papyrus de ces différentes versions de la vie d’Ésope.

Ésope était donc un esclave dont la morphologie était particulièrement repoussante qui justifiait toutes sortes de qualificatifs évocateurs tels que « marmite à pieds » car il était gros avec des membres courts, « courtaud » et « bancal ». Surtout, il était incapable d’articuler un mot.

La première histoire que l’on rapporte de lui est l’épisode des figues. Un serviteur s’était entendu avec un collègue pour manger de belles figues réservées à leur maître. Ils décidèrent d’accuser Ésope. Sur le point d’être injustement battu, Ésope remplit d’eau un grand récipient d’eau qu’il but avant de le vomir. Devant l’absence de résidus de figues, le maître exigea que les accusateurs imitent Ésope et c’est ainsi que leur mensonge fut démasqué.

Une autre histoire correspond à la façon dont Ésope retrouva la parole. Une des prêtresses de la déesse Isis s’était égarée. Ésope interrompit sa sieste dans un endroit de rêve, merveilleusement décrit (p67), pour l’aider à retrouver son chemin. Pour le récompenser de sa sollicitude, Isis lui donna la parole et les muses, pour ne pas être en reste, lui donnèrent la capacité de raconter des histoires et d’inventer des fables.

Dès lors, Ésope associa son intelligence à la parole. Il fit preuve de l’insolence de certains dominés, maniant les doubles sens pour avoir raison de ses interlocuteurs. Sa cible privilégiée devint son maître le philosophe Xanthos. Il avait, auparavant, manifesté son intelligence, en choisissant de porter un sac de pains, très lourd au commencement d’un voyage. À mesure des repas, le sac devenait plus léger. Les autres esclaves avaient fini par comprendre le choix d’Ésope.

Il existe parfois une méchanceté réactionnelle chez ceux que la vie n’a pas favorisé. La laideur d’Ésope nourrit son goût pour l’affrontement verbal. Ses arguments étaient opposables, contrairement à la fable du Loup et de l’agneau. Un soir d’ivresse, Xanthos se vante de pouvoir boire la mer. Ésope va le tirer d’affaire en lui faisant dire qu’il la boira, à condition que les rivières et les fleuves cessent de l’alimenter.

Ésope se révèle un conseiller politique avisé. Les habitants de l’île de Samos ayant été sommés par le Roi Crésus de lui verser un tribut pour éviter son courroux, Ésope leur oppose la route de la liberté, longtemps difficile et périlleuse, à la route de l’esclavage qui se rétrécit et se dégrade à mesure de la progression. Cette image qui conclut cette présentation vaut aussi bien pour les addictions, pour les prêts usuriers que pour la vie politique. Elle est d’une brûlante actualité, même s’il est recommandé de ne pas se payer de mots.

Plus d'articles...

  1. Ce qui dépend de nous
  2. Plutôt couler en beauté Que flotter sans grâce
  3. Penser contre soi-même
  4. Le génocide voilé
  5. Les mécanismes du désir
Page 10 sur 49
  • Début
  • Précédent
  • 5
  • 6
  • 7
  • 8
  • 9
  • 10
  • 11
  • 12
  • 13
  • 14
  • Suivant
  • Fin

Copyright © 2025 area31.fr - Tous droits réservés - Mentions légales
AREA 31 - Association de Recherche et d'Entraide en Alcoologie, en addictologie et en psychopathologie