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Sully

Réalisation : Clint Eastwood

Scénario: Todd Komarnicki

Date : 2016 / F

Durée : 96mn

Acteurs principaux : Tom Hanks (Chesley Sully Sullenberger), Aaron Eckhart (Jeff Skiles, le copilote), Laura Linney (Lorrie Sullenberger, l’épouse de Sully)

SA/HA

Mots-clés : décision – expérience – équipe − normes – présomption

 

 

L’exploit réalisé le 15 janvier 2009 par le pilote de ligne Chesley Sullenberger au commande d’un A320 : l’amerrissage de son avion sur l’Hudson, restera dans les annales de l’histoire de l’aéronautique. En cause, un vol d’oiseaux sauvages ayant provoqué la mise hors d’usage des deux réacteurs, peu après le décollage. Sully disposa d’un peu plus de deux cent secondes pour comprendre qu’il irait au crash avec les 155 occupants de l’avion s’il optait pour un atterrissage sur les deux aéroports de proximité, comme la Tour de contrôle le lui enjoignait. Cet amerrissage, face aux gratte-ciels de New-York put rapidement mobiliser les secours. L’accident ne fit aucune victime en dépit du froid extérieur et de la température glaciale de l’eau. Brutalement promu à la dimension de héros par l’effet de la télévision, répétition dramatique, cette fois heureuse de l’attentat des Twin Towers intervenu en mars 2001, Sully et son copilote, Jeff, ne tardèrent pas à subir l’inquisition du Conseil National de la Sécurité des Transports, la redoutable CNST. En effet, les simulations de l’accident par ordinateur et par vols simulés développaient la thèse d’un atterrissage qui aurait été possible, sans problème, sur une des pistes mises à disposition en urgence…

L’exception et la présomption de culpabilité

Clint Eastwood a réalisé une mise en scéne efficace, attractive pour tous les publics. Lors de l’achat du DVD, le jeune caissier de la Fnac manifestait son enthousiasme à sa collègue, à propos de ce film.

Via les Assurances, des intérêts énormes sont en jeu lors d’un accident d’avion et la pente habituellement prise est celle de trouver un bouc émissaire, là où la fatalité est représentée par un vol d’oiseaux. Il est habituel que la présomption de culpabilité l’emporte quand l’événement indésirable dérange les Pouvoirs en place. Dans le cas de cet accident-sauvetage, il convient de retenir l’effort de solidarité amplifié par l’émotion.

Sully vit un stress post-traumatique, avec la vision d’épouvante de l’avion se crashant dans les gratte-ciels. Il s’efforce de le dépasser en courant dans les rues.

En marge de la prouesse de Sully, il est possible de mettre en valeur plusieurs enseignements. Comme le dit en conclusion une des responsable de la Commission d’enquête, revenue de ses préjugés, en s’addressant à Sullenberger : « Il y a toujours une inconnue dans une équation. Si l’on vous sort de l’équation, ça ne fonctionne pas». Si l’impossible a eu lieu, c’est grâce à l’inconnue constitué par le choix éclair pris par Sully. Ce à quoi, tout aussi justement, le pilote peut rétorquer : « Il ne s’agit pas seulement de moi, mais de tous».

Cette histoire souligne donc, en les associant, l’esprit de décision et l’expérience. Elle montre aussi combien l’adéquation aux normes opposables fonctionne dans le sens de la présomption de culpabilité. Les responsables de la commission d’enquête négligent par leur simulation en laboratoire ce que Sully appelle le « facteur humain ». Le pilote aura, face à la terrible CNST, besoin des mêmes qualités de discernement et de sang froid mobilisées par la situation de catastrophe imminente. Il lui faudra se battre avant que la Commission admette que les essais simulés avaient été réalisés jusqu’à 17 fois pour un des deux aéroports pour aboutir, en dehors de tout contexte perturbant ! Les experts s’étaient également trompés quand ils avaient estimé qu’un des deux moteurs, tombé dans l’eau profonde puis retrouvé, aurait pu ‘‘repartir’’.

Au final, Sully et Jeff peuvent s’accorder sur une conclusion : ils ont fait leur boulot ! Parfois, le travail demande de décider vite, d’improviser, d’enfeindre les règles en usage. Mais, il n’est pas de faire preuve de créativité dans une société qui voudrait supprimer l’imprévu.

