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Les fiches livres

Le Titanic fera naufrage

Pierre Bayard

Les éditions de minuit

 

Pierre Bayard poursuit, avec cet ouvrage, sa démonstration visant à établir la valeur prédictive de la littérature et sa place parmi les sciences humaines.

Pour nous, le titre a surtout une valeur de métaphore, à condition de décliner la phrase au présent.

Sans vouloir jouer les Cassandre et cultiver le pessimisme, c’est notre modèle économique et sociétal qui prend l’eau.

La valeur prédictive de la littérature est d’ores et déjà établie. La Béotie, Orwell et Huxley pourraient être pris pour des journalistes de notre quotidien.

Les créateurs peuvent avoir une capacité d’anticipation impressionnante. D’où vient-elle ? Dans leurs aptitudes à saisir l’immuable dans les processus de changement, peut-être. L’immuable, dans l’histoire du Titanic, c’est la démesure – l’hubris grec – et la croyance en la toute-puissance bienfaitrice de la technologie. Nul ne s’attarde d’ordinaire à considérer le « facteur humain » comme limite, surtout pas ceux qui considèrent que le progrès consiste à développer l’intelligence artificielle, à concevoir un « homme augmenté » par ses prothèses, au premier rang desquelles figure un objet numérique devenu totalitaire.

Au fond qu’est-ce que l’imagination, si ce n’est une aptitude à établir des analogies, à tirer parti de l’observation pour fournir une version du réel à venir ?

Pour en revenir au livre de Bayard, il faut reconnaître que la publication de Futility par Morgan Robertson, 14 années avant le naufrage du Titanic, peut impressionner par la multitude de coïncidences entre le roman et le naufrage ; Dans le roman, le paquebot a pour nom Le Titan.

Nul besoin de faire intervenir la pensée magique pour souligner la valeur prémonitoire de certains romans. Robertson, « fils de capitaine et lui-même marin, était un spécialiste des histoires maritimes. Il avait suivi le projet de construction d’un navire géant, Le Gigantic ».

Le bon sens peut être au service de la créativité. Le cinéaste Akira Kurosawa a averti le gouvernement japonais du risque de faire cohabiter dans la même zone géographique une centrale nucléaire et une chaine de volcans, visibles ou immergés. Son film « Rêves » se présente comme une série de court-métrages. L’un d’eux, le sixième, intitulé « Le mont Fuji en rouge », est composé de deux parties. La première montre un jeune homme « essayant de se frayer un chemin dans une foule en panique ». Le mont Fuji est entré en irruption. La seconde séquence montre l’arrivée d’un nuage coloré examiné par le jeune homme et deux autres personnages. La foule précédente a disparu, englouti par l’effet d’un tsunami. Le nuage qui se rapproche, avec ses nuances de couleurs est hautement radioactif. Il va tuer aussi inexorablement que l’irruption du volcan Fuji ou le tsunami. La catastrophe de Fukushima a vérifié la prédiction du cinéaste d’un pays qui a eu le privilège de subir la destruction de deux villes par la bombe atomique, en conclusion de la Seconde Guerre Mondiale.

Pour en revenir à l’image du Titanic, la métaphore convient admirablement à l’évolution de notre société. Les cales sont envahies, avec la destruction des structures économiques que cela suggère. L’eau monte de plus en plus dans les coursives, emprisonnant de plus en plus de groupes sociaux et les privant de contact. L’orchestre, à savoir la communication, continue de répandre ses mélodies. Des craquements se font entendre. Les élites des étages supérieurs s’inquiètent à peine. Quelques-uns regardent peut-être déjà vers les canots de sauvetage.

La littérature comme le cinéma est parfaitement capable d’anticiper. De ce point de vue, la crise induite dans la production cinématographique va sans doute favoriser la grosse industrie du cinéma au détriment des films intéressants. La production culturelle doit de plus en plus tenir compte des exigences des éditeurs et de leurs collections, avec l’effet normatif que cela suppose. Bref, l’écriture pénitentiaire s’impose aux esprits soucieux de liberté critique. Les œuvres de création peuvent et doivent participer à l’indispensable résistance. 

