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Les fiches cinéma

Mademoiselle Paradis

Réalisation : Barbara ALBERT

Scénario : Kathrin Resetarits, d’après le roman Mesmerized d’Alissa Walser

Date : 2017 (Allemagne)

Durée : 97mn

Acteurs principaux :

Maria Dragus : Maria Th. von Paradis

Devid Strisow : Franz Messmer

Lukac Miko : Anton Paradis, le père

Katja Kolm : Maria Paradis, la mère

Maresi Riegner : Agnès, la servante

SA

Mots clés : Handicap – talent – inégalité – soin - parentalité

 

Maria Thérésa est une jeune fille de la bonne société viennoise de la fin du XVIIIème siècle,  aveugle depuis ses 3 ans. Pianiste virtuose, elle joue avec des mimiques disgracieuses et ses yeux partent alors dans tous les sens. Elle est encadrée par des parents qui la produisent, comme à la même époque, le jeune Mozart par son père, musicien de la Cour du prince-archevèque de Salzbourg. Ils ont obtenu une pension de l’impératrice pour ce talent rendu pathétique par le handicap. Maria Teresa est confiée, en désespoir de cause, à un médecin Franz Messmer, dans un château aménagé en établissement de gardiennage et de soin…

Handicaps et liberté

    Ce récit d’inspiration historique soulève de nombreuses questions relatives à un handicap. Celui de Maria Theresa n’est que trop visible quand elle joue. Le sujet alcoolique affiche aussi sa différence quand il est sous l’influence de l’alcool. Ce manque à paraître fait contraste, souvent, avec les qualités qui lui sont reconnues.

 Á l’évidence, le handicap visuel conjugué avec le talent ont induit un système familial, avec ce que cela suppose de souffrances mais aussi de bénéfices secondaires. Après tout, les parents reçoivent une pension et ils ont l’honneur de la célébrité, par enfant prodige interposé. Ce phénomène s’observe dans certains sports individuels.

L’aspect psychosomatique est mis en valeur. Le magnétisme mais aussi les qualités d’empathie manifestées par le docteur Messmer provoquent une amélioration partielle de la vision chez la jeune fille. Hélas, l’intervention de ce nouveau sens altère le jeu de l’ancienne aveugle. Ses qualités pianistiques en sont altérées. Dès lors, quel peut être l’intérêt de cette pianiste ni aveugle, ni virtuose, ni miraculée ? Messmer connaîtra la disgrâce, après l’incrédulité du corps médical. Marie-Theresa perdra le peu de vue qu’elle avait retrouvée. Ancrée sur son infirmité, elle pourra poursuivre sa carrière et fonder une école de musique pour d’autres aveugles, belle leçon de résilience face à l’adversité.

Messmer avait des aptitudes que ses confrères de la Cour n’avaient pas. Elles étaient insuffisantes pour servir son besoin de reconnaissance sociale.

Au passage, la bonne société est traitée sans ménagement, comme elle le mérite certainement, à la différence de l’infortunée Agnès, la jeune servante, seule amie de Maria-Theresa, chassée après avoir été ‘‘engrossée’’ par le méprisable fils de la maison.

 Camus aurait pu voir dans cette histoire de quoi se révolter contre les injustices : injustice du handicap, injustice des inégalités sociales. Cependant, la suite non montrée prouve que le handicap n’est pas un obstacle irrémédiable. La passion de la musique liée au talent peut être une source de résilience et de lien social ; la dépendance alcoolique, assumée et dépassée par le travail d’élaboration conduisant au hors-alcool, également.

