L’ensemble des intervenants et des participants ont apprécié la qualité d’organisation de cette troisième journée d’alcoologie toulousaine, qui s’est jouée à guichets fermés. Notre responsabilité est désormais directement engagée pour faire vivre une alcoologie de réflexion et de pratique. Il s’agit de prendre en compte les différents aspects de la problématique alcoolique, addictions associées comprises. Avec la nouvelle collection BACCHUS, proposée par l’éditeur ERES, et deux ouvrages annuels à large thématique – Les groupes de parole en alcoologie, Les clés pour sortir de l’alcool (et éviter d’y retourner) pour cette année, nous avons pris date. Pour l’heure, notre méthodologie conçue pour l’efficience n’a pas rencontré le soutien contractuel des décideurs, même si le Président de la CPAM, physiquement présent, nous a assuré de son soutien, plusieurs fois vérifié. Le souci d’un bon usage de l’argent public s’écarte pour le soin psychique des tarifications privilégiant les actes techniques. La logique comptable a besoin d’être pensée à partir des pathologies intriquées. La crise est aussi une opportunité pour réaliser des avancées face aux pertes de chances et aux gaspillages induits par l’offre de soin actuelle
Daniel Settelen, a souligné la modification des configurations psychiques, sous l’effet des changements sociétaux. La norme, désormais, est caractérisée par les troubles et pathologies narcissiques, les organisations limites de la personnalité, avec une composante psychotique de plus en plus manifeste, faisant parler d’états limites-limites : E.L.L., un enfer et un défi pour la relation d’aide. Cela étant, le soin participe au changement des personnalités, à leur « névrotisation ».
Didier Playoust, s’appuyant sur son expérience de médecin alcoologue hospitalier, a décliné la notion d’efficience pour la rapprocher des intérêts des populations concernées. Elle ne consiste pas, assurément, à aligner le soin alcoologique sur celui des toxicomanes, en dépit de la part croissante des marginalisations et atomisations à l’œuvre dans le corps social. Le modèle médical n’est pas opérant malgré l’utilité de médicaments bon marché. L’alcoologie vise contradictoirement à faire cesser le symptôme en le faisant s’exprimer.
Henri Gomez a détaillé les principes et modalités du groupe intégratif, nouveau concept caractérisé par la présence active lors de ce temps collectif du clinicien aux trois temps de la démarche de soin : lors des premières rencontres, au temps institutionnel et, ensuite, pour l’accompagnement. Le GI, à ne pas confondre avec un G.I. casqué, selon la remarque d’Emmanuel Palomino, permet de couvrir le temps de l’alcool, le temps sans alcool et le temps hors-alcool, quand le sujet change véritablement de réflexes et de référents culturels. Ce groupe est également intégratif parce qu’il mélange des personnes différentes sur le plan de la personnalité et de l’appartenance sociale. Il est intégratif par la pluralité des grilles de lecture et des approches psychothérapiques. Il est enfin un groupe médiateur du lien, un groupe de psyCOthérapie et un groupe-école, pour les étudiants et les bénévoles de l’association auxiliaire du soin.
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L’été, un été d’enfouissement, est passé.
D’ores et déjà, la seconde édition du Guide de l’accompagnement est disponible. Il s’agit, désormais, à partir du remarquable effort de mise en valeur consenti par Dunod, et des nombreux ajouts, de notre livre de référence. Ce Guide peut et doit accompagner la route des alcooliques qui décident de prendre leur vie en mains. Il devient la référence nécessaire pour toute personne qui se réclame de l’AREA. Outre les vignettes qui relatent de nouveaux cas peuplant ce travail de présentation conceptuelle, trois apports sont à relever :
Faux problèmes, vraies solutions
J’ai toujours détesté le mot abstinence au singulier. Il ne me parle vraiment qu’au pluriel, tout comme d’ailleurs le terme de consommation contrôlée.
Les abstinences
L’abstinence au singulier évoque l’interdit religieux, la castration et elle peut être vécue comme une amputation par l’alcoolique. Je lui préfère, à peine, le terme de non-consommation. En fait, je préfère pointer trois périodes : avant, pendant et après l’alcool. Dans l’après-alcool, je distingue le sans-alcool et le hors-alcool. Le sans-alcool correspond à la mise en place de l’abstinence et peut comporter des reprises d’alcool. Il perdure, parfois, en dehors même de tout soin, pendant des mois ou plus rarement des années, sans travail d’élaboration mentale. Cette période sans alcool s’achève assez souvent par un retour insidieux ou brutal à la consommation antérieure avec souvent une décompensation en chaine de la situation clinique, familiale et sociale. Le hors-alcool correspond à un travail d’élaboration. Il peut être interrompu par une ré-alcoolisation avec des conséquences variables. Une ré-alcoolisation peut être enrayée aisément si le sujet a effectué un travail psychique suffisant et s’il a conservé un lien avec le cadre d’accompagnement. Dans le cas contraire, elle peut être grave.