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Les fiches livres

Comment parler des faits qui ne se sont pas produits ?

Pierre Bayard

Les Éditions de Minuit

16€50, 170 pages

L’usage du paradoxe pourrait ajouter du désordre à la confusion des opinions. Pierre Bayard montre qu’il n’en est rien. L’auteur poursuit sa méthode exploratoire de la subjectivité humaine avec un nouvel opus à la musicalité familière : « Comment parler des faits qui ne se sont pas produits ? ».

Nous vivons, avec le Covid-19, une période troublée, dominée par des messages contradictoires et des contraintes absurdes qui prennent congé du bon sens, de nos besoins de liberté et de relation. L’incohérence renforce la peur. Elle encourage les opinions à l’emporte-pièce qui ajoutent encore à la perturbation générale.

La question posée par Pierre Bayard n’en est que plus stimulante. La littérature, illustration de la fiction, peut-elle venir au secours des éclairages dont nous avons besoin pour vivre ?

La dédicace à Simon Leys, donne le ton de l’ouvrage, tout en justifiant la mise en examen. Leys fut le premier à dénoncer l’imposture de la « Révolution culturelle » chinoise que contribua à exporter Maria-Antonietta Macciocchi, touchée par la grâce maoïste.

L’introduction permet de comprendre le sens de la réflexion proposée. Bayard plaide en faveur de la Fable comme ingrédient indispensable à la vie humaine. Il précise sur « l’importance, avant de s’engager dans une discussion, de ne pas s’encombrer, à propos du sujet dont on parle, de connaissances inutiles qui ne peuvent qu’être sources de préjugés ».

L’ouvrage commence par le rappel d’une imposture littéraire qui donna lieu au film « Survivre avec les loups ». Une Mowgli-fille part à la recherche de ses parents. L’histoire est émouvante même si elle est fausse. Que des gens capables de raison aient pu accréditer qu’une petite fille soit non seulement adoptée par des loups mais que ces derniers lui confient des louveteaux pendant qu’ils partaient chasser en dit long sur nos besoins de crédulité. Steinbeck partie à la recherche de l’Amérique profonde en compagnie de son chien : version officielle. En réalité, son périple fut aussi et surtout réalisé avec son épouse. Son talent de narrateur embellit ou créa de toutes pièces plusieurs épisodes de ses rencontres. Le jeune Chateaubriand aurait aimé converser avec son aîné de 35 ans, Georges Washington. Il semble qu’il ait surtout fait antichambre et inventé le récit de leur entretien. Léonard de Vinci a fasciné Freud qui a conceptualisé la théorie de la sublimation à partir d’une supposé abstinence sexuelle de ce génie éclectique. Qu’une part de l’énergie sexuelle soit sublimée dans divers phénomènes tels que l’amour du prochain, le goût de la politique ou la créativité, est devenue une évidence clinique et sociologique. Sigmund a eu besoin d’un Léonard de fiction pour expliciter sa théorie.

La seconde partie examine des « situations de discours ». Elle commence par le cas John Perse qui fut conduit à inventer une partie de son œuvre pour justifier son Nobel et sa place dans La Pléiade. Sa correspondance de jeunesse est riche de 39 lettres rédigées ou réécrites pour sa « canonisation ». Le diplomate acquit ainsi frauduleusement le statut de « poète visionnaire ». Nulle certainement mieux qu’Anaïs Nin sut organiser une vie amoureuse compliquée avec deux maris, dont un banquier, et cinq amants simultanés. Elle tenait des fiches à jour pour ne pas se couper et, tâche exténuante, un double journal, un fictif, montrable, et un autre qui l’aidait à garder une incertaine unité mentale. Bayard enchaîne sur plusieurs faits qui n’ont pas eu lieu. Le plus célèbre fut l’invasion des Martiens, en 1938, au crédit de l’imagination d’Orson Welles qui produisait une émission radio inspirée de « La Guerre des Mondes » de H.G. Wells. Un nommé Cantril fit appel aux « standards de jugement » pour expliquer les différences de comportement, des plus rationnels aux plus affolés.

