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Les fiches livres

Dommage Tunisie

La dépression démocratique

Hélé Béji

Gallimard, Tracts, n°9 2019

3€90, 45 pages

 

Hélé Béji a obtenu l’agrégation de lettres modernes en 1973, après être passée par la Sorbonne. Critique de l’évolution politique et idéologique de la Tunisie, elle fait vivre depuis 1998 dans sa maison natale de Tunis, un espace de libre débat qu’elle a nommé le Collège international de Tunis. Sans autorisation officielle et sous surveillance elle s’efforce de faire vivre le débat intellectuel. Auteure de nombreux ouvrages, elle s’est appliquée à décrire les aliénations post coloniales, les négations de libertés, les régressions identitaires. L’opuscule « Dommage Tunisie » s’inscrit dans la lignée de sa réflexion.

« La révolution Tunisienne » du 14 janvier 2011 est consécutive au suicide par le feu d’un modeste marchand nommé Bouazizi. Il était chômeur, simple vendeur ambulant, sans doctrine politique ou religieuse. Curieusement son sacrifice entraina un choc émotionnel assez fort pour renverser le pouvoir autoritaire en place. Ce souffle de liberté est unique. Un peuple musulman a fait une révolution sans l’influence d’un autre pays et sans impulsion religieuse. « Pour la première fois, des musulmans se sont dressés contre eux-mêmes ». L’opinion suivante peut s’appliquer à l’alcoologie : « Aucune puissance étrangère ne peut apporter la liberté à quelqu’un s’il ne l’a pas conçue par lui-même. Personne ne peut vous forcer à être libre, si vous n’avez pas décidé de le devenir. La liberté est une besogne qui ne peut être laissée à d’autres. Et aucun groupe particulier n’en est le dépositaire ni ne doit s’en prévaloir comme prétexte à domination.

Hélé Béji le déplore : « Nous n’avons pas su garder avec nous notre peuple juif. Il ne sert à rien maintenant de parler de vivre ensemble, c’est trop tard ». Nous pouvons considérer, d’une certaine manière, les personnes en difficulté avec l’alcool comme les juifs d’un pays antisémite. Cette population innombrable a été privée d’une identité positive. Les différences manifestées face aux usages festifs et addictifs ne sont pas davantage acceptées par les représentants de la Norme. La révolution tunisienne de 2011 a été celle de la dignité, cette même dignité que l’on écarte comme moteur de la sobriété alcoolique. La Norme comme l’idéologie démocratique « n’admet aucune dissidence, car son tribunal a un bonnet plus pointu que celui de l’Inquisition ». Elle condamne ses déviants au cachot sublimé, avec les cures en milieu psychiatrique. Béji se plait à rappeler que son père avait été traité avec les mêmes égards « que ses camarades français, qui jusqu’au plus tard de sa vie, furent ses amis indéfectibles ». A l’époque, les capacités intégratives de la culture étaient une évidence. Aujourd’hui, les gouvernements complaisants préfèrent la démagogie, la constitution de ghettos, les oppositions ethniques et religieuses, la sous culture consumériste et religieuse.

« Nulle part , écrit Tocqueville, l’irreligion n’était encore devenue une passion générale, ardente, intolérante ni oppressive si ce n’est en France. On travailla ardemment et continûment à ôter des âmes, la foi chrétienne qui les avait remplis et on les laissa vides ». Le champ était libre pour que notre hypermodernité s’étale sans pudeur ni mesure : inculte, affairée, immergée dans les nouvelles technologies, fascinée par son insignifiance, d’autant plus vulnérable aux addictions. Un nouvel obscurantisme était né, à l’initiative des « progressistes », autorisant le déferlement des intolérances les plus extrêmes.

Béji termine son interpellation par l’expression d’une forme originale de dépression, celle issue du naufrage de la démocratie.

C’est au nom de la démocratie désormais que chacun peut se donner les moyens de son étouffement, avec la complicité des médias. Ce qui est vrai pour la démocratie l’est tout autant pour l’alcoologie humaniste. Dommage.

 

L’Europe Fantôme

 

Régis Debray

Gallimard, Tracts, n°1 2019

3€90, 45 pages

 

Le saviez-vous ? La bannière de l’Europe aux douze étoiles d’or s’inspire de l’Apocalypse de Saint-Jean ! Douze, comme les apôtres.

