AREA 31 AREA 31 AREA 31
  • Accueil
    • Actualités
  • Association
    • Qu’est-ce que l’AREA ?
    • De l'AREA au C3A
    • Pourquoi adhérer ?
    • Etudiants
  • Méthode de soin
    • L'offre de soin et le sevrage
    • L'aide aux familles
    • Les psychothérapies individuelles
    • L’hospitalisation brève
  • Réunions et ateliers
    • Thèmes du Lundi
    • Les groupes de parole
    • L'atelier cinéma
    • L'atelier de relations interpersonnelles
    • Recherche en alcoologie
    • Conférences
  • Librairie et cinéma
    • La librairie
    • Les fiches cinéma
    • Les fiches livres
  • Videos
  • Contact
    • Formulaire de contact
    • Plan d'accès AREA et C3A
  • Partenaires

Les fiches livres

Essentielles Librairies

Christian Thorel

Gallimard, Tracts, n°26, 2021

3€90, 61 pages

 

Cette fois, c’est Christian Thorel le créateur d’Ombres Blanches qui prend l’initiative, dans la collection Tracts , d’un rappel historique sur le devenir du livre et des librairies.

À l’évidence, un des acquis les plus précieux, à ce jour préservé, de la vie intellectuelle a été le prix unique du livre décidé en 1982 par le ministre de la Culture, Jack Lang. Le prix unique, inscrit sur la quatrième de couverture, a empêché les Grandes surfaces de mettre en œuvre leur stratégie commerciale de « prix cassés ». C’eut été la fin des libraires, des librairies et la liquidation des maisons d’édition qui s’efforcent de préserver une forme d’indépendance et de diversité éditoriale. La menace d’une emprise d’Amazon et consorts sur le secteur de l’édition a été déjouée. Pour combien de temps ?

Dans ses jeunes années, Christian Thorel a assisté à la fermeture d’un certain nombre de librairies rattachées aux maisons d’éditions autour de la Sorbonne et des quartiers avoisinants de Paris. Des maisons comme Gallimard ou Le Seuil ont résisté, donnant les meilleures assurances aux auteurs qu’elles accueillent. Parallèlement « le confort donné par les techniques nouvelles de composition et d’imprimerie profite à un grand échiquier de maisons », pour le meilleur et pour le pire.

Thorel ajoute plus loin : « L’histoire d’un livre procède d’un ensemble d’étapes, de médiations depuis la réclusion solitaire de son auteur jusqu’à la silencieuse solitude de son lecteur ». Il voit avec méfiance la naissance d’une autoédition récupérée par le e-commerce. Le développement du commerce en ligne est une menace qu’il n’est pas possible de sous-estimer.

En attendant, Ombres Blanches reçoit chaque jour plus de 150 titres nouveaux, près de 200000 titres différents chaque année, soit une multiplication par trois des livres mis à disposition. Difficile, dans ces conditions, de faire connaître un livre nouveau par son contenu.

La tendance est à la diminution du prix public des livres, à l’augmentation continue du nombre de livres au format de poche. L’acquisition de livres en est facilitée. Cependant, il serait intéressant de savoir ce que lisent les différentes catégories d’âge, les différentes catégories sociales, à l’heure des mass médias.

Comme le souligne l’auteur, la lecture nous oblige à prendre du temps. Elle représente un pas de côté, un temps suspendu. Le livre comme objet matériel incomparablement maniable fait de la résistance.

Il a fallu attendre prés d’un an de confinement pour que le ministère de la santé déclare essentiel le commerce des livres, des DVD et des CD.

Notons, pour faire un hors sujet, 14 mois après le début du confinement, que la liberté de se promener à vélo dans la campagne est encore soumise à sanction. Peut-être un jour, dans un an ou deux, aurais-je la possibilité de rédiger chez Galimard un texte intitulé « Essentielles bicyclettes ».