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Corporate

Réalisation : Nicolas Silhol

Scénario: Nicolas Silhol et Nicolas Fleureau

Date : 2017 / France

Durée : 95mn

Acteurs principaux : Céline Sallette (Emilie Tesson-Hansen), Lambert Wilson (le DRH en chef), Violaine Fumeau (l’inspectrice du travail), Stéphane de Groodt (le collègue bienveillant), Alice de Lencquesaing (la jeune secrétaire)

 A/SA/HA

 Mots-clés : Management – Soumission – Exclusion − Harcèlement − Travail

 

Le secteur de ressources humaines d’une grande entreprise investie dans l’alimentaire est soumis aux règles du management moderne. Emilie Tesson-Hansen en est une brillante incarnation. La jeune femme ignore les états d’âme et quand il s’agit de pousser quelqu’un à la démission pour éviter le coût d’une rupture conventionnelle, elle n’a pas son pareil. Elle possède la théorie et la pratique. C’est une « tueuse ». Mais voilà qu’une des cibles a le mauvais goût de mettre fin à ses jours dans les locaux de la Direction des Ressources Humaines. Pas très facile de réduire ce suicide à un évènement personnel. La marmite du silence entre en turbulence : le CHSCT s’émeut, des salariés réagissent, et surtout une inspectrice du travail s’en mèle. Que va-t-il advenir de l’impitoyable DRH, mise sur la sellette ?

Gestion des ressources humaines et contrôle social

       Corporate n’est ni le premier ni le dernier film consacré à la souffrance au travail, au management et à ses méthodes, parfois déloyales, de licenciement. ‘‘Corporate’’ peut se traduire comme « esprit d’entreprise », ce qui suppose que chacun de ses membres fait passer l’esprit d’entreprise avant ses préoccupations autres : personnelles, familiales ou éthiques. Emilie, l’héroïne, s’est mise dans ce moule. Sa fonction principale, fort bien rétribuée, est de faire démissionner les salariés devenus indésirables, en moyenne 10% du personnel d’une entreprise, dans un turn over continu.

L’argument d’un séjour festif à la neige est pour son patron, fort bien joué par Lambert Wilson, de mettre au point la machine qui conduira la société à se débarrasser sans frais des surcroits d’effectif. L’arme privilégiée est la ‘‘mobilité’’ au sein de la dite société, au nom de la rationalité d’entreprise. Par touches successives, le salarié est poussé de plus en plus hors de sa ‘‘zone de confort’’. Son travail est subtilement dévalué. Vient ensuite le moment pour lui de tout laisser pour un autre poste, ailleurs, ou pour une cessation d’activité. C’est lui-même qui doit renoncer à la sécurité et aux avantages rattachés à son obéissance.

Chaque salarié dispose d’une évaluation comportementale permettant de cerner sa personnalité, de repérer ce qui pourrait faire problème : esprit critique, importance accordée à sa vie familiale… Le DRH en chef a mis au point une « courbe de deuil » qui figure les étapes que traverse habituellement le salarié mis à l’index, avant de donner sa démission. Le harcèlement moral dans les grandes entreprises fait désormais partie des stéréotypes sociaux. Il peut donner lieu à des histoires personnalisées, tout en gardant une certaine valeur documentaire.

La portée pédagogique de ces films peut être amplifiée en faisant jouer des analogies. Nul besoin d’être salarié, de nos jours, pour connaître la pression normative des objectifs généraux. Notre Sécurité sociale en fournit de multiples exemples, tout en feignant de déplorer le manque croissant d’effectifs médicaux. Le spectateur peut être ainsi conduit à réfléchir à ce qui, dans son cadre de vie professionnel, le pousse à accepter ce qui ne convient ni à ses fonctions ni à son propre épanouissement.

Dans le passé, l’esprit de famille a pu fonctionner de façon similaire, l’image de la famille justifiant de taire l’inacceptable. D’une façon plus générale, toute organisation s’attache à ce que ses objectifs soient compris et assurés par ses membres. Ce qui fait problème en matière d’intérêt général se situe plutôt dans son dévoiement. Il existe malheureusement plus que des nuances ou des difficultés ponctuelles entre les affirmations d’objectifs socialement acceptables, et ce qui se passe dans la réalité. La différence entre le décor et l’envers du décor est parfois criante. Il suffit de considérer aujourd’hui le décalage entre les valeurs affirmées par nos ‘‘élites’’ et ce qu’elles font vivre en réalité.