 

La Prière

Réalisation : Cédric Kahn

Scénario :  Cédric Kahn             

Date : 2017 / France

Durée : 107 mn

Acteurs principaux :

Anthony Bajon : Thomas

Louise Grinberg : Sybille

Anne Schygulla : Sœur Myriam

Damien Chapelle : Pierre, l’ami

Alex Bendemürh : Marco, l’encadrant

A/SA/HA

Mots clés : Addiction – sevrage – communauté – faux self – choix 

 

Cédric Kahn, le scénariste-réalisateur, décrit l’itinéraire thérapeutique d’un jeune toxicomane, Thomas. Le lieu de cure est insolite. Il s’agit d’une petite communauté créée par une religieuse, sœur Myriam, dont la finalité est de soigner les toxicomanes et les dépendants de l’alcool. Les moyens mis en œuvre reposent sur le sevrage simultané de toutes les addictions, tabac compris, sans aucun traitement adjuvant. Moyen privilégié : une discipline monastique, reposant sur des moments de prière collective et sur des travaux agricoles. Garçons et filles sont séparés dans un cadre montagnard isolé. L’histoire-guide est celle de Thomas. Il arrive en bus d’on ne sait d’où, le visage tuméfié et l’œil hagard. Après un accueil qui évoque le monde carcéral, il doit supporter un sevrage sans accompagnement médicamenteux, ce qui se traduit par des douleurs et des convulsions. La scène n’est pas sans évoquer le film Ray, lorsque le célèbre chanteur Ray Charles décide de mettre fin à l’héroïne, sans la moindre assistance. La suite de l’histoire est à découvrir…

Le changement de trajectoire

Nous retiendrions deux thématiques, celle du changement de trajectoire pour un addicté, et la place de la spiritualité dans son rétablissement.

Concernant le soin, contrairement à ce qui est décrit dans le film, il va de soi qu’aider une personne à se sevrer d’une drogue dure requiert des précautions d’ordre médical. Il est impensable de laisser souffrir inutilement quelqu’un. La médecine ignore la valeur rédemptrice de la douleur et encore moins l’intérêt d’engager le risque vital. L’absence d’infrastructure infirmière et psychologique est à relever dans cette communauté, éloignée de tout.

Á noter que certains centres de postcure ne sont pas davantage équipés pour assurer la sécurité des sevrages, pour les questions règlementaires rapportées au prix de journée (!), alors même que le risque de réalcoolisation ou de prise de substances illicites est une constante dans ce type de séjour. Même si leur rôle d’assistance n’est pas à négliger, les encadrants et des compagnons d’infortune ne suffisent pas à garantir la sécurité et les difficultés rencontrés dans les premiers temps d’un sevrage difficile.

Les réunions de témoignages publics, au sein de la communauté, ne sont pas sans évoquer les confessions collectives dans un mouvement comme les Alcooliques anonymes. Ce type de mise à nu, plus ou moins douloureux et humiliant et, en conséquence, plus ou moins authentique, est pour le moins discutable.

Sans doute, l’impact traumatique n’est-il pas à négliger dans la pédagogie du soin, sauf à l’induire comme soignant. Un sevrage difficile n’est pas de nature à aider un addicté. Celui-ci en a vécu souvent plusieurs. Les sevrages compliqués n’ont pas plus de prise que les passages aux Urgences ou les cures itératives.

La honte, dans quelques cas, peut avoir la valeur d’un étayage. Le souvenir d’une humiliation provoquée par l’alcoolisation est alors utilisée comme souvenir de dissuasion par un abstinent lors de sollicitations d’ordre festif, gastronomique ou privé.

