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Les fiches livres

Les mécanismes du désir

Comprendre la passion, la jalousie et la rivalité             

Jean-Michel Oughourlian 

Robert Laffont          

18€90, 238 pages, 2024

 

lesmecanismesdudesir

L’introduction met d’emblée l’accent sur l’apport constitué par la découverte des neurones miroirs, en 1996. Cette identification aide à concevoir un  cadre unifiant face à la diversité des situations mentales. L’auteur présente d’emblée plusieurs cas cliniques dominés par la discorde, la jalousie, la rivalité, la violence, la haine, et autres souffrances relationnelles. Il situe la découverte des neurones miroirs dans le prolongement des théories mimétiques exposées dès 1961 par René Girard, notamment dans Mensonge romantique et vérité romanesque.  

Pour l’auteur, la majorité des pathologies rencontrées (phobies, angoisses, hystéries, passions destructrices, jalousies obsessionnelles, anorexie) sont des maladies du désir. Quand la rivalité induite par le désir mimétique nous lie trop intensément à un modèle, nous devenons esclaves de ce rapport hostile (p27).  

I – Mon désir ne m’appartient pas

Spinoza  : «  Les hommes se croient libres par cette seule cause qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont déterminés.  »

Le désir est toujours copié sur le désir d’un autre. Il renvoie à des modèles culturels dont la publicité a tiré sa force.

Oscar Wilde  : «  Il existe deux tragédies dans la vie  : l’une est de ne pas satisfaire son désir, l’autre de le satisfaire.  »

Le besoin se satisfait sans spécificité à la différence du désir. Le besoin ne suscite pas de désir, à la différence du désir qui peut susciter un besoin.

L’instinct est une séquence de comportements génétiquement intégrés.

Valmont (des Liaisons dangereuses) à madame de Tourvel  : «  Je vous ai aimé, je ne vous aime plus. Ce n’est pas ma faute  ... Mon désir a duré autant que votre vertu.  »

L’imitation inconsciente ou mimésis peut porter sur le paraître, l’avoir ou, moins communément, sur la façon d’être, voire l’être.

2 – Il n’y a pas de désir sans relations

C’est bien parce que la conscience est pétrie d’altérité qu’elle est sensible à l’hypnose.

Imitation et suggestion correspondent.

3,4,5 – Il est fait référence à la Bible

L’homme est le seul vivant doté d’un langage complexe et d’une créativité polymorphe.

Le serpent fait naître le désir par l’interdit de la connaissance et, ce faisant, il fonde la condition humaine.

Tout désir suppose une rivalité, tels Abel et Caïn.

  • – Des précurseurs

Le langage s’acquiert sur le mode mimétique. Il suffit de répéter des mots à l’enfant pour qu’il se les approprie.

L’auteur insiste sur l’apport de Gustave Lebon  sur les phénomènes d’entraînement observés au sein des foules. La suggestion, la mise en condition, crée une contagion mentale.  

(Cf 1984, les cris de haine et les saluts mains levées et croisées des ouvriers après les morceaux de propagande de Big Brother). Il se crée un état de somnambulisme collectif suivi d’amnésie.

  • – La découverte des neurones miroirs

Ce sont des chercheurs italiens de l’université de Parme qui les ont identifiés en 1996 (Rizzolati, Fogessi, Gallese…). Avec cette découverte, nous avons l’explication du langage, des apprentissages, des émotions partagées. Les neurones miroirs s’activent par l’observation. Ils entrent de nouveau en jeu au moment de reproduire l’action. Il s’agit de neurones prémoteurs.  

Un nouveau-né imite l’expérimentateur qui lui tire la langue (Melzoff, Seattle). On retrouve des neurones miroirs dans l’aire frontale motrice, mais également ailleurs. Ce n’est pas une imitation stupide. Les enfants choisissent d’imiter ce que nous voulons faire, comme adultes.

Les autistes présenteraient des altérations (identifiées par pet-scan) dans le gyrus frontal antérieur et une partie du cortex prémoteur. Le dysfonctionnement dans le cortex insulaire et cingulaire correspondrait à l’absence d’empathie, ce qui est une façon de souligner la prégnance de l’environnement. En autres termes, un enfant vivant dans un contexte perturbant risque fort de s’en trouver perturbé. Bonjour les smartphones, les réseaux sociaux, la société consumériste, du paraître et de la compétition, les parents trop préoccupés...

