17-11-2025
La croisée est un thème de circonstance pour une HBA. Cette hospitalisation brève est une chance pour qui sait la saisir.
La proposer est une façon de respecter chaque patient. Nous lui offrons beaucoup en peu de temps.
L’HBA est, d’abord, une pause dans le cours des contraintes professionnelles et/ou familiales. Elle constitue une rupture avec la tutelle exercée par l’alcool.
L’aspect sevrage est une condition minimale pour tirer bénéfice de ce séjour. Aussi vaut-il mieux arriver à distance de l’alcool pour être en disposition d’écouter, de s’exprimer, de dialoguer, de réfléchir.
L’HBA ne consiste pas à poser le verre pour le reprendre ensuite. L’HBA est – possiblement – une croisée des chemins. Le chemin de l’alcool tend, tôt ou tard, à devenir une impasse, avec son lot de souffrance, de malheurs, de découragement. Le chemin de l’alcool me fait penser à la petite route goudronnée qui longe le Cirque de Gavarnie sur son flanc ouest. Elle conduit assez rapidement à un col frontière avec l’Espagne, le Port de Boucharo. Le versant sud est un amas vertigineux de roches et de pierres.
L’HBA est un repère, à partir duquel les jours « sans » peuvent se compter. Aux yeux de la famille, peut se dessiner un avant et un après. L’HBA permet amorcer avec son entourage une pédagogie de la sobriété.
L’HBA n’a rien de magique. Elle n’est pas faite pour la « galerie ». Elle est tout sauf une pause pour repartir de plus belle. Elle doit être pensée comme une promesse de liberté et de reprise en mains de sa vie.
La raison d’être est d’ouvrir sur la durée, c’est-à-dire un accompagnement actif. Que voulons-nous par là ? L’accompagnement s’appuie idéalement sur le soignant et le groupe de parole. Chaque fois que l’aide complémentaire d’un psychologue ou d’un psychothérapeute-maison se fait sentir, il ne faut pas hésiter. Cela étant, nous sommes très heureux qu’un nouveau bénéficie d’un bon lien avec un psy et même avec son médecin généraliste quand il n’est pas trop débordé. L’ensemble de nos connaissances n’est cependant pas partagé par les autres psys, même s’ils ont d’autres talents et leur propre culture. Leur formation n’a pas l’éclectisme propre à la démarche de l’AREA.
Cela étant, l’accompagnement est fondamentalement une action personnelle. Les patients qui aiment la réflexion sont un peu avantagés. Nous avons tous, sans exception, un besoin vital de réflexion personnelle, qu’elle se fasse en marchant, en pédalant, dans un siège confortable, en effectuant une activité manuelle qui laisse l’esprit libre. Nous avons à intégrer l’habitude d’exercer notre esprit critique, d’accroître nos connaissances, d’user de la parole vraie, tout en respectant l’autre.
Nous mettrons ainsi toutes les chances de notre côté pour résister à l’adversité. Le monde tel qu’il est nous met à l’épreuve. Nous pouvons hésiter et nous tromper. Lors d’une randonnée en Corse, nous nous étions trouvés à une croisée de chemin. Deux panneaux opposés indiquaient Bastia. Nous avions pris la mauvaise direction et parcouru une boucle qui nous avait ramené à notre point de départ.
Nous devons comprendre que l'addiction est une forme de consommation et que la sobriété est opposée à cette logique.
La pratique de l’accompagnement développe des qualités d’entraide qui ont une dimension spirituelle, fraternelle. Aider, participer, devient un plaisir, une source d’épanouissement et d'équilibre personnel. Le groupe est un lieu où se rencontre de belles personnes, où le bon sens fait bon ménage avec l’intelligence, le paradoxe et, assez souvent, l’humour, et plus souvent encore, la bonne humeur.
Ce n’est pas rien d’être membre de l’AREA. C’est notre façon à nous de servir l’intérêt général, de refuser le malheur du monde.
Chaque pourra évoquer les croisées de chemins, comment il est parvenu à trouver la bonne route et à y rester.