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Les fiches livres

Plutôt couler en beauté Que flotter sans grâce

Réflexions sur l’effondrement

Corinne Morel Darleux

Libertalia - 2019-2024

10€ 107 pages

Réflexions saisies avec la lecture de ce livre de petit format.

 

libertalia plutot couler en beaute couv web rvb

De Bernard Moissetier, navigateur auquel l’auteur fait référence tout au long de son livre :

« Le capitaine attend le miracle, entre le bar et le salon… mais il a oublié qu’un miracle ne peut naître que si les hommes le créent eux-mêmes, en y mettant leur propre substance » (La Longue route).

Le rapport Meadows qui critique la croissance économique date de 1972.

« Pas de médiocrité ou de trahison qui n’ait déjà été opérée » (p12)

Moissetier est comparé à un Maverick, « un cheval sauvage qui choisit de vivre en marge de la harde : il reste à distance mais suit la marche du troupeau, sans jamais s’en éloigner jusqu’à s’en exclure » (p17)

« La consommation ostentatoire », avec l’idée de « conforter leur place sociale et de se singulariser » (p21).

L’otium «au sens de temps libéré » est l’objet d’une rivalité mimétique, une fabrique de l’ignorance (p22)

Hannah Arendt : « Les mots justes trouvés au bon moment sont de l’action » (p25)

« Le refus de parvenir n’implique ni de manquer d’ambition ni de bouder la réussite (p26)

« Refuser une promotion est contre-intuitif, mais ça ne signifie pas qu’on manque d’ambition. Simplement qu’on ne place pas tous l’épanouissement au bon endroit ». (p28)

« Le refus de parvenir doit s’accompagner d’une réflexion politique...traverser un moment dur quand vous l’avez choisi, quand vous vous sentez en phase avec vous-même, est très différent de le subir par le contrôle qu’exercent d’autres sur votre vie » (p30)

« S’alléger pour mieux avancer » (p31)

« Pour que la pauvreté subie se transforme en frugalité choisie, il y a besoin de choix individuels, mais aussi d’organisation collective. De services publics et de protection sociale... Besoin de réduction de temps de temps libéré, afin que le souci de l’intérêt général puisse s’engager et s’exprimer » (p35)

« Besoin d’une organisation collective qui assure ces dispositifs de solidarité et de consentement à l’impôt ; payer des taxes n’est acceptable que si on en voit l’utilité pour soi ou la société » (p36)

« Le refus de parvenir, c’est le dédain des distinctions sociales, de démarches avilissantes » (p37), une insubordination (p38), une « émancipation de la tutelle et de l’autorité, une volonté de cesser de nuire, pour en revenir à la valeur d’usage, l’intention de transformer ses difficultés individuelles en force collective. » (p39).

« L’héroïsme ne nait qu’avec un choix délibéré » (p40) « des constructions intellectuelles, de la formation d’un esprit critique, de capacités de réflexion autonomes : en un mot d’éducation » (p41)

« On peut être pauvre et faire preuve d’esprit bourgeois, à pieds joints dans le conformisme social » (p42)

« Le propre d’un système oligarchique est de nous faire croire que les choses sont ainsi, qu’il n’y a pas d’alternative. Qu’il faut suivre la marche du progrès » (p43)

« Le maintien dans la logique promotionnelle du système est paresse de l’esprit, soumission volontaire, aveuglement et déni qui ne dépendent que de chacun » (p44).

« Le véritable ennemi est celui qui sait, qui possède des leviers pour que ça change, peut choisir de les activer, et qui ne le fait pas. De manière délibérée »... « Beaucoup de personnes sont aujourd’hui conscientes des changements de fond à mener mais n’en ont tout simplement pas la possibilité. Leurs conditions matérielles d’existence entre précarité, disparition de services de proximité, nécessité de travailler, dévissage culturel, laissent peu d’énergie et de disponibilité d’esprit à la fin de la journée » (p54).

« Le système (dominant) décourage les initiatives collectives, associatives, en les asphyxiant une par une. » (p57).

« Le glissement insidieux du combat politique au registre moral » (p58)

« La société en est arrivée à un tel état de dévissage culturel, le conformisme et l’injonction normative sont devenus de tels fléaux, que toute déviation, tout pas de côté, toute élégance gratuite en vient à acquérir une portée subversive. Aussi, couplés à une intention politique, le refus de parvenir et la dignité du présent sont aujourd’hui susceptibles de s’inscrire dans la longue lignée de l’action directe et de la non-coopération au système, au titre de «  sabotage symbolique » (p59)

Corinne Morel Darleux évoque son parcours de « transfuge de classe » qui a choisi de ne plus être partie prenante d’un système promotionnel, au demeurant très complexe et contrasté. Elle a payé, de différentes manières, son « pas de côté ». Comme tout un chacun refusant de « parvenir ». Elle évoque sa crainte, que son livre soit assimilé à un ouvrage de développement personnel, réunissant conseils et vérités premières. Nous pouvons la rassurer.