Paradoxalement, l’éclairage réfléchi d’un ensemble peut conduire chacun d’entre nous à porter un regard critique sur ce qui le motive officiellement et subjectivement. Ce film interroge notre capacité de réflexion critique, la force de nos convictions éthiques, notre part de liberté et le courage d’en faire bon usage.

Par les temps qui courent, la pensée commune, dans ses principales présentations, en apparence contradictoires, les peurs que la société sait mobiliser en permanence, constituent un défi pour conjuguer le souci d’une sauvegarde personnelle confrontée aux pressions sociales. Emilie finit par recycler son instinct de survie au service de la justice. L’inspectrice du travail qui l’incarne l’aide dans ce choix, en l’avertissant de ce qui ne manquera pas de lui arriver. Non seulement, il lui faudra changer d’orientation professionnelle − un moindre mal – mais encore elle devra subir des procédures juridiques, pénibles, déstabilisantes, coûteuses, interminables, face à des juges mais aussi face à des avocats mandatés par la Société mise en cause.

Il est possible de s’interroger sur les trajectoires de vie sacrificielle : quelle est la part du sentiment de culpabilité, du refus de l’inacceptable, ou de l’illusion ? Le monde peut-il changer, en éloignant les logiques de violence, de domination au bénéfice de valeurs humanistes et écologiques ? Une opposition peut faire synthèse, en dépit de son caractère simplificateur : la construction et la destruction, l’abaissement et l’élévation sont des processus inséparables. A un moment, toujours difficile à préciser individuellement, se pose la question du choix, pas forcément celui d’un camp ou de l’autre. Aurais-je été victime ou bourreau ? Quelle autre alternative ?

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Péché Mortel

Réalisation: John M. Stahl

Date : 1945 / USA

Titre original : Leave Her to Heaven

Durée : 110mn

Acteurs principaux : Gene Tierney (Ellen Berent), Cornel Wilde (Richard Harland), Jeanne Crain (Ruth Berent, la demi-sœur d'Ellen), Vincent Price (Russel Quinton), Mary Philips (Mme Berent, ma mère d'Ellen)

AA/SA

Mots-clés : Manipulation – Jalousie – Couple – Psychopathie – Dépendance affective

 

Commentaires du Dr  Henri Gomez

Histoire

L’histoire évoque les magazines mélodramatiques de l’époque du tournage, un vrai roman-photo en couleurs. Une jeune femme aux yeux bleus dévastateurs, un jeune écrivain à cheveux ondulés, plutôt réservé, en face à face dans un wagon, en route pour une destination commune. Elle lit le dernier roman du jeune homme qui ne déclare pas d’emblée son identité. Ils sont invités par un gentleman-farmer, l’auteur du récit et également homme de loi, dans une belle propriété exotique, proche du Mexique... Le spectateur d’aujourd’hui imagine sans peine ce qu’Hitcock aurait fait d’un tel scénario. Hélas, John M. Stahl ignore à la fois le suspense et l’humour. Son jeu de caméra a la platitude d’un clip publicitaire pour touristes en quête de dépaysement, même si l’histoire se déroule sans le moindre mexicain à chapeau ou serviteur noir. Le moteur de l’intrigue est constitué par la folie, inapparente au début mais bien réelle, de l’héroïne, Ellen. Elle est entourée de sa sœur, en réalité une cousine adoptée, et sa mère, qui semble sur le qui-vive. Ellen fond sur Richard, le romancier sentimental, comme l’aigle plonge sur sa proie. Un mariage-éclair suit le coup de foudre. Puis Ellen s’attache, méthodiquement, à isoler l’homme sur lequel elle a jeté son dévolu. Elle le coupe de ses liens : son jeune frère handicapé, le vieil ami homme à tout faire. Elle bute sur l’amitié naissante entre Richard et sa propre ‘‘sœur’’, Ruth, vécue comme une rivale…

Intérêt en alcoologie

            Il n’est pas utile de boire pour développer une addiction à l’autre, sur le mode de l’appropriation. Ellen a connu un lien fusionnel à son père. Son voyage correspond d’ailleurs à une cérémonie funéraire : elle doit disperser les cendres de son père sur un lieu choisi par lui. La façon dont elle se débarrasse de son fiancé, promis à un bel avenir de procureur, devrait inquiéter le héros, il est vrai sensible au stéréotype du « coup de foudre ».

