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Les fiches cinéma

My Lady

Réalisation : Richard Eyre

 Scénario : Ian Mc Ewan, d’après son roman “The children act”

Date :2018 / GB

Durée :105mn

Acteurs principaux :

Emma Thompson : Fiona Maye

Stanley Tucci : Jack, son époux

Fionn Whitehead : Adam Henry

Ben Chaplin : le père d’Adam

Jason Watkins : Nigel, l’assistant dévoué

 SA

Mots-clés : Croyances – justice – dépendances – conjugalité– harcèlement

 

     L’histoire mélange deux problématiques différentes : les croyances et la conjugalité. Un personnage est au croisement de ces deux variables : le juge Fiona Maye, incarnée par Emma Thompson.

Les croyances peuvent se heurter à la Loi. Cette éventualité est décrite à partir d’une situation dramatique : un jeune homme, Adam, qui n’a pas encore l’âge légal pour décider de son sort, va mourir s’il ne bénéficie pas de transfusion de sang. Dans l’état actuel des connaissances, des transfusions doivent accompagner la chimiothérapie d’une leucémie aiguë. Adam appartient aux Témoins de Jéhovah qui – on le sait – refusent toute transfusion de sang.

L’autre histoire est celle d’un couple d’une cinquantaine d’années qui n’a plus de vie sexuelle. La situation ne satisfait pas l’époux, Jack. Madame le Juge n’a pas de libido exprimée. Son temps, son énergie, son intelligence sont absorbés par sa vie de Juge au Tribunal des enfants. Ses sentences sont parfois rapides et tranchées. Elles sont d’autres fois plus argumentées, toujours pertinentes, logiques, indépendantes de l’Opinion et des journalistes. Face au cas d’urgence posé par Adam Henry, elle prend une initiative atypique : elle se fait transporter, le temps d’une suspension d’audience, au chevet du jeune malade près de mourir…

 

Croyances et Justice, travaillomanie et conjugalité

     Le respect des croyances devient parfois une question épineuse. Toute croyance véhicule une part de vrai, qui, pour autant, ne la valide pas comme telle. Il est vrai que le sang peut véhiculer de graves maladies. Le sang contaminé a pu – il y a quelques années – transmettre le VIH et d’autres injections virales graves comme les hépatites B et C, faire mourir et gâcher de nombreuses vies, pour des raisons économiques. Pour autant, ces faits n’invalident pas les transfusions de sang en tant que telles, pas plus que les accidents d’avion ou les nuisances associées ne condamnent l’aéronautique. Une croyance érigée en système de pensée clos peut correspondre à une mise sous influence, à une emprise. Toute croyance doit pouvoir être soumise à l’esprit critique, sous peine de devenir un dogme et un moyen d’asservissement. Les croyances se nourrissent du besoin de certitudes de l’être humain. Elles résistent aux évidences. Le besoin de croyances se renouvelle en changeant de forme. La Justice s’en distingue dans la mesure où elle permet que des opinions contradictoires s’affrontent, qu’une délibération puis un jugement suivent. Elle permet un arbitrage entre croyances, connaissances et usages. La Justice ne prétend pas à l’immanence. Elle ne se déduit pas d’une vérité révélée. Une décision de Justice correspond à la mise en forme d’une opinion moyenne à un moment donné, dans le contexte sociétal de la période.

Madame le Juge a fait une démonstration de son  intelligence déductive à propos d’une affaire de bébés siamois. Pour le jeune témoin de Jéhovah, elle met en jeu une autre aptitude : l’empathie dans sa forme la plus accomplie : la congruence. Elle donne la sensation d’être entré dans la peau d’un soignante : elle fait preuve d’une créativité intuitive, contrôlée et profonde. Pour la première fois peut-être, l’adolescent en désarroi est confronté à un adulte qui l’écoute, qui sait le rencontrer par un « hors sujet » : un poème de Yeats accordé aux notes de la guitare du malade.  Par ce qui va s’échanger, Fiona Maye prépare le jeune homme à accepter la décision qu’elle va prendre, en représentante de la Loi : permettre à l’Hôpital d’agir pour éviter qu’il ne meure.