« Pour organiser le pessimisme, encore faut-il partir de ce qui est. Dans une société parcellisée par des décennies de déstructuration méthodique des liens sociaux, on peine à retrouver une classe pour soi, consciente d’une appartenance commune. De même qu’il ne suffit pas de crier le plus fort pour avoir raison, et que répéter une erreur cent fois n’en fait pas une vérité, la méthode Coué ne suffira pas. » (p70)

« Les dérèglements climatiques, la dépendance au numérique, la spéculation financière, l’impasse démocratique, la surexploitation des ressources naturelles, l’explosion des inégalités sociales… Qu’en faire, comment organiser une culture de résistance ? (p77)

Pour ce qui nous concerne, nous avons, depuis longtemps, fait le choix du refus de parvenir. Nous n’avons jamais négligé, depuis, la dimension éthique, culturelle, politique et même spirituelle de notre investissement. Nous avons toujours relié notre particulier – le champ de l’alcoologie – à l’état et à l’avenir de nos sociétés. Nous avons conscience de nos limitations et de nos limites. Comment faire bouger les lignes ? En interpellant, de façon claire, ponctuelle et précise, ceux qui tiennent des commandes. Beaucoup se détourneront mais notre optimisme consiste à penser – « peut-être pas tous » – et à interpeller ceux qui subissent directement le programme de marginalisation, de soumission, d’abrutissement et d’élimination, au premier rang desquels figurent les addictés.

Penser contre soi-même

Nathan Devers

Albin Michel

20€90  327 pages

pensercontresoimeme

 

Comme son nom ne l’indique pas, Nathan Devers est le fils d’un couple d’intellectuels sépharades. Il eut très tôt une facilité à apprendre et à maîtriser l’hébreu au point de vouloir être rabbin, dès l’adolescence. Il est devenu, ensuite, professeur de philosophie, après  Normale Sup. Son livre est le récit d’une évolution logique.

J’ai noté au passage des indications qui, à un titre ou à un autre, qu’il m’a paru utile de dégager de ce récit non chronologique. Que les lecteurs juifs pardonnent l’inculture que j’essaie d’atténuer par telle ou telle annotation.

Le Yom Kippour ou jour du Grand Pardon est un jour à part, auquel participent juifs croyants et athées. Remarque : il existe d’autres événements religieux qui réunissent croyants, agnostiques et athées. Ils n’ont cependant pas un caractère d’obligation.

Auteuil : la Jérusalem des Juifs assimilés.

Généalogie : « comprendre ce que j’ai fait de ce que les autres ont fait de moi » (p31)

« Dieu existe, certes, mais en tant que question » p 56

« Les bilingues, quel pouvoir incarnent-ils sinon du dédoublement des songes » (p61)

Un juif pratiquant doit composer avec 613 commandements (P138). Faut-il voir dans cette extrême ritualisation du quotidien, et de ce qu’il en reste dans l’inconscient culturel juif, une explication à l’extrême rareté de l’alcoolisme dans la population juive ?

Paradoxe judicieux, cette maxime des Proverbes « Éduque l’enfant selon son propre chemin » (p138)

Technique d’intervention du rav (rabbin) Kotmel qui influencera l’auteur alors adolescent : prononcer les premières phrases d’une voix à peine audible, moyen très efficace (employé aussi par mon propre prof de philo) pour que le silence se fasse. À relever également la voix monocorde, les phrases à rallonge, avec des pauses, les digressions, les « hors-sujets »… Au bout de quelques minutes, ne restaient éveillés que ceux qui étaient là pour écouter et réfléchir. (p158)

La pensée juive ne reflète aucune géographie, sinon le territoire de ses propres symboles (p160)

« Je suis d’accord avec ta question » (rav Kotmel) (p164)

À propos de l’art oratoire : « des propos clairs, des raisonnements solides. Un orateur est quelqu’un qui n’a pas peur d’haranguer ses meubles . La réthorique est un art de timides, d’autistes et de mégalomanes : elle suppose d’être nul en dialogue. C’est une question de voix haute et debout. L’élocution fluidifie ce qu’on pense. À croire que les idées ont besoin de résonner pour dévoiler leur vrai visage. (p168-169). Le privilège de l’oral sur l’écrit : il n’en subsiste rien. Renonçant à capturer la vérité autant qu’à se conserver dans la mémoire, ils ne valent guère davantage qu’un murmure éphémère. (p171)

