AREA 31 AREA 31 AREA 31
  • Accueil
    • Les éditoriaux
  • Association
    • Qu’est-ce que l’AREA ?
    • De l'AREA au C3A
    • Pourquoi adhérer ?
  • Méthode de soin
    • L'offre de soin et le sevrage
    • L'aide aux familles
    • Les psychothérapies individuelles
    • L’hospitalisation brève
  • Réunions et ateliers
    • Thèmes du lundi
    • Thèmes des familiers
    • Les groupes de parole
    • L'atelier cinéma
    • L'atelier de relations interpersonnelles
    • Recherche en alcoologie
    • Conférences
    • Projet de séances de réflexions et psychoéducation
    • Thèmes du Vendredi
  • Librairie et cinéma
    • La librairie
    • Les vidéos
    • Les fiches cinéma
    • Les fiches livres
  • Contact
    • Formulaire de contact
    • Plan d'accès AREA et C3A
  • Partenaires

Racines et déracinement

04-09-2023

N’importe quelle thématique offre des correspondances avec le champ des addictions. La question des racines et du déracinement en fournissent une illustration de plus.

Du point de vue alcoologique, l’approche par le prisme des racines a une importance qui a été niée par l’absorption de l’alcoologie dans le cadre de l’addictologie. L’approche neurocomportementale fait l’impasse sur les significations culturelles, identitaires et économiques de la vigne et du vin.

Nous défendons l’idée que le vin ou la bière ou des alcools forts peuvent non obligatoirement susciter ou remplacer des dépendances. Il n’en est pas de même pour les drogues hallucinogènes ou psychostimulantes qui ont pour propriétés recherchées de fidéliser le client en épongeant ses ressources, tout en aggravant ses difficultés psychosociales. Leur commerce se développe dans un cadre transgressif dépourvu de toute signification identitaire, sinon d’arrière-pensées politiques. Le cannabis, de ce point de vue a une place à part, dans la mesure ou il reflète une culture, même s’il fait l’objet d’une répression dans le pays producteur. À bien y regarder, le caractère extensif et contraignant de la dépendance numérique génère des problèmes relationnels et sociétaux qui ajoutent leurs spécificités au handicap des addictions encouragées par les Pouvoirs publics. Tout ceci pour dire que l’alcoologie a des racines culturelles qui justifient une considération particulière pour les personnes devenues dépendantes de l’alcool. Nous pouvons rapprocher la problématique alcoolique des troubles du comportement alimentaire, avec leur statut de solution devenant problème, en révélant des souffrances et des difficultés justifiant une aide appropriée.

Qu’en est-il des racines et du déracinement ? Un auteur comme Amin Maalouf, originaire du Liban et membre de l’Académie Française, a eu la patience et les moyens d’effectuer une recherche généalogique qui lui a permis de découvrir ses ancêtres jusqu’aux premiers temps du christianisme, avant même l’édification de l’Eglise romaine. Pour le commun des mortels, il suffit de savoir que nos ancêtres étaient africains : ils avaient les yeux bleus et une peau de couleur noire. C’est du moins ce qui a été établi par les anthropologues.

Tristan Bernard, qui ignorait tout du séquençage de l’ADN, estimait à propos d’un jeune homme qu’il était le fils de son père ou du moins d’un monsieur disposant de gros sourcils.

Les déracinements sont devenus la norme au fil des vagues migratoires et de la mondialisation heureuse. Quelle importance, au fait, d’être le produit d’un consanguinité ou d’un mélange plus ou moins caractérisé ? Le racisme cultive le mythe des pures origines comme si l’identité se limitait au caractéristique les plus visibles, fussent-elles vestimentaires.

J’avais lu, peu après l’indépendance de l’Algérie, le livre de Marie Cardinal, Au pays de mes racines. À la différence de mon père qui avait construit sa vie sur cette terre, où sa famille s’était fixée pour vivre mieux, je m’étais construit familialement et, tout autant sinon plus, grâce à l’école. Traverser la Méditerranée a été ma manière de rejoindre le pays de mes racines culturelles. En dépit de mes origines généalogiques et géographiques, je ne me sentais ni espagnol ni algérien. La culture française ayant une dimension d’universalité. Les frontières n’avaient qu’un intérêt relatif. Fondamentalement, toute culture était respectable, comme le choix de supporter une équipe. Ce qui l’est moins, à mes yeux a été la bouillie cultuelle déversée par la culture libérale-libertarienne venu de l’Ouest. Mes racines sont Toulousaines par lien affectif. J’aurais pu aussi bien devenir breton, alsacien ou basque en m’enrichissant respectueusement de tout ce qu’aurait pu m’apporter la culture de ces régions, en faisant le tri entre qui pouvait me densifier et ce qui pouvait faire de moi un ectoplasme. J’ai souffert pour mon père, et uniquement pour lui, du déracinement et des discours bien-pensants.

C’est aujourd’hui que je vis un déracinement par l’acculturation néolibérale, la marchandisation de l’environnement, l’anomie des mégapoles, la multiplication des produits addictifs, la dépersonnalisation numérique, la revendication d’identités communautaristes, cette attaque en règle de l’indépendance intellectuelle et du lien social.

Chacun s’exprimera comme il l’entend sur ses racines et ses déracinements, sur ses rapports avec la vigne et le vin.

Le proche le plus proche

28-08-2023

L’épouse d’un nouveau patient demande s’il lui est possible d’être présente au sein du groupe de parole. Sur le mode découverte et unique, pourquoi pas ? Comment aborder la question du « proche le plus proche » ?