Á son corps défendant, elle suscite alors un mouvement transférentiel démesuré chez celui pour lequel elle a manifesté un sincère intérêt. Le besoin d’être aimé après avoir été reconnu, et, pour cette raison, arraché à la mort, conduit le jeune homme à s’attacher aux pas de la Juge. Les limites mises par elle, face à ce qui s’apparente de plus en plus à un harcèlement, aboutiront à un résultat illustrant les difficultés de la relation d’aide.

Nous pouvons relever que le père du jeune homme était alcoolique et qu’un résultat inespéré avait été obtenu par son adhésion aux « Témoins ». Dans notre pratique, nous avons plusieurs fois observé ce cheminement d’adhésion : une maladie, le soutien communautaire, la « guérison », le prosélytisme familial élargi aux enfants. Le terme de spiritualité s’applique-t-il à ces phénomènes d’enfermement dogmatique ? Nous ne le pensons pas. Nous préférons une sobriété fondée sur le discernement, ce mélange subtil de raison critique et d’intuition créative.

Que penser de l’indifférence sexuelle de « My Lady », qui dérange tant son époux ? Fiona Maye est très claire dans ses relations aux autres messieurs, tel celui qu’elle accompagne au piano, en bonne collègue et camarade, ou encore son fidèle assistant du Palais qui semble exister pour la servir. Peut-on concevoir qu’elle soigne un état dépressif par son addiction au travail ? Dans cette éventualité, quelle est la nature de son état dépressif ? Á quel deuil, ce détachement renvoie-t-il ? Est-il en rapport avec sa physiologie de dame de plus de 50 ans ? Est-ce l’impact d’une maternité qui n’est pas intervenue ? Ce jeune homme ne l’émeut-il pas au plus profond de son insensibilité acquise, en raison de ce manque ?

Nous retrouvons le « never complain, never explain », so british, si éloigné du psychologisme des feuilletons. Son époux rechigne à accepter une relation qu’il qualifie de fraternelle et l’absence caricaturale de disponibilité de son épouse. Il vérifiera, par un écart de conduite annoncé, que sa femme tient à lui et qu’elle ne supporte pas l’infidélité. Elle lui montrera en outre qu’elle a besoin expressément de lui pour surmonter sa douleur et redevenir My Lady, madame le Juge.

Il n’a pas vraiment nécessaire de souligner le charme d’Emma Thompson et de Londres. L’atmosphère créée est un des atouts de ce film remarquable.

 

 

Le ruban blanc

Titre original :  Eine deutsche kindergeschichte

Réalisation et scénario : Michael Haneke

Date: 2009/ Autriche, Allemagne, France, Italie

Durée:144 mn

Acteurs principaux :

Christian Friedel : l’instituteur

Brughart Klauβner : le pasteur

Ulrich Tukur : le baron

Rainer Bock : le médecin

Suzanne Lothar : la sage-femme

Léonie Benesch : Eva, la promise

Roxane Duran : la fille du médecin

Martin : le fils du pasteur

 

SA

Mots-clés : Puritanisme – Autorité – dissimulations – violences – adolescence

 

    Le sous-titre – une histoire allemande d’enfants – est plus parlant encore que le titre – le ruban- qui fait allusion à la pureté charnelle qui devait impérativement caractériser l’enfance dans la culture de l’époque. L’action se situe à la veille de la guerre de 14-18, dans un village marqué par l’orthodoxie luthérienne, au sein d’une société dominée par une aristocratie rurale, confortée par le pouvoir religieux. Le narrateur – auquel Jean-Louis Trintignant donne sa voix dans la version française – était l’instituteur du village au moment des faits. L’histoire commence par une tentative de meurtre ratée sur la personne du médecin : un filin invisible a été tendu entre deux arbres qui marque le passage du praticien au retour d’une sortie à cheval habituelle, à la tombée de la nuit. D’autres épisodes du même ordre surviennent. Une paysanne meurt par l’effet d’un plancher pourri. L’enfant du baron est retrouvé ligoté. Il a été battu comme plâtre. Plus tard, l’innocent du village, le fils de la sage-femme, est retrouvé les yeux brûlés… Une fillette prétend avoir eu des rêves prémonitoires de ces actes de barbarie… Un monde cruel, violent, incestueux se découvre peu à peu… Les soupçons finissent par se porter sur les adolescents. La déclaration de guerre  conclut l’histoire avant son dénouement.

