AREA 31 AREA 31 AREA 31
  • Accueil
    • Actualités
  • Association
    • Qu’est-ce que l’AREA ?
    • De l'AREA au C3A
    • Henri Gomez
    • Pourquoi adhérer ?
    • Etudiants
  • Méthode de soin
    • L'offre de soin et le sevrage
    • L'aide aux familles
    • Les psychothérapies individuelles
    • L’hospitalisation brève
  • Réunions et ateliers
    • Thèmes du Lundi
    • Les groupes de parole
    • L'atelier cinéma
    • L'atelier de relations interpersonnelles
    • Recherche en alcoologie
    • Conférences
  • Librairie et cinéma
    • La librairie
    • Les fiches cinéma
    • Les fiches livres
  • Videos
  • Contact
    • Formulaire de contact
    • Plan d'accès AREA et C3A
  • Partenaires

Les fiches livres

Le Langage secret des Fables de LA FONTAINE

Symbolisme et sens caché

Hervé Priëls

Ed. Dervy

317 pages, 20€

 

Le langage secret des fables de la fontaine

Une proposition de lecture familiale m’a mis l’ouvrage d’Hervé Priëls dans les mains, avec charge de le lire et de le discuter. Mon appétence pour les Fables de La Fontaine et le sous-titre m’ont incité à me mettre au travail.

Avant de m’engager dans cette lecture, j’ai cherché à savoir qui était l’auteur et dans quel courant littéraire ou philosophique, il se reconnaissait. Il vous est facile d’en faire de même. A priori, l’auteur partage mes goûts pour le Fabuliste et pour Le petit prince de Saint-Exupéry. Ses choix philosophiques lui appartiennent, tout comme son parti-pris de rechercher un sens caché « fondamentaliste » aux Fables. J’ai découvert le contenu du livre avec ma propre grille de lecture, bien que dérangé par l’a priori du sens caché. J’ajoute que je me sens étranger dans le monde de l’ésotérisme.

La préface distingue le « savoir » du « monde profane » de la connaissance qui revient - ce n’est pas dit - aux initiés. Nous sommes donc clairement dans une culture maçonnique, avec laquelle je suis familiarisé, ne serait-ce parce que le programme des Alcooliques anonymes s’en inspire fortement.

Nous apprenons, dans l’avertissement, que la fable est un genre plusieurs fois millénaire, qui serait originaire des Indes. Elles auraient comme nom premier celui d’apologue qui signifie « justification » ou « défense ». Les contes des mille et une nuits sont rattachés à ce genre.

La Fontaine précise lui-même :

« Les fables ne sont pas ce qu’elles semblent être.

Le plus simple animal nous y tient lieu de maître.
Une morale nue apporte de l’ennui :

Le conte fait passer le précepte avec lui ».

Un des objectifs de la Fable est donc pédagogique.

Comme ajoute l’auteur, ce « qui rend l’auteur tout-à-fait exceptionnel, outre l’effet de mise en scène, c’est le style. Un élément essentiel est de lire chaque vers à voix haute, avec le souci de le « servir sans précipitation ». « Comme des notes de musique, il convient que les idées sous-jacentes transpirent et s’égouttent d’elles-mêmes. » C’est bien dit et, pour ma part, j’accorde de l’importance à la musicalité des phrases que j’écris.

« Une fable bien construite ne livre pas son entière vérité ». Nous pourrions ajouter : tout écrit digne de ce nom ne livre pas immédiatement son entière vérité.

L’auteur relève que la société du XVIIème siècle était « cadenassée » pour assurer l’étanchéité des hiérarchies sociales. L’époque se prêtait donc à ce que Gramsci appela plus tard l’écriture pénitentiaire, l’écriture du double sens identifiable par tous et du sens masqué. La Fable se prête admirablement à cet exercice.

Priëls évoque ensuite ce qu’il nomme « la langue des oiseaux ». « Les sonorités, précise-t-il, doivent résonner d’une manière si particulière que les phrases forment un jeu musical et architectural ». « Tous les détails ont leur portée ; toutes les descriptions sont des preuves, tous les mots sont des pas vers le dénouement. Pas un n’est de trop, et pourtant tout vit, tout se meut avec aisance ; nulle sécheresse, mais aussi nulle redondance » (Prosper Soullié, cité p 32). La langue des oiseaux ? Le rêve de tout écrivain aimant l’écriture !

L’éclosion du Livre I (premier recueil)

La Fontaine possède l’art du rythme. Ses vers s’accordent avec l’émotion qu’ils visent. Ils s’accordent avec une forme de gaité, de légèreté ironique.

Il est précisé que La Fontaine se maria sur l’instance de son père. Ni lui ni son épouse ne se sentirent concernés par les liens noués. La Fontaine n’accordera aucune attention particulière au fils né de cette union qui s’interrompit d’un commun accord douze ans plus tard.

A 31 ans, en 1652, La Fontaine a la charge de maître des eaux et forêts. Il conservera cette charge jusqu’en 1671, restant proche du monde paysan et animalier.