 

Sans la liberté

François Sureau

Gallimard, Tracts, n°8 2019

3€90, 56 pages

« Sans la liberté » … Face à un tel intitulé nous ne pouvons que laisser la parole à l’auteur, avocat et écrivain.

« La liberté n’a jamais cessé de me surprendre : pour ses promesses quand j’étais jeune et, plus tard, pour la facilité avec laquelle nous étions portés à oublier ses exigences, ou, pire encore, à en dédaigner la valeur.

« Les plaques tectoniques de notre société politique se déplacent dans une mesure telle que j’ai fini par me demander si l’amour de la liberté, ou celui de l’État de droit qui vise à le garantir, n’étaient pas un simple vernis, une référence morte. »

L’auteur fait référence à une manifestation pacifique où les policiers, supérieurs en nombre, étaient dotés d’armes de guerre. Dans notre petite expérience de promeneur toulousain, nous avons relevé un certain nombre de bizarreries lors des manifestations des Gilets jaunes, qui vont au-delà de la volonté d’intimidation. La gestion du confinement a privilégié une éducation coercitive à la soumission. « La crainte d’une violence sociale générale » conduit « à recréer une forme de civilité par la répression ». Pente dangereuse.

Cela étant dit, nous sommes conduits à nous demander si le Droit n’est pas un acteur de la Crise, une composante d’un système bien huilé.

Le Droit se nourrit de l’ensemble des dysfonctionnements de la Société. A-t-il par lui-même le pouvoir de les corriger ? Rien n’est moins sûr.

Sans vouloir faire preuve de provocation, un dealer fait vivre plusieurs personnes de sa famille. Il contribue, sans doute, au développement des zones de non-droit. Il justifie toute une série d’emplois chez les policiers et les gendarmes. S’il est pris, un avocat est commis d’office. Le prévenu est vu par un Procureur ou son substitut (il y en a 40 qui siègent au Tribunal de Toulouse). Son cas est examiné par le Juge des Libertés. S’il a moins de 18 ans, un éducateur est requis. Des aides à la réorientation lui sont proposées. Comparativement, elles correspondent à une part très faible des gains du commerce suspendu. Il suffit qu’il dise qu’il a un projet de réinsertion pour voir la sanction atténuée. Quand une personne est condamnée à une peine de prison, il faut défalquer en moyenne deux mois par an si la conduite en prison ne pose pas de problème.

Nous comparerons le coût de toutes ces déambulations à notre absence de moyens pour travailler correctement en alcoologie. Un dispositif d’accompagnement adapté aurait des effets peu discutables sur les diverses formes de prévention : secondaire, tertiaire et primaire. A-t-on mesuré l’impact du changement de trajectoire de vie d’un addicté de l’alcool (et autres substances) sur sa vie, celle de ses enfants, de ses proches et de la Société, quand il devient sobre ? Certains secteurs de l’industrie ou de l’Etat auraient seulement besoin d’être réorientés sur des objectifs mieux fondés.

Loin de nous, la prétention d’ouvrir un débat sur le Droit, les sanctions et ce qui se passe dans les prisons. Nous pouvons trouver pénible de laisser croire que l’état de la Société, avec son absence d’emplois socialement utiles et individuellement motivants, est tel que les « délinquants » ordinaires disposent d’une véritable alternative ; avant d’être pris en faute ou après avoir effectué leur peine.

Quant aux libertés menacées, les prestations de l’élite, dans sa grande majorité, montrent qu’elle s’en moque, pour ne pas dire pire. La soumission dont fait encore preuve la plus grande partie de la population est tout aussi inquiétante. Certains confinements sont moins cruels que d’autres. Et pour être complet, les indignés et les dénonciateurs ne sont pas plus rassurants.

 C’est un cadeau de la Toile de voir se répandre des avis péremptoires. L’esprit de critique tient lieu d’esprit critique.

 

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