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Le syndrome de l’imposteur

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24-03-2025

Souvent, j’ai la sensation d’accomplir un « contrat », à la nuance que je réponds à la demande de l’un d’entre vous – et non d’un truand – en proposant ce thème de réflexion au groupe orchestre.

Comme dit l’autre, le thème me / nous parle !

Sans vouloir nous mêler de la tragi-comédie dont nous sommes les invités contraints, la ménagerie politico-médiatique actuelle regorge d’imposteurs de tout acabit : des pervers narcissiques, cyniques et manipulateurs, aux bons apôtres confits en modération et gestes symboliques, sans oublier les experts en contre-vérités, provocations électoralistes, et pas davantage les commentateurs compassés, les journalistes à œillères – censure et carrière obligent – sans oublier les amuseurs publics qui savent si plaisamment stimuler les appâts du gain de personnes ravies de passer à la TV

Dans Ce que nous apprennent les addictions, (p33) je fais allusion à la mise en évidence courageuse par Roland Gori de l’imposture universitaire qui consiste à produire de la cooptation et une censure indirecte par le biais de publications convenues, conformes aux lignes éditoriales des revues scientifiques.

D’autres peuvent faire état des petits arrangements entre amis pour obtenir des promotions ou des places imméritées. Les appartenances idéologiques sont encore souvent les conditions d’une « carrière honorable », tout comme le fait d’appartenir à une famille socialement établie. La Classe sociale du dessus sait faire sentir aux ambitieux de la classe du dessous qu’ils sont des imposteurs. Les illusions perdues, tirées d’un roman de Balzac, illustrent à la perfection la trajectoire d’un arriviste qui se discrédite en reniant ses amis, à défaut des convictions dont il était dépourvu.

Les imposteurs se retrouvent, certes, dans les administrations et …partout ailleurs. Nous pouvons rire des ronds-de-cuir dépeints par Georges Courteline ; notamment de l’employé qui marie ou enterre plusieurs fois des membres de sa famille pour justifier ses absences. Nous pouvons essayer de rire des pratiques de la Sécurité sociale qui n’hésite pas à renvoyer au patient un arrêt de travail pour un chiffre mal dessiné, ou de l’attitude des employés de pharmacie terrorisés à l’idée de faire l’avance d’une boite de médicament à quelqu’un de connu.

 Je me souviens d’un patient qui souffrait d’avoir été embauché pour assurer des dépannages mécaniques de machines à laver alors qu’il était informaticien de formation. Le sentiment d’imposture peut naître du sentiment de ne pas être à la hauteur des tâches, de ne pas disposer des compétences nécessaires.

Le syndrome de l’imposteur se retrouve dans le cadre plus intime des difficultés à s’assumer tel que l’on est. Jadis, plusieurs vedettes de cinéma ont fait une carrière de séducteurs et reçu d’innombrables déclarations d’amour d’admiratrices hétérosexuelles, alors qu’elles étaient homosexuelles. De nombreux patients souffrent ou ont souffert d’avoir choisi de dissimuler leurs préférences sexuelles pour ne pas subir l’opprobre publique ou familiale, voire leurs propres préjugés. D’autres se sentent parfois « illégitimes » parce qu’ils n’ont pas le physique de l’identité souhaitée. J’ai connu un patient qui bourrait ses chaussures de journaux pour paraître plus grand. Du coup, il marchait bizarrement.

Plus banale encore est la situation de ceux qui choisissent de cacher une différence sociale : ils ne vivent pas en couple, ils n’ont pas d’enfant, ils n’ont pas de voiture à quatre roues ou de trottinette à moteur, de maison à la campagne, de résidence en bord de mer ou de chalet en montagne, ou ne partent pas en vacances dans les pays lointains célébrés par le tourisme de masse », parce que seuls ou trop pauvres.

L’énumération serait incomplète si l’on négligeait ceux que la honte, la culpabilité ou la crainte des sanctions incitent à cacher leur addiction. La personne qui boit se cache derrière celle qui ne boit pas, jusqu’à ce que l’alcool finisse par devenir un problème connu. Il en est de même de la plupart des autres addictions.