 L’autorité arbitraire et la violence réactionnelle

 Cette réalisation en noir et blanc crée une ambiance particulière qui évoque, entre autres, celle des films de Bergman et de Bunuel. La fée Electricité ne s’est pas encore manifestée. L’obscurité des maisons contraste avec la lumière des champs recouverts par le blé ou la neige, ou encore la fraicheur poissonneuse des rivières. L’intérêt du film est de mettre en valeur les phénomènes d’adaptation des adolescents du village face à la chape comportementale, au désert affectif imposés par les adultes. La violence des stratifications sociales est confortée par la violence qui soumet, jusqu’à l’insupportable, les femmes et les enfants au pouvoir discrétionnaire des figures d’autorité que sont le Baron, le Pasteur, le Médecin. La morale disciplinaire imposée aux adolescents ne fait que souligner la force des distorsions mentales et de la perversion des adultes, celles des hommes particulièrement, protégée par l’acquiescement silencieux des femmes. Seule la baronne manifeste, à la fin, l’inhumanité de ce milieu où des enfants peuvent subir les pires violences par d’autres enfants, éduqués à la violence. L’instituteur narrateur reste extérieur à ce monde où la bienveillance, la sensualité et l’amour semblent frappés d’interdits. Comme chacun sait, la violence finit par engendrer la violence. C’est elle qui dirige la dynamique de l’histoire, avec la force des dissimulations, jusqu’au basculement dans la « Grande guerre ».

L’enjeu pour aujourd’hui consisterait à analyser les formes prises par la violence symbolique, organisationnelle et physique alors que les rappports sociaux entre les hommes, les femmes et les enfants se sont assez profondément modifiés.

Le film pose la question de l’autorité légitime. Au nom de quoi la fonder ? Comment la faire vivre pour répondre aux violences d’aujourd’hui ?

 

 

Fleuve noir

Réalisation:EricZonca

Scenario: Eric Zonca et Lou de Fanget-Signolet, d’après le roman de DrorMishani: “Une disparition inquiétante”

Date:2018/ France

Durée:113mn

Acteurs principaux :

Sandrine Kiberlain : Solange Arnaud, la mère

Vincent Cassel : ‘‘commandant’’ François Visconti, le policier alcoolique

Romain Duris : l’enseignant, Yan Bellaile

 A / SA

Mots-clés : Noirceur – Alcoolisme – Faux-self – Perversion - Deshumanisation

 

 

Le titre du film « Fleuve noir » n’est pas sans habileté, puisqu’il fait référence à une prestigieuse collection de romans policiers contemporains. La noirceur des personnages le justifie aussi. Il ne serait pas correct de démonter en quelques lignes ce qui fait l’intérêt de ce genre de cinéma : la succession des soupçons et des révélations jusqu’au coup de théâtre final.  Si l’on fait l’impasse sur quelques invraisemblances du scenario, l’histoire maintient en éveil jusqu'au bout. Á la considérer avec un peu de recul, il est possible de comprendre comment s’écrit un roman policier. Il crée une ambiance inquiétante, à partir d’une association de stéréotypes auxquels le spectateur peut se laisser prendre, et d’une combinaison de faits divers sordides tels qu’ils s’étalent dans les journaux. Au total donc, une histoire plutôt bien ficelée qui ne peut laisser indifférent.

 Que sont les pères et les mères devenues ?

 Quand le spectateur aura quitté la salle obscure, il pourra se poser plusieurs questions.