  1. Les maladies de l’imitation

Le désir transfigure l’objet et nous fait prendre des vessies pour des lanternes, ce qui est une façon de souligner la force de la subjectivité.

Suit une interprétation des diverses pathologies mentales.

La structure névrotique identifie toujours la différence entre lui et son modèle, à la différence de la structure psychotique qui le confond. L’hystérie transpose sur une partie du corps le désir à dominer. La confusion entre l’autre et soi se retrouve dans la paranoïa où l’autre se trouve mis en accusation pour combattre un sentiment de culpabilité.

La partie IV est consacrée à la «  clinique de la rivalité  »

  1. La pathologie de la réciprocité

La réminiscence, toujours sensiblement la même, renvoie le sujet à l’altérité de son propre désir, qu’il croit être le sien.

L’imitation pathologique peut porter sur le paraître. Le désir d’être conforme aux canons de beauté de la période suscite découragement, dépression et troubles addictifs  : anorexie, boulimie.

L’imitation pathologique peut porter sur l’avoir  : une Rolex sinon rien.

Un progrès se réalise quand la personne concernée prend conscience qu’elle reproduit à l’identique le comportement d’un de ses parents.

Certains sujets incarnent des identifications multiples, selon les circonstances.  

L’ouvrage cite le cas de Malkam Ayyahu (décrit par Michel Leiris). Elle parlait d’elle toujours à la troisième personne.

L’imitation pathologique peut porter sur le désir:  

Dans les phobies, le sujet est évitant et s’il se rapproche de l’objet qui l’effraie, il est saisi d’angoisse.

Le phénomène est inverse dans les obsessions. Le sujet doit y retourner sans cesse. Nous nous rapprochons des addictions. Le désir rejoue les batailles perdues. Ainsi, le souci infructueux et toujours répété de contrôler la consommation.

10. La jalousie de la moitié

Le couple devient le champ clos d’un rapport de force permanent, bien qu’inapparent au premier regard. La rivalité s’exprime de différentes manières  : rancune, colère, ressentiment, dépression. Cela s’observe au sein des couples où l’un boit et l’autre veut contrôler la situation. Ce passage comporte, sans surprise, des cas où l’alcool est présent.  

Cela se voit aussi bien dans les couples unis que chez des associés ou des collègues. La situation peut devenir caricaturale quand les époux ou conjoints font le même métier dans la même entreprise.

Raymond Devos  : «  Mon pied droit est jaloux de mon pied gauche.Quand l’un avance, l’autre veut le dépasser. Et moi, comme un imbécile, je marche  !  »  

Le phénomène de la balançoire s’observe, exacerbé depuis que les hommes et les femmes ont des tâches similaires. Une solution est la division sociale du travail. Chacun a des pôles d’excellence et une forme de complémentarité. L’interchangeabilité complète devient source d’ennui et de frustration. Il condamne chaque partenaire au phénomène du miroir.

Nous en arrivons ainsi où, dans le couple, chacun se détruit pour détruire l’autre. Nous retrouvons l’alcool dans ce genre de relation faussement triangulaire.

Le travail peut jouer un rôle équivalent dans une version fusionnelle du couple et réveiller un sentiment d’abandon enfoui. La travaillomanie peut séparer du monde aussi efficacement que l’alcool, la cirrhose en moins.

Le donjuanisme et le messalianisme sont des pathologies de la relation. L’autre est chosifié, dominé, rejeté, une fois possédé. L’autre est détruit pour en déposséder un rival, identifié ou non. Le couple est une illusion éphémère dont ne se remettra pas la «  proie  ».  

À propos des bouteilles d’alcool et des guerres en Europe  : «  Encore une que les boches ne boiront pas.  »

11. La jalousie du tiers

Le chapitre consiste dans un retour sur les histoires du début. Le lecteur constate que le thérapeute improvise beaucoup pour tenter d’aider les patients à sortir de l’impasse dans laquelle ils sont enfermés.  

Les hindous adopteraient parfois une position extrême  : si je n’ai rien, je ne peux rien m’envier, personne ne peut me jalouser, je n’ai plus de rivaux. Il n’est pas certain que ce dénuement ne suscite pas de jalousie chez les insatiables. Lui ou elle ne s’en font pas  !  