Je m’aperçois que je n’ai pas donné de définition du syndrome de l’imposteur. Il s’agit – je crois – du sentiment subjectif de ne pas être à sa place, de l’usurper, d’être « illégitime », de jouer un personnage pour masquer les réalités. Le mot-clé est la subjectivité. J’ai l’impression que nous sommes gouvernés et dirigés par des individus et des groupes sociaux qui souffrent de la pathologie inverse : ils croient être légitimes et à leur place, alors que se sont des escrocs intellectuels et des pantins. L’aveuglement et le déni constituent, chez eux, des défenses très efficaces.

Bref, avez-vous subi le syndrome de l’imposteur ? ou …Pensez vous en avoir été ou en être un ?

La difficulté de faire la part des choses

17-03-2025

 

Les difficultés de faire la part des choses entre les réalités, ce qu’il en est dit et ce qu’il en est compris sont en progression continue et ne peuvent manquer d’inquiéter chacun d’entre nous. Pour preuve, l’accroissement des basculements dans des délires interprétatifs dans le cadre de la pratique professionnelle d’un psychiatre addictologue. Ces perturbations mentales peuvent conduire certaines personnes à des passages à l’acte, et, consécutivement, à des séjours en psychiatrie ou en prison. Les troubles interprétatifs peuvent être plus discrets, tout en étant durables, au point de constituer un état de méfiance plus ou moins orientée, systématisée et entretenue, justifiant l’expression – en vogue – de complotiste. La frontière entre la distorsion cognitive et l’usage maitrisé de l’esprit critique peut devenir très mince, aboutissant à être en difficulté pour faire la part des choses. « En quoi cette personne que je connais, dont j’apprécie, de longue date, la justesse d’observation, reste-t-elle dans un rapport correct à la réalité ? » « Quelle confiance dois-je accorder à tel document trouvé sur Internet, censé révéler une situation méconnue ou des connaissances ignorées ? » Comment faire la part des choses entre les faits établis et la justesse des interprétations ? À qui faire confiance ? Comment échapper à sa propre ignorance, à sa propre subjectivité ? …à la subjectivité de son groupe d’appartenance ?

Les substances psychoactives du narcotrafic jouent un rôle privilégié dans ces décollages du réel mais nous savons bien que l’alcool peut générer un état de psychose, habituellement mais non obligatoirement réversible à l’arrêt. Tant que l’alcool reste tant soit peu présent, subsistent des troubles interprétatifs qui peuvent entraver efficacement toute remise en cause des opinions de la personne concernée.

Cela étant, les troubles interprétatifs, les dissonances cognitives et, plus banalement, les partis-pris et les préjugés d’appartenance n’ont nul besoin d’adjuvant chimique pour s’épanouir.

La période du covid a été une démonstration d’école. Il nous manque des travaux de recherche scientifique sur les diverses raisons et les procédés mis en jeu pour conditionner et soumettre la population.

Cette opération de manipulation de masse et de contrôle social se prolonge aujourd’hui par plusieurs actions similaires à l’échelle planétaire et nationale. Les médias traditionnels et, désormais, les médias numériques orchestrent une confusion continue et intensive entre le vrai, le possible, l’improbable et le faux. Le risque de la généralisation et de l’amalgame fait pendant au développement d’un scepticisme et d’un repli social croissant, d’un désintérêt pour le Politique – ce qui est aussi un effet attendu de la fabrique de l’Opinion. L’imposture et l’insignifiance occupent le devant de la scène. Les problèmes de fond sont traités sur le mode évènementiel et le principe d’actualité, à défaut de susciter des analyses et des réponses conformes à l’intérêt général.

Bref, comment suffisamment faire la part du vrai et du faux pour rester aux commandes de sa vie, pour la rendre aussi douce et utile que possible ?