Le narcissisme et la possessivité peuvent devenir parfois criminels. L’amoureuse a un cœur de glace quand il s’agit de parvenir à ses fins. Ses manipulations font cependant long feu. Elles peuvent faire illusion un temps. Dans les histoires de patients, les meurtres prémédités sont heureusement exceptionnels. En revanche, d’assez nombreuses personnes, alcooliques ou non, font preuve d’une toxicité dont les conséquences accompagnent et endommagent la vie de bien des patients, alcooliques ou non.

Le film fonctionne aussi sur l’image du double : Ellen et Ruth ont une ressemblance assez frappante, ce qui souligne, d’une certaine manière, le phénomène Jekyll et Hyde, retrouvé et mis en évidence chez les personnalités clivées sous l’effet de l’alcool ou, ce qui est moins habituel, sans alcool. Il existe des pervers sobres, qu’ils aient été ou non alcooliques pratiquants. Quelques années plus tôt, Fritz Lang avait développé la théorie anthropomorphique selon laquelle les méchants avaient la gueule de l’emploi, dans son célèbre « M le Maudit ». A ce propos, le procureur éconduit et cependant manipulé par Ellen lors de son passage à l’acte suicidaire, jouait les méchants dans les films de la période. Là, il incarne un grand benêt véhément, aveuglé par son infortune passée. Les apparences sont parfois trompeuses. Le discernement et la prudence s’imposent dans la vie relationnelle.

L’histoire montre le silence des proches, d’abord parce qu’ils ne comprennent pas le problème, ensuite par souci de respectabilité.

 

 

Commentaires de Bénédicte Sellès

Histoire

            Le film commence par la fin… Des pêcheurs, près d'un lac, échangent des ragots autour de Richard Harland, le propriétaire de la maison insulaire nommée « back of the moon ». L'homme en question sort de deux ans de prison. Son avocat raconte l'histoire à un ami.

            Deux ans plus tôt, Richard Harland croise dans un train la belle Ellen Berent. Cette jeune femme s'amourache rapidement du romancier dont elle est en train de lire le roman. Ils tombent amoureux, et Richard passe quelques jours dans le ranch de sa (future) belle-famille. Ellen était déjà fiancée quand Richard l'a rencontrée. Cela ne l'empêche pas de rompre ses fiançailles promptement avec l'avocat Russel Quinton. Elle aime Richard, elle lui voue un amour démesuré, pathologique même. Elle va tout faire pour empêcher quiconque de faire obstacle à leur relation amoureuse, quitte à commettre des meurtres.

Intérêt en alcoologie : La dépendance affective dans le couple

            Ce film illustre bien la dépendance affective qui peut s'installer dans un couple, et ses dérives les plus mortifères. L'amour d'Ellen pour Richard porte d'emblée le sceau de la possessivité, l'exclusivité, la jalousie, et la manipulation. Autant de caractéristiques qui prouvent son immaturité affective. Ellen a transféré son attachement à son père sur la figure de Richard qui, curieusement, ressemble physiquement à son père quand il était plus jeune. Ce simple détail attise sa convoitise pour le jeune homme. On peut supposer qu'Ellen entretenait une relation fusionnelle avec son père, quand il était encore en vie, et qu’elle n’est pas parvenue à en faire le deuil.

Ellen a une représentation déformée du lien amoureux. Elle considère Richard comme le seul homme qui est capable de combler toutes ses attentes, ses désirs, et ses besoins affectifs exigeants. Elle ne tolère pas la solitude, qui pourrait la renvoyer à son incapacité d’être seule et donc à sa fragilité narcissique. Elle reproduit un mode de relation infantile à l’autre, de type fusionnel, en recherchant avidement de l’amour inconditionnel et de la protection auprès de son mari. Elle se projette tellement dans la figure de son époux qu’elle en vient à vivre par procuration à travers tout ce que ce dernier peut lui apporter.

Ellen adopte très vite des comportements affectueux et charmeurs pour susciter l'amour de Richard. Son but est d'être aimée par lui autant qu'elle l'a été par son père. Elle déploie tous les stratagèmes possibles afin de s'assurer l'amour de Richard, l'érigeant à un idéal. Or, le sentiment de sécurité laisse vite la place à la déception, à la crainte d'être abandonnée, et aux conduites manipulatrices pour panser ses blessures narcissiques. C'est une sorte « d'amour idolâtre » dans lequel la jeune femme idéalise de manière démesurée d'objet de son affection, ce qui met en relief son absence de consistance et stabilité identitaires. Cet amour est marqué par un début intense et soudain, mais dissimule le désespoir habitant la jeune femme.