À la période de l’alcool, le plus proche est l’autre soi-même, alcoolisé. La personne du soir n’est pas la même de celle du matin. Le « plus proche » est alors un colonisateur et ce n’est pas pour rien qu’il est question de psychose alcoolique. Quand l’alcool s’éloigne, le proche le plus proche peut devenir un soi-même en devenir, en opposition avec la part de soi embrigadée dans les façons de penser communes, les stéréotypes ambiants, les contraintes et les routines, un soi idéologiquement fabriqué.

Le proche le plus proche peut avoir un lien de parentalité variable ou pas de lien familial du tout. Le proche, par définition, sait écouter, comprendre sans juger, orienter parfois. Il n’agit pas à la place du sujet. Il a sa vie et ses options. Un soignant, un conjoint, un parent, un ami peut occuper cette position un temps variable. Il peut changer au cours d’une vie : la mère, le père, un grand-parent, un frère, une sœur, un enseignant, comme Monsieur Germain l’instituteur d’Albert Camus, plus tard un conjoint… La relation au proche le plus proche peut avoir un caractère problématique, pathologique, toxique. A l’inverse, elle peut être vitale, « essentielle ». De nos jours, il n’est pas rare que le plus le plus proche soit des relations virtuelles.

La « proximité heureuse » ne s’obtient pas par le statut mais par le dialogue, les affinités, la réciprocité, les complémentarités, les épreuves affrontées et surmontées ensemble. Elle tolère les différences et permet de surmonter les désaccords. Une proche m’a récemment dit : « Je relis ce livre de Jane Austen par plaisir, je relis ton livre pour le comprendre. »

L’arrêt de la consommation change l’équilibre des relations. L’accompagnement aide à éviter le retour aux normes relationnelles antérieures. Nous avons à devenir notre meilleur ami, en nous reliant aux autres de façon sélective.

La notion pose également la question de la « famille invisible » et de la spiritualité. Bref, le concept est tout, sauf simple.

De quels proches fiables disposez-vous ?

Famille, je vous aime, famille je vous hais

21-08-2023

La famille suscite des opinions contrastées. Elle est portée aux nues par les uns (« la Sainte famille »), vouée aux gémonies par d’autres (André Gide). On distingue la famille d’origine, la famille constituée, avec la variable des familles recomposées. Se rajoutent les familles d’appartenance, avec les cousinades. Nous ajoutons, pour notre part, la famille invisible (dernier paragraphe du chapitre 5 de Ce que nous apprennent les addictions).

À l’exception de cette dernière, l’entretien d’histoire permet de caractériser à grands traits les configurations familiales. Les psychothérapies individuelles permettent de clarifier les relations individuelles, avec leurs impacts et leurs vécus. Si besoin, le génogramme permet de partir à la recherche de ses ascendants.

Au moment de la démarche de soin et par la suite, il importe d’évaluer l’état des relations familiales présentes. Ces familles peuvent briller par leur absence. Elles ont pu s’éloigner, individuellement ou collectivement. De même, le sujet peut avoir choisi de s’en éloigner pour limiter les effets préjudiciables de tout ou partie des relations familiales.

La problématique alcoolique favorise différentes configurations familiales avec leur lot de souffrances, de secrets et de souvenirs. La question décisive est d’évaluer l’évolution réciproque du sujet et de ses proches à la période du sans alcool, des retours de l’alcool et du hors alcool. Dans ces périodes de durée indéterminée, les groupes de paroles et l’association qui en assure la pérennité peuvent créer des liens de dialogue et d’authenticité qui permettent de mieux vivre les évolutions favorisées par la mise à l’écart de l’alcool.

Reste la question centrale et déterminante de la famille « invisible ». Celle-ci peut comprendre des personnes bienveillantes, soignantes ou non, amicales, par exemple. De façon plus décisive, le sujet peut préserver son équilibre intérieur en ayant incorporé des figures invisibles par le fait de sa culture (livres, cinéma) complétant des activités à caractère physique ou mental.

Le schéma général souhaitable est de s’éloigner des familles mais également des modes de fonctionnement générateurs de souffrance et d’établir un choix lucide entre les relations qui font du bien et soutiennent plutôt que de subir des groupes, fussent-ils familiaux, sources de déboire.

Les situations ou une personne occupe une position sacrificielle : la mère ou le parent d’un enfant gravement handicapé, les Cendrillon utilisables et dévalorisables à souhait incitent à éviter toute généralisation.

Récemment, nous avons pu découvrir trois films japonais qui contribuent à dessiner les configurations familiales de ce pays, juxtaposant modernité et traditions : La famille Asaka, L’été de Kikujiro, La bête élégante. Cela élargit l’horizon, après I wish, centrée sur l’enfance de deux garçons aux parents séparés. Parmi nos livres d’été à venir : « Séparation conflictuelle des parents » : quel mode de garde pour l’enfant ? » de Maurice Berger.

Qu’en est-il pour vous des relations avec vos familles ?

Plus d'articles...

  1. Comprendre et dépasser les dépressions
  2. La parole qui détruit
  3. Le sens du collectif
  4. La dépendance affective
  5. La susceptibilité
Page 2 sur 56
  • Début
  • Précédent
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
  • 6
  • 7
  • 8
  • 9
  • 10
  • Suivant
  • Fin

Copyright © 2023 area31.fr - Tous droits réservés - Mentions légales
AREA 31 - Association de Recherche et d'Entraide en Alcoologie, en addictologie et en psychopathologie