Les séances collectives de témoignage ont certes un caractère sympathique dans le style : « J’étais aux enfers et, grâce à vous, je suis revenu sur Terre ». Il est évident que dans ce genre d’exercice la sincérité et le pouvoir de la mise en mot peuvent aider l’énonciateur. Cela étant, l’organisation de la parole permise par un groupe bénéficiant d’une thématique propre à la réflexion, avec la présence active d’un soignant, est de loin préférable. Le participant peut beaucoup plus aisément s’exprimer sans se sentir jugé par les autres. Thomas, le héros de l’histoire, se révèle incapable de participer à ce déballage collectif. Ce qui le fait le plus souffrir au moment de son témoignage lui est très personnel et n’a rien à voir avec les raisons de son mal-être profond. Il est tombé amoureux de Sybille, dès la première rencontre. Il se fiche de témoigner de ses progrès, alors qu’il subit sans bénéfice le carcan des prières. Il est sous le coup d’une déception. La jeune fille lui avait promis de venir à cette fête bien-pensante et elle ne s’est pas présentée. Sœur Myriam constate son incapacité à prendre la parole. Elle essaie de le pousser dans ses retranchements. Elle dénonce sans ambages son absence de sincérité : Thomas s’effondre en pleurant, comme un petit garçon en souffrance, mais sans rien dire des raisons de sa peine. C’est l’authenticité qui va le sauver celle de l’amour qu’il éprouve pour la jeune fille. Il devra d’abord en admettre la force pour écarter sa pseudo-volonté d’entrer au séminaire dans le projet de devenir prêtre. Les trois séquences du visage de profil du jeune homme dans le bus sont très parlantes. Á l’hébétude triste du début succède brièvement l’expression curieusement fermée de celui qui part accomplir sa vocation puis l’illumination joyeuse quand il comprend et admet que son choix profond est de retrouver Sybille, occupée quelque part en Espagne, dans un chantier.

C’est une très belle histoire au fond que celle d’une évolution commençant par la sortie contrainte des addictions, par un temps d’immersion prolongé dans un cadre de vie séparé du monde où le deuil de l’alcool se fait peu à peu, en contrepartie d’une forme de fraternité partagée mais aussi du faux-self imposé par l’usage contraignant de la prière. C’est une belle histoire car sa résolution repose sur la découverte de l’authenticité et de la force d’un amour naissant.

Le film pose implicitement la question du cadre propice à la prière, de la pratique de celle-ci, et de ses effets de transformation.

Le cadre retrouvé dans différents lieux de prière est la Nature, la simplicité et la répétition des actes du quotidien, les rituels épousant les jours et les nuits, une vie ascétique, comme on peut le découvrir dans des monastères religieux ouverts aux profanes.

La pratique de la prière est ici collective, alors que le retrait silencieux et régulier des bruits et de la fureur du monde peut être une pratique singulière. A noter que le chant des pensionnaires remplace, ici, une musique religieuse, la plus élaborée, à la portée de tous avec les CD ou un poste radio.

Ce que n’a probablement pas voulu montrer le réalisateur est le vide sidéral de cette ambiance faussement amicale et faussement spirituelle. Les remerciements des jeunes et moins jeunes compagnons de Thomas, au moment de la séparation sont aussi niais que convenus. Ils sont aussi factices que la vocation du héros. Les pensionnaires témoignent de leur détresse persistante, de leur crainte d’affronter la vraie vie. L’exemple le plus probant est donné par Pierre, l’ami de chambre de Thomas, un père de famille et un époux qui reçoit, de temps à autre, la visite de sa famille. Nous pourrions dire qu’ils ont changé d’anesthésiant : la mise entre parenthèses des relations sociales continue, la neutralisation de tout esprit critique est totale, seule une autocritique superficielle et moralisante est encouragée, l’absence de véritable amour fondé sur la connaissance de l’autre est manifeste.

L’auteur sait cependant de quoi il parle. Sœur Myriam a eu un père alcoolique. Marco, l’encadrant, est un alcoolique sobre. Il manque dans ce lieu la flamme de l’esprit, celle que Thomas va trouver dans l’amour de Sybille.

 

Lady Bird

Réalisation : Greta Gerwig

 

Scénario : Greta Gerwig

Date: 2017 / USA

Durée: 93 mn

Acteurs principaux :

Saoirse Ronan : Lady Bird, Christine McPherson,

Laurie Metcalf : Marion McPherson, la mère,

Tracy Letts : Larry McPherson, le père,

Beanie Feldstein : Julie, la meilleure amie

Lucas Hedges (Danny O’Neill, le premier amoureux)

Timothee Chalamel (Kyle, le second amoureux)

LoÎî Smith : sœur Sarah

A/SA

Mots-clés : conflit mère-fille  – famille – post-adolescence −  insécurité – valeurs

Le récit se situe dans l’Amérique des petites villes, peu après le traumatisme constitué par les attentats-suicides du 11 septembre 2001, détruisant les Twin Towers et occasionnant la mort de 3000 personnes.