Les juifs apostats le plus marquants : Spinoza, Marx, Freud. Le rav Kotmel critique les rabbins de leur époque respective : «bornés, supertitieux, fermés à la réflexion » (p174)

Devers oppose alors ses deux écoles, la républicaine, à savoir le lycée Jean-Baptiste Say, et l’établissement qu’il rejoint, à Paris (au Kremlin-Malabry), pour une question d’usage du samedi : le lycée Betham, un établissement « d’intégrisme obtus » (p184) un mélange de Tartuffes fanatiques, le judaïsme de l’entre-soi et du repli identitaire (p186). Chacun devrait méditer cette analyse pour les différentes croyances en cours, y compris non religieuses.

Il décrit sa rencontre avec le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, dont nous avons résumé le dernier ouvrage.

Selon le sens commun, la naissance et la mort sont les deux bornes de l’existence humaine, ce sont aussi les instants que le sujet ne maîtrise pas, selon l’auteur (p212).

Arrive alors le point critique dans la foi du juif Nathan Devers, avec la lecture de l’Ecclé  siaste dont l’auteur serait un incertain Qohelet qui signifie, paradoxalement, « Rassembleur » en hébreu. Pourtant « aucune voix n’est plus solitaire que la sienne » (p212). « L’être est vanité » ; « Depuis les origines (l’homme) veut se distinguer, comprendre ce qu’il voit. Sa mort commence à sa naissance. L’Histoire elle-même se noie dans la nature et la nature se tait.

Qohelet observe la folie avec son œil de sage ; soudain, la sagesse elle-même, perçue sous l’angle de la démence, cesse d’être assurée. Il adopte le regard des maltraités pour décoder le mensonges du pouvoir. Il examine les douleurs du peuple qui gémit et les opprimés qui pleurent. Mais quittant la foule pour l’observer d’en haut, il décèle sa bêtise. Qohelet rédige l’éloge de l’amour autant que sa condamnation : c’est une rouerie dont le mensonge est vrai. (p223)

« Vanité des vanités ». Qohelet «décrit un tableau désespérant de notre condition… Un mot, un seul, pour servir d’exutoire à la lucidité : « Dieu » (p225). L’Ecclésiaste s’attachait, non à exprimer l’angoisse infinie d’un être tourmenté, mais à montrer comment naissent les religions, à retracer la généalogie du sentiment de Dieu » (p225) « Dieu existe parce que nous en avons besoin pour sublimer et mystifier l’aventure de l’humain ». L’Ecclésiaste « dynamitait la Bible », et tous le textes sacrés.  (p227)

Logiquement, Nathan Devers perd la foi.

« Non à ce conditionnement résultant du hasard.

« Non à ce confort d’espérer que la Vérité me fût livrée au berceau. »

« Non à cette facilité de tenir mon identité pour le centre du monde.

« Ma religion n’était-elle pas le simple phénomène de ma propre naissance ? »

« Et si la Torah était une œuvre historique, rédigée par des humains au même titre que l’Iliade ou l’Odyssée ? (p231)

« Ce sont les livres qui lient( ou LISENT ? ) à l’intérieur des hommes. Leurs phrases sont des miroirs (p235)

« Quitter (la religion) n’est-ce pas un exode de plus ? » (p237)

« La vie n’avait pas de sens en soi » (p246)

Les foules mettent à mort ceux qui les dérangent : « N’est-elle pas profonde, souterraine, cette pulsion qui conduit à éliminer les chercheurs de vérités ? La vérité, les sociétés ne s’efforcent-elles pas de s’en protéger à tout prix ? (p255)

« Cette superficialité de l’éloquence qui, comme toute séduction, te fait oublier combien la beauté ment » (p257)

À propos des sceptique grecs (Pyrrhon, Sextus empiricus) : des êtres qui refusèrent de donner libre cours aux illusions que charrie la raison. (p274).

« Ne pas se laisser rattraper par le désir de donner du sens à ce qui n’en a pas » (p309)

« La philosophie n’est pas le contraire de la religion, ni de toute espérance. Elle trace la même quête sur une voie ouverte. Elle est artiste sous ses allures de juge. Ce qu’elle casse, elle ne l’abandonne pas. Elle est aussi flamme, appel d’élévation. Marchons à notre quête, depuis et vers la nuit. L’existence est ici » (p326)

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