D’abord pourquoi les commentateurs du film ne qualifient pas le ‘‘commandant’’ – on ne dit plus ‘‘inspecteur de police’’ – pour ce qu’il est visiblement : un alcoolique en dérive et en pleine confusion ? C’est dommage car le portrait incarné par Vincent Cassel est très convaincant. Pourquoi écrire seulement qu’il boit « plus que de raison » ? La sémiologie réunie est pourtant très éclairante. L’inspecteur Visconti boit du whisky dans son bureau, en se servant discrètement dans un gobelet de plastique, à partir de la bouteille planquée dans un tiroir. Il boit pendant les heures de service, en réclamant son remontant préféré aux personnes rencontrées chez elles pour les besoins de l’enquête. Il transgresse le pouvoir rattaché à ses fonctions en imposant une relation sexuelle, lors d’un interrogatoire à domicile. Á l’évidence, son alcoolisme a pesé dans sa rupture conjugale. Nous le découvrons dans son appartement en désordre embrasser, rejeter, embrasser encore, entre deux verres ingurgités, la photo défraîchie d’une femme qu’on l’on devine être la mère de son fils. Nous finissons par comprendre que le blondinet qu’il agresse dans un interrogatoire sans queue ni tête dans une pièce close du commissariat, qu’il poursuit dans la rue avec ses copains de trafic, qu’il injurie encore dans un bar, est en fait son propre fils. Il ne s’est jamais donné la peine de l’aimer et de l’éduquer. Il est difficile d’être moins crédible que lui comme père. Mais, il n’empêche que l’inspecteur Visconti n’est pas nommé comme alcoolique : il « boit plus que de raison ». Le cinéma n’a pas d’odeur mais l’on devine sans peine celle que doit dégager le grand bonhomme à la démarche de pantin, avec ses cheveux rares, collés sur le crâne, auquel Cassel donne vie.

L’enseignant Yan Bellaille, surjoué par Romain Duris, tantôt compassé, tantôt excité, est père d’un petit enfant, dont, apparemment il se trouve encombré, tant il est occupé à se prendre pour un écrivain, dans sa cave aménagée, loin des contingences domestiques. Il peut être pris comme exemple des personnalités plurielles : l’enseignant attentif, capable de donner des cours particuliers gratuits pour des élèves qu’il estime ‘‘intéressants’’, d’un côté et de l’autre, le romancier au cerveau dérangé, préoccupé de faire vivre et d’incarner ses fantasmes les plus glauques. Deux répliques amusantes dans la cour fermée de la prison. La première est à l’actif de ‘‘l’enseignant’’ : « L’écriture est ma prison ». La seconde est la réponse de Visconti « Vous êtes certain que votre psychothérapie est terminée ? ».

Mais que dire de Sandrine Kiberlain, la mère suite à la disparition de son adolescent ? La facilité avec laquelle elle incarne des personnalités successives laisse pantois, si l’on accrédite son rôle d’une réalité clinique. Elle illustre bien ce que Pierre Bayard a voulu monter dans son roman « Tolstoïewski ».

Nous n’en dirons pas plus pour laisser le spectateur prendre tout son plaisir à découvrir les turpitudes des protagonistes de cette histoire. Heureusement, il y a l’épouse de l’enseignant dont les réactions sont ‘‘normales’’ et le bon inspecteur, pardon commissaire Marc, joué par Charles Berling. Il ne se laisse pas berner, lui, à la différence de cet imbécile de Visconti qui devra se faire ‘‘expliquer le film’’ par Sandrine Kiberlain, la belle Solange, pour enfin avoir le mot de la fin.

« Fleuve noir » dessine un cadre propre à notre hypermodernité sans perspective, conscience, ni espoir. Addictions, transgressions sexuelles, dérangements mentaux,  contrôle policier. Ce tableau peu flatteur des humains est-il conçu pour rassurer, par comparaison, le spectateur de son bon équilibre, ou pour préparer l’arrivée des robots humanoïdes à l’empathie programmée ? Il peut également, si nous faisons l’effort d’examiner nos quotidiens, faire prendre conscience de la « banalité du mal », selon l’expression d’Hannah Arendt.

 

 

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