De 1648 à 1653, La Fontaine se range parmi les opposants à Mazarin, du côté de La Fronde et des Huguenots. Il bénéficie du soutien de Nicolas Fouquet jusqu’à la disgrâce de ce dernier en1661. Longtemps, La Fontaine se cherche. Il se laisse aller à des contes licencieux qui ne pouvaient que susciter la colère et la rancune des dévots. Les écrits de La Fontaine doivent tenir compte de la censure. Charles Biet (cité p 50) pose le diagnostic suivant : (Pour La Fontaine) « la question n’est pas d’édifier un droit juste mais de constater qu’il peut être injuste et inopérant. La question n’est pas non plus d’édifier une morale antinaturelle mais une morale qui allie les sens à la raison », fondamentalement personnelle, ce qui rejoint notre propre définition de l’éthique. « La fable est ainsi le lieu le plus propice à la méditation sur le monde ». Elle peut en même temps tenir un discours convenant à la société et le mettre en question sur un mode critique. Nous pouvons imaginer une écriture en prose qui s’inspire de cette présentation des opinions.

Ce n’est qu’à 47 ans, que La Fontaine publie son premier recueil de fables. Il fonde ainsi les archétypes de la culture française : La Cigale et la Fourmi, Le Corbeau et le Renard, La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, Les deux Mulets, Le Loup et le Chien, Le rat des villes et le rat des champs, Le Loup et l’Agneau, La Mort et le Bûcheron, Le Renard et la Cigogne, Le Chêne et le Roseau, parmi les plus célèbres. L’auteur en effectue un commentaire à partir des critères qui sont les siens, notamment le tarot. La plus brutale expression de la force et de l’arbitraire est sans doute celle du Loup et de l’Agneau. Ces fables nous parlent d’autant mieux que nous sommes en situation d’analogies.

D’autres poèmes, moins connus, n’en sont pas moins féroces

« Un homme qui s’aimait sans avoir de rivaux

Passait dans son esprit pour le plus beau du monde Il accusait toujours les miroirs d’être faux. »

Au fil des lectures, nous subissons l’envoûtement des vers plus ou moins descriptifs et sentencieux. N’en déplaise à l’auteur, nous les savourons au premier degré, sans écarter pour autant les commentaires des textes.

Nous arrivons ainsi, de poème en poème, au terme d’un voyage d’initiation à l’esprit critique fondé sur l’observation, le recul face aux passions ordinaires, de moquerie discrète, sans que la hauteur de vue soit exclue. Ce que décrit La Fontaine correspond à « des animaux en mal d’humanité » mais aussi à « des hommes en mal de spiritualité ».

« Agir sur le monde, conclut l’auteur, c’est produire du sens. Le corps n’est rien sans l’esprit qui le guide. » Dans le phénomène addictif, l’esprit est neutralisé, la compulsion se suffit à lui-même. La recherche de satisfaction immédiate et intense, ou d’un soulagement, crée du non-sens. L’Intelligence devient accessoire. Elle se réduit à trouver des procédés pour obtenir des effets.

« Sous le manteau d’apparat de l’homme éduqué se cache l’être premier, barbare ou puéril, mesquin ou crédule, vil ou (réellement) respectable ». « Le premier travail d’un intellectuel » est de donner à penser, non pour paraître et briller, mais pour comprendre et agir en conscience. L’intérêt d’une vie est de lier la réflexion et l’action par le biais des projets et de leur mise en œuvre. Sans « un enseignement continu et tempéré », dans un effort de distanciation bienveillant, l’avenir ne peut prendre que la forme du chaos, induit par l’hubris humain, cette insupportable prétention à se situer au-dessus de la nature et de ses lois.

À « l’esthétique des vers, l’ingéniosité des situations, la justesse des sentiments », s’ajoute une « étrange verticalité des propos qui nous entraînent vers un au-delà de nous-mêmes »

 

 

ralentir ou périr

L’économie de la décroissance

Timothée Parrique

Seuil

2022

20€ - 312 pages

 

ralentirouperir

 

Timothée Parrique est chercheur en économie écologique au sein d’une université suédoise. Pour lui, la croissance économique fait problème.

Dans son introduction, l’auteur nous dispense de l’habituel inventaire des catastrophes écologiques et de leurs conséquences, des chiffres alarmants et des histoires chocs.

Pour lui, il ne fait pas l’ombre d’un doute que nous sommes progressivement entrés, avec l’industrialisation massive de la Modernité et les progrès des technologies, dans l’Anthropocène, c’est-à-dire dans une période où les activités humaines induisent des changements climatiques qui menacent de plus en plus la vie sur la planète Terre.

Le fait que les 10% des pays les plus riches à l’échelle de la planète soient responsables de la moitié des émissions de gaz à effet de serre n’est pas rassurant. Cette minorité pollue 4 fois plus que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Il n’est pas extravagant de comprendre que les plus défavorisés aspirent à un meilleur niveau de vie. S’ils pouvaient consommer plus, ils le feraient. Et qui peut leur jeter la pierre ?

Tarrique estime que « la cause première du déraillement écologique n’est pas l’humanité dans son ensemble mais le système capitaliste, avec l’hégémonie de l’économie et de la finance pour la poursuite effrénée de la croissance. » Tout de même, la densité humaine intervient aussi !