 

L’université en première ligne

A l’heure

De la dictature numérique

Philippe Forest

Gallimard, Tracts, n°19 2020

3€90, 57 pages

 

Le professeur Forest a commencé sa carrière en Angleterre dans une université élitiste. Il l’a continuée et achevée à Nantes. Il est donc bien placé pour établir des différences entre un enseignement exigeant, mais compatible avec la liberté et les initiatives des étudiants, et un enseignement massifié, essentiellement pourvoyeur de chômeurs. Il souligne que rien n’est joué à 20 ans, tout en déplorant que la première année de licence soit devenue une « classe de rattrapage ainsi qu’une énorme plateforme de réorientation. En Lettres, des cours de grammaire, d’orthographe et d’expression écrite ont été introduits ». Nous sommes confrontés à la « Secondarisation » du Supérieur. La démagogie rattachée au principe de non-sélection a reposé sur d’habiles pondérations entre les matières.

Le résultat est qu’un nombre considérable d’étudiants abandonne en chemin pour différentes raisons indépendantes de leurs potentialités réelles. Quelques-uns atteignent le niveau d’un master alors que leur travail, tant sur la forme que sur le fond, n’offre aucun intérêt. L’auteur critique, à juste titre, le caractère obligatoire de certaines disciplines pour le moins désuètes et l’absence de maîtrise d’autres langues que le français.

La préparation d’un doctorat exige de se soumettre à toute une série de critères contraignants, inspirés par les laboratoires ou les collectivités territoriales. Philippe Forest souligne l’intérêt du développement de la formation aux métiers du Livre, de la bibliothèque, de la librairie ou de l’édition. Il est effectivement très agréable de dialoguer dans les grandes librairies avec des salariés cultivés, capables d’orienter les recherches des clients. L’auteur pointe une emprise managériale croissante, un effet normatif des appels d’offre et des audits. Il aborde ensuite le passage douloureux au « distanciel » qui supprime également le « côte à côte » et le « face à face ».

Les capacités d’écoute critique et d’élaboration facilitées par la relation réelle s’effacent. « Donner un cours magistral donne l’impression désagréable de parler devant un pool de dactylos ». Une part des efforts des étudiants consiste à « bidouiller » des copier-coller de documents trouvés sur internet. Les QCM (questionnaire à choix multiples) sont désormais présents dans l’enseignement de la littérature. « Des sites – que les collégiens connaissent bien – procure pour un prix modique et sur commande, des dissertations, des commentaires pour à peu près toute les œuvres » des programmes.

Il n’est de culture que numérisable. Les petits éditeurs disparaissent. Les auteurs inconnus doivent payer pour publier leurs livres. Les vrais lecteurs se font rares. Un nombre croissant de personnes se contente d’ersatz ou de conférences-vidéo. La liberté à l’heure du numérique pose ainsi de plus en plus problème. Sous prétexte d’enregistrement et de diffusion des cours, les interventions des professeurs sont surveillées. Le distanciel revient à supprimer l’interactivité tout en s’imposant de plus en plus comme nouvelle norme relationnelle.

Les réserves formulées vis-à-vis du numérique sont encore plus justifiées pour son usage dans la relation clinique. Nous avons à nous opposer, comme praticiens, à l’accroissement du distanciel et des entretiens codifiés. Il ne s’agit pas là d’un combat d’arrière-garde. Privilégier la relation vraie, interactive, être exigeant en termes de maîtrise de la langue et de connaissances générales, est une façon de s’opposer à un monde irrespirable, à une société totalitaire. La dictature a toujours su renouveler ses formes d’oppression. S’en tenir aux formes historiques qu’elle a pu prendre relève de la naïveté, du déni ou du cynisme. À moins d’être sourd et aveugle, ou stupide, il est difficile de ne pas prendre conscience qu’un monde à la Orwell et à la Huxley se met en place.

 

 

Plus d'articles...

  1. Carnets de prison
  2. L’homme désincarné
  3. Le Titanic fera naufrage
  4. Sans la liberté
  5. Le goût du vrai
Page 38 sur 49
  • Début
  • Précédent
  • 33
  • 34
  • 35
  • 36
  • 37
  • 38
  • 39
  • 40
  • 41
  • 42
  • Suivant
  • Fin

Copyright © 2025 area31.fr - Tous droits réservés - Mentions légales
AREA 31 - Association de Recherche et d'Entraide en Alcoologie, en addictologie et en psychopathologie