Le syndrome Eichmann

10-03-2025

Le syndrome Eichmann est une expression de votre serviteur. Il est peu vraisemblable qu’il ait le même avenir que le syndrome de Stockholm, mais il n’est pas interdit de rêver. C’est à Hannah Arendt que revient le mérite d’avoir fait d’Adolf Eichmann une illustration de la banalité du mal, à la grande indignation des juifs de Palestine décidés à faire de ce sinistre personnage l’emblème d’une monstruosité hors du commun. Si Eichmann était objectivement un tueur en série, dans le cadre du génocide juif, il était, d’un point de vue psychologique proche de nombre d’entre nous. Telle est la thèse d’Arendt.

Si nous acceptons de mettre à part l’historicité de cet officier SS, quelles caractéristiques correspondent à son comportement ?

Notons pour commencer qu’il avait charge de famille, avec femme et enfants. À la différence d’Heydrich, il n’avait pas de mœurs dissolues ni de perversion identifiée.

Il portait l’uniforme militaire de son pays, plus exactement de la force militaire et politique qui garantissait la domination d’Hitler et de ses amis sur la nation allemande. Comme des centaines de milliers d’autres, il était membre d’un parti.

Il était soucieux de promotion personnelle, attentif à mériter les compliments de ses supérieurs hiérarchiques. L’essentiel pour lui, était d’être bien noté et de ne pas faire de vague.

On peut l’imaginer sans peine appliqué à bien faire son travail : remplir les wagons et les faire partir à l’heure, dans la bonne direction.

C’était également un militant qui se voulait contributif. Il ne rechignait pas à proposer des solutions pour débarrasser l’Allemagne de ses juifs. Ainsi avait-il pensé, comme d’autres responsables, les déplacer par bateaux vers Madagascar. C’était loin du territoire allemand mais cet avantage avait un inconvénient c’était coûteux, lent et artisanal.

Il partageait avec les autres responsables du parti la même approche « technique » de la Solution finale. Il était sans haine particulière vis-à-vis de ceux sur lesquels il exerçait son pouvoir. Sans haine mais également sans empathie, en technicien.

Il partageait la morale inculquée et ambiante : l’ordre, la propreté, le contrôle de la violence, l’absence d’enrichissement personnel, le respect de la hiérarchie et l’obéissance aux consignes. Il pouvait enrober le tout de la satisfaction du devoir accompli au service du pays.

Il ne jugeait pas indispensable de penser par lui-même. D’autres s’en chargeaient, à leur place. Chacun était à sa place.

À la question comment a-t-il été possible d’accomplir ces atrocités ? Par l’évitement d’une vue d’ensemble, l’égoïsme, le déni, la chosification ou mieux – pour reprendre un mot actuel – la dématérialisation de l’autre, réduit à un numéro dans un lot. Avec un soupçon de cynisme : Arbeit macht frei (Le travail rend libre).

Le syndrome Eichmann ne serait pas possible si l’environnement ne participait pas à la même approche abstraite de l’autre, à la même indifférence radicale, à des aveuglements analogues. La loi du silence favorise la généralisation et la pérennité du syndrome, aussi sûrement qu’une pandémie.

Il est malheureusement facile de relever des cas de syndrome Eichmann, du côté des administrations et des institutions.

Le cas Eichmann est l’illustration individuelle d’un phénomène collectif. Il est le produit naturel d’une technostructure aux pouvoirs désormais, sans limites, par l’effet de la numérisation prescriptive conditionnant la vie relationnelle, dans tous ses aspects.

Notre alcoologie vit à l’opposé de cette logique. C’est ce qui en assure sa valeur d’usage mais également sa fragilité.

Avez-vous rencontré des cas de syndrome Eichmann dans le cours de votre vie et comme personne ayant des problèmes d’addiction ?

Quelles solutions avez-vous trouvées pour ne pas en subir les conséquences, pour les contenir et, même, pour vous en libérer ?

Dit autrement, comment échapper aux tentacules de l’Administration ?

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