Faux problèmes, vraies solutions
J’ai toujours détesté le mot abstinence au singulier. Il ne me parle vraiment qu’au pluriel, tout comme d’ailleurs le terme de consommation contrôlée.
Les abstinences
L’abstinence au singulier évoque l’interdit religieux, la castration et elle peut être vécue comme une amputation par l’alcoolique. Je lui préfère, à peine, le terme de non-consommation. En fait, je préfère pointer trois périodes : avant, pendant et après l’alcool. Dans l’après-alcool, je distingue le sans-alcool et le hors-alcool. Le sans-alcool correspond à la mise en place de l’abstinence et peut comporter des reprises d’alcool. Il perdure, parfois, en dehors même de tout soin, pendant des mois ou plus rarement des années, sans travail d’élaboration mentale. Cette période sans alcool s’achève assez souvent par un retour insidieux ou brutal à la consommation antérieure avec souvent une décompensation en chaine de la situation clinique, familiale et sociale. Le hors-alcool correspond à un travail d’élaboration. Il peut être interrompu par une ré-alcoolisation avec des conséquences variables. Une ré-alcoolisation peut être enrayée aisément si le sujet a effectué un travail psychique suffisant et s’il a conservé un lien avec le cadre d’accompagnement. Dans le cas contraire, elle peut être grave.