Ellen rompt très rapidement ses fiançailles avec Russel Quinton, son précédent amant, afin de se dévouer corps et âme au nouvel homme de sa vie. Elle n'était probablement pas amoureuse de Russel, qu'elle oublie bien vite, peut-être parce qu'il ne ressemblait pas suffisamment à son père ou qu’il comblait seulement un vide affectif de manière passagère.

La rapidité de cet attachement laisse présager qu'Ellen va développer une dépendance affective vis-à-vis de son mari, qu'elle souhaite n’avoir rien que pour elle. A cette dépendance affective s’ajoute une relation d’emprise, puisque la jeune femme ne prend pas en considération les désirs d’autrui, et qu’elle peut se positionner aussi bien en victime qu’en persécutrice en fonction de ses intentions. Ellen manifeste d’ailleurs une intolérance à la frustration et une instabilité émotionnelle. Lorsque sa mère et sa belle-sœur débarquent sans prévenir chez elle, elle vit leur présence comme une intrusion dans sa vie de couple. Elle se comporte comme une enfant qui fait un caprice, méprisante et agressive envers ses invités.

Elle tolère de moins en moins le manque d'intimité dans son couple, les murs étant très fins dans une maison peuplée en permanence par le frère de Richard et son vieil ami qui fait office de « bonne à tout faire ». Pourtant, Richard s'adapte afin que sa femme soit plus tranquille, plus satisfaite. Il suggère à son frère et son ami de déménager dans la cabine en face de la maison. Ellen désire accaparer tout le temps dont dispose son mari, même celui qu'il dédit à l'écriture de son roman, c’est-à-dire à son métier et à ses centres d'intérêts.

Comme le disait Freud : « dans l’aveuglement de l’amour, on devient criminel sans remords. » Cette citation s’applique littéralement à Ellen, qui ne semble éprouver aucune culpabilité, aucun regret, à satisfaire son désir de posséder l’objet aimé. Sa passion pour Richard la pousse en effet à tuer, indirectement puis directement, les individus qu’elle considère comme des obstacles à son épanouissement conjugal.

Ellen révèle au fil du film des tendances psychopathiques par son absence d’empathie pour autrui. Elle encourage insidieusement son beau-frère à nager, pour ensuite le laisser se noyer en demeurant indifférente à ses appels au secours. Elle sacrifie son futur bébé, encore en gestation dans son ventre, en tombant volontairement dans les escaliers, ce qui provoque une fausse couche. Ce bébé, rappellons-le, qu'elle ne désirait pas si ce n'est pour ressusciter l'amour de Richard, qui s'éloigne de plus en plus d'elle en remarquant la nature envahissante de l’amour de son épouse. La jeune femme développe une jalousie obsessionnelle vis-à-vis de sa belle-sœur, Ruth, qu’elle accuse de convoiter son mari, de passer trop de temps avec lui, d'être trop charmante en sa présence. Ses doutes, injustifiés au départ, deviennent bien-fondés, puisque Ruth et Richard se rapprochent à mesure que le mari redoute de découvrir la vérité sur sa femme.

Ellen a toujours voulu que Richard soit à elle, qu'il lui appartienne comme si c'était un simple objet et non pas une personne singulière et individualisée. Elle lui a répété tout au long du film qu'elle ne le laisserait jamais s'en aller. Elle décide alors de se suicider, tout en ayant au préalable pris le soin de créer des preuves afin de faire inculper Ruth, qui serait alors accusée de meurtre. Elle manipule son amant délaissé, Russel, toujours amoureux d’elle et qui est devenu un avocat éminent entre-temps. Elle lui écrit une lettre dénonçant Ruth. Russel prend plaisir à accuser Ruth puis Richard d'avoir causé la mort d’Ellen. Il n’aura pas le discernement de comprendre qu’il a été utilisé par elle pour servir ses propres desseins.

Le film se termine sur une note heureuse, en dépit des nombreuses tragédies. Motivé par un sentiment de sacrifice de soi, Richard passe deux ans en prison à la place de Ruth. Les deux personnages se retrouvent plus tard pour vivre un amour partagé, respectueux et réciproque.

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