Il convient de considérer la bêtise humaine avec le plus grand respect et éviter de la provoquer inutilement, telle est mon opinion.  

Dans le même ordre d’idée, un tiers peut aider à ce qu’un couple se retrouve. Ainsi, la scène inaugurale du (de Molière): un homme bat sa femme, un tiers secourable intervient et la femme se réjouit au point de donner ses encouragements quand l’homme se détourne d’elle pour châtier l’intrus.

Ne pas se croire obligé de vivre la vie sur le mode de la compétition est une bonne recommandation, à moins d’y attacher une importance ambivalente  : si je gagne, je suis content, si je perds, je suis satisfait que l’autre soit content.  

La conclusion  : donner du temps à ce qui nous importe.

 

L’empire de l’urgence

ou la fin de la politique

  

Julien Le Mauff

puf, Société

20€, 200 pages

lempiredelurgence

 

Julien Le Mauff mobilise pour son ouvrage deux grilles de lecture, politique et historique. Il met l’accent sur le rôle de l’urgence et de l’exception comme modes de gouvernance des populations. Son livre est marqué par ce que nous avons vécu avec le confinement. Il pointe, après d’autres, « la pénétration de l’urgence, dans la vie quotidienne » (p17) et sa fonction politique dans l’empêchement à penser. Quelle est la fonction politique de l’urgence ?

1. En suspension

L’urgence est devenue une technique du gouvernement. L’état d’urgence correspond à une suspension de l’ordre juridique normal et d’un certain nombre de droits fondamentaux qu’elle est censée garantir.

Une période a été ouverte avec les événements terroristes, inaugurés par le 11 septembre 2001. Avec la pandémie de 2020, nous avons vécu une urgence sanitaire à l’origine de dispositions diverses, dont certaines défiaient le bon sens, sans pour autant provoquer de rejets massifs. « L’afflux de populations largement originaires de l’ancien empire colonial français (p 27) a abouti à des enclaves qui ont elles-mêmes justifiées la banalisation de la présence policière un peu partout. Si bien que « l’activité gouvernementale pourrait bien n’être plus rien d’autre que le traitement politique d’une urgence généralisée… Une question d’ordre politique n’est plus pertinente pour celui qui exerce le pouvoir, que si elle présente quelque caractère urgent. « L’urgence ne presse pas que le temps, mais s’impose de façon physique à celui qui en ressent le poids »  (p29). Elle dispense de l’effort de comprendre les situations et de réfléchir à des réponses structurelles. La priorité est donnée, de façon obsessionnelle, à l’événementiel. Bourdieu : « Les faits divers sont aussi des faits qui font diversion » (p40). « le fait divers constitue une forme invisible de censure, et appartient aux stratégies de production d’un consens vide, qui visent à la dépolitisation. La force de l’urgence est ainsi d’absorber tout problème pour qu’il s’y conforme. Celui qu’on ne parvient pas à présenter comme urgent se trouve éliminé (p41).

2. Quand l’exception fait la règle

« L’état d’exception, c’est la mise en suspension de l’État de droit. Il introduit des « fluctuations incessantes ».

La République de Weimar en 1929 établit très rapidement l’état d’exception. Il permet au gouvernement social-démocrate de Friedrich Ébert d’écraser la révolution spartakiste en fusillant notamment dans la rue Rosa Luxembourg. Dès cette époque, Carl Schmitt théorisa en faveur de la dictature. Il se retrouvera quelques années plus tard comme soutien intellectuel du régime national-socialiste. Pour lui, « le pouvoir souverain ne réside pas en premier lieu sur le degré de coercition ou de domination mais dans l’existence d’un monopole de la décision (p63).

3. Indistinction du droit et de l’exception

Pour Erasme, « c’est quand la langue dérape qu’elle dit la vérité ».