Historiquement, l’impératif de croissance a pris son origine aux USA, après la « grande dépression » de 1929. La relance par la consommation a été le moyen de solutionner le chômage et la pauvreté. Elle s’est prolongée dans l’effort de guerre.

« Devons-nous laisser les marchés décider de ce qu’il faut produire ? » (p15), telle est la question, sans réponse concrète d’envergure.

L’objet de l’ouvrage est de « comprendre en quoi le modèle économique de la croissance » capitaliste est une impasse, de « dessiner les contours d’une économie » centrée sur l’utilité sociale et la prise en compte de l’écologie. L’auteur défend la notion de capitalocène qui englobe l’économie néolibérale, l’économie du capitalisme chinois et celle de l’économie soviétique qui n’a été qu’une économie de rattrapage, aussi centralisée que celle du modèle chinois actuel. Le système a été qualifié de mégamachine par Fabian Scheidler.

Au fond, la question de l’écologie tourne autour de la question de l’utilité sociale, associée désormais aux impératifs écologiques.

Si nous prenons l’exemple de l’alcoologie, l’utilité sociale nous aide à repenser une offre de soin qui tienne compte du facteur écologique.

L’offre d’accompagnement doit être rapprochée des utilisateurs potentiels de façon à en créer les conditions. Nous comprenons sans peine que ce n’est pas la durée des séjours et la lourdeur des ordonnances médicamenteuses qui font la différence. Ce qui compte, c’est le temps donné, le contenu et la forme du soin. Notre approche intégrative répond aux préoccupations d’efficience. Nous devrions être en situation de soigner plus et mieux, en adaptant l’offre à chaque situation. Parallèlement, l’éducation et une contrepublicité pourraient avoir des effets positifs, parallèlement au souci d’améliorer les conditions de vie.

Ceci entre en contradiction avec les intérêts capitalistes et les habitudes de consommation que le système développe directement, notamment par les représentations dominantes et la publicité, et indirectement, par les souffrances qu’il induit au travail et par la dislocation des liens de solidarité familiale et sociale, par la disparition des croyances spirituelles qui aident à modérer les appétits de consommation. Après moi, le Déluge ?

Nous sommes d’accord avec l’auteur : ce sont les populations favorisées qui consomment le plus d’énergie avec un égoïsme assumé. Un autiste richissime, au cerveau embrouillé par la science-fiction et un égo pathologique, peut imaginer abandonner la Terre pour des planètes où la vie est impossible. Nul ne peut nier qu’il n’a pas imaginable de revenir à des situations d’inconfort pour les populations des pays développés et de ne pas améliorer les conditions de vie des autres, de les contraindre d’endurer stoïquement, par exemple, le froid ou des températures caniculaires.

Les habitudes exacerbées par la croissance elle-même conditionnée par la logique du profit doivent raisonnablement être remises en cause. L’évolution induite par le numérique – et son coût énergétique – doit être combattue ou du moins contrôlée, à l’échelle individuelle et collective. Le « tout numérique » est synonyme de mort sociale. La pratique des achats sur Amazon et des déplacements en tous sens sur la planète, la virtualisation des relations humaines doivent devenir une question politique, tout comme les priorités en matière de dépense d’énergie, sur une base documentée. À quoi sert d’être vivant si on est mort cérébralement ? …si l’autre et soi-même se réduisent à des corps consommant et consommables ?

La technologie crée désormais probablement plus de problèmes qu’elle apporte de solutions. Le nucléaire décrié avec force par des groupes écologiques est aujourd’hui porté aux nues. Il en a été de même pour les éoliennes ou l’énergie solaire. Certains bons esprits passent du temps à trier leurs déchets, faute d’avoir la capacité de faire supprimer les emballages de plastique. Les mêmes ou d’autres acceptent sans broncher le remplacement des arbres de la végétation urbaine par des masses de béton. Ne pas respecter la nature finit par se retourner contre ceux qui la pillent et la détruisent. La politique ne peut être remplacée par l’idéologie véhiculée par les groupes dominant la planète mais également par les différents aveuglements partisans, qu’ils s’habillent en intérêts nationaux ou justifient des colonisations au nom d’arguments religieux.

L’écologie exige des approches scientifiques mais également des décisions éthiques qui associent une philosophie critique et une spiritualité ancrée sur le souci de l’autre et de la nature. Le problème est que la politique a régressé en communication au service des intérêts dominants.

Plus d'articles...

  1. Chaque geste compte - Manifeste contre l’impuissance publique
  2. Urgence pour l’école républicaine - Exigence Équité Transmission
  3. Préalable à une réflexion sur l’écologie
  4. La quatrième révolution industrielle
  5. Croire en Dieu pourquoi ?
Page 23 sur 49
  • Début
  • Précédent
  • 18
  • 19
  • 20
  • 21
  • 22
  • 23
  • 24
  • 25
  • 26
  • 27
  • Suivant
  • Fin

Copyright © 2025 area31.fr - Tous droits réservés - Mentions légales
AREA 31 - Association de Recherche et d'Entraide en Alcoologie, en addictologie et en psychopathologie