L’auteur analyse avec finesse la force de conviction qui conduisit Hannah Arendt à considérer – à tort – Eichmann comme le prototype de l’homme quelconque capable de devenir un « criminel de bureau », espèce à vrai dire prolifique, habituellement ou virtuellement côtoyée. Qu’Arendt se soit trompée de diagnostic dans sa volonté de démontrer la force du totalitarisme par la logique de l’obéissance, ne change rien à la justesse de son analyse.

Bayard conclut sur la nécessité de s’éloigner du réel pour mieux en rendre compte et sur l’intérêt de beaux récits capables de charmer et de dynamiser l’enfant en nous, que nous ne devrions jamais laisser mourir. Bayard poursuit son travail de consolation. Merci à lui !

 

 

 

 

Ci-gît l’amer, Guérir du ressentiment

 

 

Ci-gît l’amer

Guérir du ressentiment

Cynthia Fleury

Éditions Gallimard

 

Guérir du ressentiment ; surtout éviter de s’ancrer dans une posture « ressentimiste ».

Cynthia Fleury montre comment les sentiments d’injustice et d’impuissance conduisent au ressentiment. L’insécurité culturelle, sociale, économique, la dénarcissisation à l’œuvre dans un monde ultra-marchand font naître de l’amertume. Peu à peu, la rumination mène à la haine de l’autre et se cristallise en ressentiment.

Plus on s’enfonce dans cet éprouvé, moins on peut le conscientiser. On adopte une position de déni et de revendication victimaire, s’enfermant dans une opposition systématique sans plus discerner le sens de cette opposition.

Que dans une société survienne une personnalité, même médiocre, qui semble sécurisante et les sujets ressentimistes la choisissent comme leader avec le risque de glisser vers le populisme ou, l’histoire l’a montré, vers le fascisme.

 Quand je lis sous la plume de Cynthia Fleury  « déni », « camisole de jouissance », comment ne pas penser à la problématique alcoolique qui conduit le sujet à devenir « le parfait geôlier de lui-même » ? Quand je lis « rumination », « ressentiment », comment ne pas penser au familier qui réagit en adoptant une posture victimaire avec, parfois, une certaine « jouissance de l’obscur » et la tendance à « l’auto-empoisonnement » ?

Lutter contre la dérive ressentimiste, « enterrer ou affronter l’amer », nécessite de prendre soin de l’individu en amont, de lui offrir les conditions de son individuation, de l’ouvrir vers autre chose que les objets de jouissance immédiate proposés en permanence par les entreprises séductrices du monde de la consommation, de lui permettre de travailler à « l’augmentation du Moi ». Travailler à affronter la séparation, « ci-gît la mère », sans s’abîmer dans une nostalgie mortifère.

Cultiver l’art de la sublimation pour ne pas sombrer : « ci-gît la mer ». Si elle évoque le naufrage, la mer évoque aussi le grand large et la navigation. Prendre le large, aller vers l’Ouvert c’est « choisir la voie créatrice du discernement ». Je pense au groupe de parole : n’est-il pas un espace privilégié pour « développer l’aptitude à tisser avec ses névroses » et refonder sa vie ?

Au fil des pages, la pensée de plusieurs auteurs est analysée. Parmi eux, Montaigne, Nietzsche, Simone Weil (la philosophe), Frantz Fanon.

Un livre dense qui vient bien à propos dans la situation sociale et politique actuelle.

Cynthia Fleury est philosophe et psychanalyste.

Un commentaire (HG) :

Le ressentiment est, souvent, un poison inutile et pénible de la conscience. Ressasser évoque l’impuissance. Il est quelquefois suffisant de laisser parler les faits d’eux-mêmes pour, par exemple, démasquer une imposture. Cependant, une injustice opérante, une situation inique demandent des réponses appropriées pour éviter l’aggravation du malheur.

L’acte de résistance sollicite le discernement et le courage, l’acceptation du risque lié au pas-de-côté ou à l’opposition. La colère peut être une source d’énergie altruiste. Le ressentiment traduit souvent l’incapacité d’avoir réagi en temps utile et de façon appropriée. Les sujets qui font le choix de dénier le réel n’ont pas de ressentiment ni d’amertume. Ils nomment patience leur passivité et sagesse leur indifférence frileuse.

 

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