Pour Walter Benjamin : « La loi et l’exception se confondent, comme deux manières de constituer une domination violente exercée par celui qui détient le pouvoir sur ceux qui en sont les sujets » (p75). La question de l’urgence aboutit à des questions : « qui décide, qui édicte l’urgence, qui définit les pouvoirs exceptionnels, qui les détient ? (p 83)

4. Violence souveraine et renversement victimaire

« L’état d’urgence anti-terroriste a visé à saper les moyens de lutte sociale et de contestation contre une série de projets d’inspiration néolibérale (gilets jaunes, réforme des retraites, jeux olympiques à venir…). Amnesty International a relevé 2500 blessés parmi les manifestants des gilets jaunes, dont 24 ont perdu un œil et 5 une main (p93). « Le politique considère le moment manifestant comme une occasion de mettre en scène le pouvoir face au désordre » (p98). L’auteur fait une référence à Hérode et au « massacre des innocents », exemple victimaire de la violence souveraine. La violence dans la rue et la violence policière se confortent et se justifient mutuellement.

La clé de compréhension du désordre du monde, au moins du nôtre, correspond à la globalisation de l’économie, à l’effacement des frontières, au refus de privilégier d’autres critères que le profit financier.

5. Derrière le masque de la souveraineté

Le recul du modèle démocratique est sensible. Plusieurs puissances dont la Chine et la Russie ne s’en réclament pas. D’autres, dont le nôtre, s’apparentent à un modèle présidentiel caricatural.

L’État national est largement sous tutelle. Le président est autant désigné par les électeurs qu’il est adoubé par les milieux d’affaires et les superstructures supranationales. L’État « donne l’impression d’une impuissance grandissante » (p 123)

Dans la mesure où les gouvernements semblent dépossédés du pouvoir réel, il leur est laissé la faculté de réagir aux urgences et aux événements, en paroles du moins , ce qui revient à une double négation de la politique. Le Prince et les représentants deviennent les porte-paroles de postures morales.

L’urgence a remplacé toute projection vers l’avenir. Elle rend inutile l’analyse rigoureuse des situations et la compréhension des problèmes. Il y a toujours un problème ou un événement dont il faut parler urgemment.

L’urgence apparaît ainsi comme une des modalités d’une « dictature libérale » (P142).

6. Climat : le sens de l’urgence

Petit rappel : les avions qui tournent à vide pendant une période dans le contexte du confinement aux excursions spatiales sous-orbitales, il est établi que l’élite ne s’encombre pas de rationalité ou de scrupule quand son bon plaisir est en jeu.

7. En temps d’urgence : la vie suspendue

Une référence aux… monastères, avec une citation de Bernard de Clairvaux « Le cloître est un paradis, une région protégée par le rempart de la discipline ». (p180)

« Dans des sociétés traversées par l’urgence, l’individu doit ne jamais considérer sa vie comme urgente, mais faire taire ses aspirations, et accepter que le délai, le report, l’attente, la fragilité des situations soient constitutifs de son existence. »

Un impératif constamment renouvelé : s’adapter.

8. L’effraction démocratique

L’élite a fait sa loi d’un message de Margaret Thatcher : « There is no alternative » : nous n’avons pas le choix. Nous pouvons toujours nous exprimer par référendum contre le projet constitutionnel européen, comme en 2004 en France et aux Pays-Bas, mais le vote sera invalidé, d’une façon ou d’une autre, en l’occurrence par le traité de Lisbonne. Nous devons nous conformer aux injonctions d’un libéralisme autoritaire, comme la Grèce en 2015. L’auteur conclut ainsi ce chapitre : « toute expression démocratique demeure au fond, essentiellement geste d’effraction », que l’État et le Droit ne saurait tolérer (p206).

Épilogue :

La décolonisation des empires d’hier a abouti à la colonisation financière mondialisée.

Aurons-nous les moyens d’être ingouvernables, tout en agissant utilement ?

Commentaires

Cet ouvrage est utile car il montre que l’urgence comme discours et méthode est le plus sûr moyen de laisser les mains libres à ceux qui nous asservissent et nous divertissent, au prétexte de nous gouverner.

L’urgence s’oppose à la fois à la réflexion politique et à la mise en œuvre de projets s’inscrivant dans une logique d’intérêt général.

L’urgence est le refus de la politique ou tout au moins la poursuite d’une politique, à l’abri de toute intervention démocratique. 

Nous le vérifions souvent, à l’échelle des individus, dans le cadre des problématiques alcooliques. Nous serions censés devoir répondre aux urgences, alors que dans la quasi-totalité des cas, il suffit d’attendre pour que le taux d’alcool revienne à zéro et qu’une discussion puisse avoir lieu.

L’urgence escamote le débat et l’action concertée.

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