Pour ce numéro inaugural de la Collection Tracts chez Gallimard, Régis Debray s’est appliqué. Son document, agréable et léger, est une plaisante dissertation sur une Espérance déçue, une de plus, mais qu’importe, l’Espérance est vouée à renaître. Le pari est que l’illusion soit suffisamment proche des réalités pour ne pas engendrer de nouveau monstre.

« Une parole d’évangile n’est pas à la merci des événements qui eux, en revanche, ont à se justifier des déceptions et des démentis qu’ils infligent à nos vœux ». Debray plaide : « Refuser de faire droit aux illusions, ce serait mépriser ce qui fait d’un mammifère un peu lourd un être humain plein d’allant ». Il poursuit : « S’affirmer à présent bon européen, comme jadis bon chrétien, c’est se ranger parmi les gens fréquentables et l’eurosceptique sait se faire discret par crainte de se voir assimilé au nationaliste qui sacrifie l’amitié entre les peuples à de frileux et sordides réflexes ». Un rappel d’Histoire au passage : le souvenir des accords de Locarno en 1930, avec le plan d’Aristide Briand « d’union fédérale européenne. Monnet et Schuman, au lendemain de la seconde guerre des Temps Modernes, misèrent sur le Marché commun pour instaurer une Europe fédérale, pilotée par l’Allemagne, marché ouvert aux USA, dans l’attente d’autres colonisations. « L’euro, poursuit-il plus loin, ne nous raconte aucune histoire, paysage ou transcendance ». Si bien, que « l’UE ressemble à un rassemblement pour la photo de groupe ».

« Exister, ajoute-t-il, un peu plus loin, c’est se séparer, se poser, s’opposer et inclure, exclure ». « Lorsque l’Europe rayonnait sur le monde, pour le meilleur et pour le pire, elle n’existait pas comme Institution ou Confédération ». Si « son identité, ajoute-t-il, consiste à accueillir toutes les identités, à quoi s’identifier ? ». Propos de portée générale : « Quand un corps se métamorphose, avec ses sensations, ses goûts, ses rythmes, ses visuels, l’esprit se modifie aussi ». L’Européen de notre temps « a des velléités mais, à la fin, il fait où Washington lui dit de faire, et s’interdit de faire là où et quand il n’a pas la permission ». L’abandon du français pour l’américain, soit un langage de communication, de programmation et de publicité, est une forme de suicide par consentement mutuel.

Pour Debray, l’Europe se caractérisait culturellement par « l’association de quatre facultés partout ailleurs incompatibles – « Le sens critique, l’imagination, la confiance et le scepticisme ». Cette remarque m’a rassuré quant au style donné à « Anesthésie générale, l’esprit critique à l’épreuve des addictions ». Il est vrai que nous avons troqué ce mélange détonnant pour « la prière et le fric », façon outre-Atlantique. Debray se rassure : « le 4 juillet n’est pas encore fête nationale ». « Personne ne sait où L’Europe commence et où elle se finit ». L’auteur souligne : « Le monopole de la mise en récit appartient à ceux qui en ont les moyens techniques ». « Le post-moderne préfère l’avoir à l’être ». Le passage sur la Défense européenne vaut son pesant de sigles. Il « n’y a rien de gai à voir le Continent où fut inventé la Politique s’émasculer lui-même avec l’extension du domaine marchand à tous les aspects de la vie, la statistique en idole suprême ».

Recommandation conclusive, non dépourvue d’ambiguïté : « Ne lâchons pas la proie pour l’ombre ». « Rien de grand ne s’accomplit ici-bas sans passion » et la passion est coûteuse en énergie, en inconfort… Cependant, si la passion est écartée, que reste-t-il ?

La fragilité d’une posture intellectuelle, Debray le dit, un moment, dans sa dissertation, c’est de ne jamais se confronter au réel. « Le réel, précise-t-il, c’est ce qui résiste ». Nous retrouvons la bonne vieille praxis, si peu pratiquée par ceux qui nous dirigent et parlent en notre nom, avec forces références savantes qui les distinguent et les font reconnaître.

 

 

 

 

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