L’histoire met en scène le microcosme d’une post-adolescente rebelle, qui se fait appeler Lady Bird. Christine Mc Pherson est principalement en conflit avec sa mère, Marion, qui travaille comme infirmière dans un hôpital. Son père, Larry, est à la recherche d’un nouvel emploi, à un âge critique, après un licenciement économique. Larry est un homme bienveillant, qui essaie « d’arrondir les angles » dans la relation mère-fille, très marquée par la peur de manquer d’argent de la mère. Christine a une amie, Julie, plus douée qu’elle en mathématiques, mais moins jolie.

Lady Bird est la chronique d’un passage à l’âge adulte pour une jeune fille de la petite bourgeoisie nord-américaine qui s’efforce de rester digne dans la tourmente de l’instabilité sociale et sociétale.

La trame du film pourrait sembler rebattue et pourtant, à la réflexion…

Le conflit mère – fille ou comment exister dans les Temps actuels

 Toutes les relations mère- fille ne se situent pas sur le mode de l’affrontement à partir de l’adolescence. Lady Bird nous donne l’occasion de réfléchir à cette relation toujours passionnelle et souvent conflictuelle qui se développe d’autant plus qu’il s’agit d’une fille unique. Qu’est ce qui se joue pendant les quelques années-charnière qui suivent la période pubertaire ? Une première source de désaccords se situe souvent sur la question sensible des besoins matériels. Christine doit prendre en compte la situation financière de la famille. Dans la mesure où c’est sa mère qui ‘‘porte le pantalon’’ et qui tient les comptes, c’est contre elle que la jeune fille s’affirme. La compétition pour l’affection du père ne joue pas. Larry, à bien y regarder, joue le rôle de conciliateur dévolu autrefois à la mère, dans les familles traditionnelles. Christine n’en est pas moins hétérosexuelle et la réalisatrice nous fait profiter des discussions triviales sur les pratiques masturbatoires de ces jeunes filles en fleur.

Les premiers garçons dont va tomber amoureuse Lady Bird sont un grand jeune homme gentil et délicat qui avouera son homosexualité à la jeune fille, en sanglotant dans ses bras, et un jeune musicien qui joue de son aura pour tomber les filles. Ce joli garçon qui soigne son apparence, en gardant constamment un livre compliqué à la main, abusera Lady Bird pour un premier rapport sexuel en se présentant mensongèrement comme également « vierge ». Fin de la fixation romantique. Le troisième garçon sera rencontré lors d’un épisode festif, à New York, qui conduira l’héroine aux Urgences pour cause d’ivresse comateuse.

Autre angle d’approche : l’impact de l’éducation religieuse. Il est à noter que le film n’est pas anticlérical. Les bonnes sœurs en charge d’éduquer les jeunes filles de l’établissement fréquenté par Christine sont bienveillantes et manifestent une bonne connaissance des désarrois de la jeunesse. Cependant, les jeunes filles et particulièrement l’héroine sont totalement imperméables à l’enseignement religieux. Pendant les offices, elles accomplissent mécaniquement les rituels de rigueur. Á la fin du film, celle qui est devenue une jeune femme se rend spontanément dans une église pour retrouver l’ambiance d’une cérémonie. Elle a eu l’occasion de reçevoir les lettres d’amour rédigées par sa mère à son intention, lettres récupérées et expédiées par son père pour rétablir la réalité de la relation passionnée qui unit et oppose la mère et la fille. Nous pouvons voir dans le comportement de Larry la fonction paternelle dépouillée de ses attributs de puissance. Cela permet d’espèrer pour l’ex-Lady Bird une rencontre affective plus satisfaisante pour l’avenir. Á la fin de l’histoire, il semble bien que Lady Bird ait fini sa transformation en jeune femme capable de tracer sa route dans l’univers peu enthousiasmant de notre modernité.

 

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